26 déc. 2007

297.Arizona Dream


Le rêve arizonien est un film mythologique, philosophique et méditatif. Les émotions et les sensations n’arrêtent pas de se déverser ; la réalité et le rêve se mélangent de façon subtile dans cette comédie, mais on ressent une grande mélancolie en le regardant. La seule chose qui manque dans cette pièce est un héros. C’est Johnny Depp qui est censé l’incarner, mais on peut pas le désigner en tant qu’héros. Il y dévoile une âme sensitive et ne trouve pas sa place dans la société, il veut même pas faire l’effort de s’y intégrer. Il veut pas prendre part aux affaires lucratives de sa famille, comme celles de son tonton – M’sieur Smiley « Sweety » incarné par Jerry Lewis – qui vent des bagnoles de luxe. Au lieu de ça, il tombe amouraché d’une foldingue qu’a le double de son age et qui envisage de se tirer en Papouasie et de construire une machine volante. En même temps, il aime – mais ne le sait pas avant la fin du film – sa demi-sœur qu’est pas vraiment un canon d’après les canons de beauté de la StarAc'. Pourtant elle est belle si on la regarde à l’intérieur, elle joue aussi bien de l’accordéon que le mec des négresses vertes et rêve de suicide afin de se réincarner en tortue, un animal tout plein de timidité d’après les papous de Papouasie. Il vit avec les deux et un Husky dont il a rêvé au début du film. Ce rêve lui est arrivé via un ballon de baudruche du pôle nord, une tripe de turbot gonflée et déportée à NY par les brises nordiques – en fait, le poisson ressemble plus à un flétan – je peux l’attester en tant qu’ancien capitaine de pêche qu’en a pêché tout plein aussi bien du côté de Terre Neuve que du côté des Shetlands – Il se met à construire d’étranges machines avec sa vieille amante et se bat avec sa fillotte. Son meilleur pote est assez déjanté lui aussi – tellement affecté par le cinoche qu’il tombe en transe en tant que participant d’un film ou d’un autre. Ces mecs sont tordants, parfois dangereux, ils rêvent leurs vies plus qu’ils ne la vivent. Ils croient en des trucs insensés, ils veulent se barrer en Alaska et y vivre pour l’éternité, amoureux les uns des autres en cercles interminables. Même l’oncle de Joe – Johnny Depp - , le vendeur de caisses de luxe, n’est pas dans ses baskets d’un point de vue occidental. Il parait con – normal à tous points de vue – au début du film, mais en profondeur, il est autant rêveur et gamin que les autres protagonistes. Il est sur le point de se marier avec une jeune et belle nénette – normale elle aussi, sauf que des fois elle se met à pleurer et on sait pas pourquoi - . Il vent des Cadillacs et son rêve, c’est de les entasser sur la Lune. Il se parfume à la Cologne de bas de gamme et fait pousser des cactus. A la fin, il casse sa pipe et l’ambulance l’envoie direct sur notre satellite. Ce film est remarquable, plein d’effets « spéciaux ». Romantique et naïf, et désespérément solitaire parmi les merdes sorties des States.
La zique est superbe, Iggy Popienne et Mexicaine - Yo Senor, yo no me casaré, hey msieur, je me marierai pas...) et un Besa me mucho qui s'éternise mais qu'on aimerait jamais voir se terminer...
C’est vraiment étonnant, la manière dont Kusturica le bosniaque a réussi à pondre un film sur l’Amérique où des ricains se conduisent exactement comme des russes issus des steppes. Grosse contradiction du rêve slave et du rêve amerloque.
A ne manquer sous aucun prétexte. Il passe en ce moment sur Canal Sat et TPS, canal 105, jusqu'à début Janvier.