23 août 2006

191. L'age des Ploutocrates


Je vous ai bien eu. Ouais je vous ai bien eu car j'ai en fait utilisé ce titre racoleur pour vous parler des bureaucrates.
La recherche du pouvoir a toujours fait partie de l’humanité. Nietzsche disait que l’amour du pouvoir faisait partie de la nature fondamentale de l’homme. Les hédonistes diraient que le pouvoir est un outil permettant de s’approprier le plaisir. Qu’ils se manifestent sous forme de fric, de muscle ou de notoriété, le pouvoir et le contrôle sont omniprésents et mènent clairement les voies de l’homme.

Le pouvoir de l’homme venait auparavant de l’utilisation de la force brute. Il y a 100 000 ans, le plus fort s’accaparait la nourriture, les femmes et le respect de la tribu. Les choses n’ont pas tellement changé depuis.
Il y a 1000 ans en Scandinavie, les Vikings croyaient que les plus grands guerriers vivraient pour l’éternité dans les couloirs du Valhalla afin de préparer l’épique bataille de Ragnarock. Les Romains payaient pour regarder les gladiateurs se battre à mort dans des duels fantastiques.
Il y a moins de 800 ans, le courage au combat sans peur de la mort était perçu comme le plus grand des honneurs. Les chevaliers d’Europe, guerroyant les Huns d’Asie centrale et les Samouraïs japonais avaient la même doctrine en ce qui concernait le combat. Et aujourd’hui, que ce soit pour Dieu ou la Patrie, les hommes se battent toujours au sein d’armées ou au sein de groupes de libération ou de terroristes.
Il y a pourtant un changement notoire dans les trophées du combat. Avec le temps, les récompenses sont passées des biens matériels (nourriture, terres, femmes et autres) à des récompenses abstraites (code, honneur national, faveur des Dieux). Est-ce parce que le combat est passé à un stade supérieur ? Vraisemblablement pas.
En fait, les récompenses abstraites existaient déjà bien avant les méfaits du pillage. Non, le seul changement dans la nature du combat réside dans le fait que les éléments tangibles du combat ont été accaparés par un nouveau groupe – les bureaucrates.

Le mot Bureaucrate vient du grec ancien et signifie pouvoir du bureau. J’utilise le terme élastiquement pour décrire toute activité où l’on peut accumuler du pouvoir au travers d’un système. Créer de la richesse par la spéculation ? Par des consultations ? Par analyses ? Ceci n’est possible que dans un monde doté de systèmes bureaucratiques complexes.
Mais c’est comme cela qu’on accède au pouvoir aujourd’hui.
Et ce n’est pas un concept nouveau. De nombreux auteurs se sont penchés sur le transfert de la Bushido (La voie et la motivation du guerrier) vers la classe mercantile. Il faut aujourd’hui connaître les méandres légaux de la société et les caractéristiques du marché pour gagner argent et pouvoir.
Même de grands combattants, comme par exemple Jean Claude Van Damme ou Mike Tyson, n’atteindront jamais le succès par leurs exploits seulement. Non, ils auront toujours besoin d’agents et de conseillers fiscaux.

Maintenant aujourd’hui, dans notre monde industrialisé civilisé, nos grands héros sont des bureaucrates. Les politiciens sont au pinacle. On s’arrache les magasines pipole. La voie du guerrier conduit à la paupérisation et celle du bureaucrate à la richesse.

Il reste à l’industrie du cinéma et aux doctrines religieuses à se mettre à la page. Les batailles épiques y sont encore livrées à coup de poings et d’épées. En présumant que les religions aient raison - grande supposition - , il serait plus que probable que les grandes armées de Satan et de Jésus soient constituées d’avocats et de comptables. Les guerriers du Valhalla auraient l’air de trouducs dans cette glorieuse baston.

Et regardez moi embourbé dans ce système. Je me sens comme si j’étais armé d’un trident et d’un bout de chalut face à une armée de Mister Smith comme dans Matrix. Dommage que les résultats ne soient pas à la hauteur du film.