19 févr. 2021

472. MIB 5: La préquelle


... ouais, ben y avait ce film qui fit trembler d'effroi de nombreux palpitants vlà quelques années déjà. Peu importe ce que vous avez pu ou non en  penser. Vous devez le connaître. Sûrement. Des espèces de bestioles gélatineuses extra-terrestres qui s'accrochaient telles des sangsues entre vos omoplates et dont on ne pouvait se débarrasser, vous démarquant par une sale bosse tel un quasimodo de tout le reste de la chrétienté. J'aurais jamais cru en voir une vraie un jour. Ben j'avais tort. C'est cet enfoiré de Pierrot le Saligaud qui a déniché la première. 

Houla, un peu de patience. Je vais vous raconter.

Nous sommes des travailleurs SDF itinérants, vous pigez ? D'abord, vous devez comprendre que les travailleurs SDF itinérants sont pas exactement le type de personnes auxquelles vous pensez. 
Oh, je sais bien que la plupart des gens sont assez éduqués pour comprendre qu'un travailleur SDF itinérant travaille ici puis se déplace plus loin au fil des saisons pour trouver du  taf là où y en a, tandis qu'un vagabond traîne à rien faire de ses dix doigts sinon de se les croiser puis se déplace un peu pour se les croiser ailleurs, et qu'un clodo fait à peu prés la même chose mais reste sur place, mais vous trouverez toujours des gens assez ignorants pour nous traiter tout de même de clopinards.
Nous sommes des aristocrates. Oui, m'sieurs-dames. Si ça ne tenait pas qu'à nous, vous ne pourriez pas vous payer les petits luxes dont vous raffolez tant, les compotes à boire qui vous sustentent pendant vos exercices en salles de sport ou les bons millésimes qui égaient vos repas du dimanche. 
Oh, pas besoin de me croire sur parole - demandez aux experts du Forum Égocentrique Mondial, vous savez de qui je parle, là, ceux-là même qui se goinfrent une fois par an sur notre dos à Davos. Ils sont au courant: Sans les travailleurs SDF itinérants, la plupart des récoltes ne seraient jamais récoltées. 
Et si j'ai l'air d'utiliser un langage quelque peu prétentieux, ne m'en veuillez pas. Le fait d'avoir fait un bon bout de route avec Jacky le Savant améliorerait le langage de n'importe lequel de ses compagnons les plus ignares. Même malgré eux.
On est plus que tous les deux, mais nous étions quatre, voyez-vous ? On a fait la route ensemble depuis je me rappelle même plus quand, l'Europe, le Canada. Y avait donc le Savant, et aussi Pierrot le Saligaud, Sac de Jute et puis Johnny. 
Johnny, c'est moi. Rapport à ce que je connais et sais fredonner presque toutes les chansons de son répertoire. "Allumer le feu", "Quoi ma gueule ? Qu'est-ce qu'elle a ma gueule ?" et beaucoup d'autres... Mais j'admets bien volontiers que vous puissiez ne pas le connaître dans le coin, même si ce mec a réussi à enregistrer à Nashville et à fourguer des tonnes de posters de  sa gueule en Harley sur votre Route 66.
Sinon, c'est marrant, les surnoms. Prenez Jacky, Jacky le Savant - il fut un vrai savant autrefois, professeur dans une université prestigieuse, renommée et tout, jusqu'à ce qu'il se mette à fricoter avec les bouteilles. Ouais, ben il a perdu son job, sa maison, sa famille, et sa réputation.
Un matin, il se réveille dans un fossé en bordure de périphérique à Paris, sans le moindre kopeck dans les fouilles et l'arrière grand-mère de toutes les gueules de bois entre les oreilles.
Alors il a pris une décision. Soit il conservait sa dignité humaine, soit il crevait. À ce moment là, la mort lui paraissait la chose la plus facile comme la plus douce à attraper, 
Mais ça prenait plus de tripes qu'il n'en avait pour se jeter dans la Seine avec une pierre ficelée autour du cou. Alors, il prit la route et tendit le pouce.
Une fois sa gueule de bois et sa tremblote réduites à peau de chagrin comme à un lointain souvenir, - et pour sûr qu'il avait tremblé au moins autant que les murs de Jéricho - il décida qu'il retoucherait plus jamais à une bouteille, que ce serait pour lui la meilleure des solutions. Alors il se mit à les ignorer. Il avait de la dignité. Sa dignité. Et il savait causer, alors quand je l'ai rencontré, lui et moi, on a décidé de faire équipe et un bout de route ensemble.
On a commencé par faire les foins en Auvergne. On a fait toutes les étapes en grimpant en altitude, de fermes en fermes, de plaines en puys
Puis on a taillé dans le sud où qu'on a rencontré Sac de Jute et Pierrot le Saligaud.
Sac de Jute tenait son surnom du fait qu'il portait jamais de godasses, qu'y pleuve ou qu'y vente. Il disait que des sacs de jute, enroulés puis bien ficelés autour des pieds et des mollets, protégeaient autant sinon mieux que des chaussettes et des chaussures, donnaient plus de liberté à ses mouvements et étaient plus confortables. Et cerise sur le gâteau, ils ne lui coûtaient pas un fifrelin: Suffisait de se baisser pour les ramasser sur les marchés après le remballage des maraîchers
En fait, vu que nous, on se servait en godasses et en chaussettes gratos à l'armée du salut, ou au secours catholique à 1 franc la paire, on aurait pu dire qu'il exagérait un peu. Mais bon, c'est un des codes de la route et des routards: T'évites de marcher sur les plates bandes de tes compagnons de route, ils piétineront pas les tiennes.

Et devinez pourquoi qu'on affublait Pierrot le Saligaud de ce sobriquet de merde ? Allez pas croire que c'est parce qu'il était vicelard ou un truc dans ces eaux là. Non, non, loin de là, il avait d'ailleurs horreur de la flotte. C'est parce que ce salopiot avait pas pris un bain depuis la fin de la guerre d'Algérie quand il avait été rapatrié du rif et rendu à la vie civile. Et il avait pas de plan pour en prendre un avant la fin du millénaire. 
Mais c'était un sacré bosseur, et personne n'aurait tenté quoi que ce soit de craignos en sa présence: Il faisait presque la taille d'un char Leclerc. Mais il était d'un calme Olympien.
Ah ouais, vous voulez aussi savoir pourquoi que je suis sur la route ? Ben, y se trouve que j'aime bien porter du poil sous le nez. Le problème, c'est que ça se faisait pas à l'époque, sauf si vous étiez une sorte d'artiste ou de magicien, genre Mandrake ou Raspoutine, ce que je suis pas. 
Vous savez, la désapprobation sociale et tout le tsoin-tsoin. J'ai jamais eu le courage de me la raser, alors j'ai pas taillé mes poils mais j'ai taillé la route. Tout le monde se fout de tout sur la route, alors ça me plut bien, et je me laissai pousser la barbe jusqu'au nombril. 
Comme les bikerz ou ZZ Top.

C'est pourtant agréable de porter la barbe. Ça fait des frissons lorsqu'on la caresse, ça fait tout chose de ressentir son soyeux lorsqu'on passe ses doigts entre les poils comme avec les dents d'un râteau dans la fleur de sel à la surface d'un bel œillet dans les marais de Guérande. 
En plus, la peigner, la brosser, en démêler les boules de poils et la lustrer vous tient tellement occupé pendant vos moments d'inactivité que le diable lui-même aurait bien du mal à trouver une ouverture pour vous faire faire autre chose de bien moins digne avec les doigts. 
Si vous me demandiez, j'irais presque jusqu'à dire que les rasoirs ont participé à la décadence de l'humanité. Et je suis prêt à parier que je suis pas le seul à penser ça. 
Montrez-moi donc un pèlerin qu'a pas laissé pousser ses poils une fois de temps en temps, même si c'était rien que pour quelques jours, et vous m'aurez montré un mec qui est plus concerné par la pression sociale que par son propre confort. 
Et montrez-moi z'en un autre qui dit qu'il adore se raser, et vous m'aurez montré soit un mec qui ment pire qu'un dentiste soit un maso qui attend avec anticipation ses rendez-vous chez ce genre de khmer rouge tentant de se faire passer pour une blouse blanche.

Mais assez parlé de nous autres. Maintenant, revenons à nos moutons. De retour sur Paris, on se mit artistes de rue. Saltimbanques si vous préférez. Je grimpais sur les épaules à Pierrot le Saligaud qu'était costaud comme un taureau, au pied de la fontaine des anges perdus de la Place Saint Michel, et je jonglais avec des balles - un couple d'italiens m'avait appris les techniques pendant la cueillette des melons à Cavaillon - pendant que le Savant et Sac de Jute faisaient tourner le chapeau. Ça rapportait bien, vous seriez surpris; ça nous permettait de payer l'auberge de jeunesse et même de mettre des sous dans notre pot commun sur un carnet de caisse d'épargne. On faisait aussi les terrasses du café de Flore et quelques autres. Des jours, on se faisait jusqu'à quatre mille francs ! 
Avec notre pactole, on décida de partir aux Amériques. On se fit faire des passeports, on acheta des sacs à dos et des duvets tous neufs, et quatre billets d'avion pour Montréal. Avec escale à Reikjavik parce que ça coûtait moins cher. Pour ça, on vida notre carnet de la caisse de l'écureuil et on transforma nos pépettes en travellers chèques de la First National City Bank au bureau de poste. 
Arrivés chez les cousins canadiens, l'immigration fut pas trop regardante vu que c'était la saison des touristes. On tailla tout de suite dans l'ouest parce qu'on voulait voir les Rocheuses et le Pacifique. 
On fit la traversée du continent d'est en ouest en sautant sur des trains de marchandises canadiens de la "National" et de la "Pacific" jusqu'à Calgary dans l'Alberta. Puis on continua en stop et en autobus jusqu'à la vallée de l'Okanagan en Colombie Britannique où, à ce qu'on nous avait dit, y cherchaient des cueilleurs de pommes. Des red Delicious. Miam. Super juteuses.
C'est là que se déroula le début de l'histoire, à Penticton, entre les chutes de l'Okanagan et Kelowna. 
Vous savez, si le Savant avait pas été là, y aurait probablement eu mort d'homme au sujet de cette "chose", au minimum on se serait séparés, car aucun des trois autres, moi inclus, n'aurait jamais eu assez de neurones pour démêler la pelote que je suis sur le point de vous dérouler.
Faut que je vous dise, Pierrot le Saligaud est un expert de la profite et de la ramasse. Ses yeux sont perçants, et il est sans cesse à la recherche du moindre objet vendable ou échangeable, même s'il en tirera pas plus qu'une poignée de cacahuètes. 
Une nuit, on est tous assis sous la véranda du bungalow dans lequel le patron - qui nous disait tout le temps de pas poquer ses pommes - nous logeait. Tranquilles devant un feu de bois, entrain de se demander si ensuite on allait partir plus nord du côté de Kelowna ou de Vernon pour cueillir d'autres pommes, ou plutôt plus sud vers Osoyoos et la frontière US pour cueillir encore d'autres pommes. Y a que des pommiers tout le long des deux à trois cents bornes que fait cette vallée. Et ça payait pas trop mal.
Le Saligaud, comme il en avait l'habitude, était parti à la recherche de trucs à dénicher, et à un moment, le voilà qui revient avec cette chose entre les pognes. Il la manipule comme si qu'elle lui brûlait les doigts, mais il semble tout content de l'avoir trouvée parce que, doit-il se dire, elle va bien se vendre ou se troquer. Alors il s'approche de moi et y'm'dit: "Hé, Johnny, combien que tu m'donnes pour ce truc ?"
- Dégages, tu pues !" je lui réponds, "Je te botte le cul si tu te barres pas."
Il a eu l'air franchement surpris que je lui réponde ça. Il me dit "Hein ? Je pensais vraiment que ça aurait pu te servir."
Je me lève. Et je lui dis, -  mais alors tout doucement, hein, et en faisant attention de pas  blesser ce géant à cœur d'artichaut, parce que je me dis que peut-être qu'il voulait juste blaguer - "Écoute, Pierrot - tu devrais le savoir depuis le temps, que je porterai toujours la barbe. Tu me fous la paix, maintenant ?"
Il s'éloigne, comme un chien battu en me jetant un regard en coin, puis il se dirige vers le Savant. Je me dis que ce dernier pourrait avoir un usage pour ce bidule, alors je tends l'oreille. Le savant réagit comme si on venait de lui présenter la gueule ouverte d'une murène devant les naseaux.
"Non merci, Pierrot, vraiment. Je me suis juré de plus jamais retoucher à ce genre de truc. J'espère que tu m'en voudras pas."
Ouais, ben pour une raison ou une autre, le Saligaud a pas l'air content, en fait il a vraiment l'air malheureux, mais bon, il peut pas s'en empêcher, alors il retente sa chance. "Hé, Sac de Jute, tu me donnes quoi pour ce -"
Il a pas le temps de terminer son offre que Sac de Jute lui cloue le bec. Comme un chat, j'écoutais juste d'une oreille discrète, mais je suis tellement surpris par la réponse de Sac de Jute que je ressens comme un truc se nouer dans mes tripes, comme si qu'une main quantique et ardente s'était téléportée dans le fond de mon fion pour me triturer les boyaux: " Et qu'est-ce tu veux que je foute d'une vieille godasse éventrée ? Tu sais bien que j'en porte jamais."
Pierrot le Saligaud regarde la chose entre ses mains, tandis que moi et le Savant, on s'est rapprochés, éberlués.
Le Savant regarde la chose attentivement et dit: "Dis-moi, Pierrot, jette donc encore un œil sur ce truc que tu tiens entre les mains et dis-nous qu'est-ce que tu vois."
- Ben quoi, c'est rien qu'un morceau de savonnette, ça se voit bien, non ? J'en ai aucune utilité, vous savez que je m'en sers jamais. Mais peut-être ben que l'un d'entre vous pourrait l'utiliser. Pourquoi que vous faites ces têtes d'abrutis ?"
- Du savon ?" je lui dis. "Putain, pauvre taré, je crois que t'as besoin de lunettes. Quand tu m'as présenté ce rasoir jetable tout ébréché, j'ai cru que tu te foutais de ma gueule. Maintenant je sais que c'est vrai."
Le Savant s'interpose, l'air excité. "Attend une petite minute, Johnny. À mes yeux, ce truc ressemble étrangement à une flasque de Jack Daniels. N°7. Celui que je préférais à une époque qui remonte à Mathusalem. Pour Pierrot, ça ressemble à du savon. Toi, tu dis que c'est un rasoir jetable, et Sac de Jute affirme que c'est rien qu'une vieille godasse. Tout ça ne vous intrigue pas ?"
- Je pense que c'est pas les bons champignons qu'on a dû mettre dans l'omelette," je marmonne.
-Exactement ! Dis-moi, Pierrot, qu'est-ce qu'il y avait d'autre là où tu as déniché ce ... bout de savon ?
- Rien d'autre qu'une vieille carcasse métallique toute rouillée. Trop lourde à emporter.
- Montre nous l'endroit !"
Alors, tous les quatre on a traversé le verger, et, aussi sûr que la Terre est plate, on tombe sur ce drôle d'objet par terre. À peu près aussi rond qu'une rondelle de saucisson, cinq ou six mètres de diamètre, pas loin d'un mètre d'épaisseur et recouvert d'une épaisse couche de rouille , et je dus vraiment me faire passer pour un taré à ce moment là, parce que j'ai hurlé quand j'ai vu six rasoirs jetables, des Bic en plastoc, en sortir par un orifice en se tortillant du bout du manche.
Le Savant hurla. "Attrapez-les, les gars, attrapez tous ces trucs !"
Ouais, ben Sac de Jute nous sacrifia celui qui emmitonnait  son pied gauche, et on y entassa une quinzaine de ces trucs. J'arrivai à choper quatre rasoirs jetables dont un coupe-choux pliant qu'essaya de se faire la malle en courant. Le Savant clama qu'il avait foutu deux flasques de Seagram et une canette de Molson dans le sac, Sac de Jute jura qu'il y fourgua trois godasses dont une vieille Santiag en peau de cochon et le Saligaud rien qu'une seule savonnette car l'autre lui glissa entre les doigts pour, nous expliqua-t'il ensuite, prendre la tangente en se faufilant dans un trou de taupe. On retraversa le verger en sens inverse, où le Savant tenta de nous expliquer son hypothèse sur ce mystère.
"Écoutez, les amis, imaginez que vous veniez d'une autre planète et que vous vouliez coloniser la Terre. Imaginez encore que vous soyez de petite taille et pratiquement sans défense face à des humains. Et pour finir, imaginez encore que vous soyez télépathes, avec non seulement la capacité de lire dans les pensées des êtres qui vous entourent, mais aussi d'y induire des hallucinations visuelles et tactiles. Comment vous défendriez-vous ?"
Une lueur commença à s'immiscer dans mon esprit mais j'osai pas la dire de peur de pas me tromper. 
Jacky le Savant continua sur sa lancée. "Si vous pouviez faire tout cela, vous vous donneriez l'apparence la plus dérisoire et inutile possible. Pour le Saligaud qui se lave jamais, vous vous donneriez l'apparence d'un morceau de savon. Pour Sac de Jute, celle d'une chaussure vu qu'il en porte jamais. D'un rasoir jetable à la lame émoussée, pour toi, Johnny, qui a juré de plus jamais te raser. Et finalement d'une belle flasque de Bourbon pour moi qui me suis juré de plus jamais toucher une goutte d'alcool. En d'autres termes, vous vous cacheriez sous l'apparence d'une imposture afin de vous assurer de ne jamais être ramassé par celui qui vous verrait, sauf par un quidam comme Pierrot le Saligaud qui, comme on le sait tous depuis des lustres, ramasse tout ce qu'y lui passe sous le museau pourvu que ça puisse se vendre ou s'échanger. Je pense, Pierrot, que grâce à toi, la planète va être sauvée d'une terrible invasion."
Le lendemain, on porta le sac de jute empli de ces trucs à la caserne de la Police Montée de Penticton. Le chef de station des Mounties ne vit dans notre sac que des choux de Bruxelles avariés, choux de Bruxelles qu'il avait en horreur depuis sa plus tendre enfance. Après moultes palabrages et quelques coups de fil qui s'éternisèrent, ils ne nous laissèrent pas repartir mais nous traitèrent avec les plus grands égards. Ils nous payèrent même des chambres dans le meilleur hôtel de la ville et la liberté de nous servir parmi les meilleurs menus. Deux jours plus tard, le ministre de la Défense canadien est venu nous voir, en personne et avec toute une délégation, et le surlendemain, des hauts-gradés de l'armée américaine nous ramenèrent avec eux dans leur pays. En hélicoptère.
Voilà toute l'histoire. On est toujours sur la route, tous les quatre, sauf que maintenant on travaille en paires itinérantes, toujours comme des SDF, chacune de son côté, pour le gouvernement de Washington. Moi et le Savant ici sur la côte ouest, Sac de Jute et le Saligaud sur la côte est. Et je sais qu'ils ont recruté d'autres paires pour les grands lacs, le sud et pour les plaines. 
Les "Men in Black", c'est comme ça que votre Président a nommé notre nouvelle unité, après avoir donné l'ordre de nous tailler des costards-cravates sur mesure. Là, y sont pas encore prêts mais on devrait pas tarder à les recevoir. C'est pour ça qu'on ressemble encore à des cloduques itinérantes.

Maintenant, monsieur le Gouverneur, je pense que vous comprenez mieux notre problème. Je ne vous poserai donc la question qu'une seule fois: Vous ou certains de vos administrés auraient-ils vu traîner sur le territoire de votre État des trucs vous semblant inutiles, qui ne servent à rien ou dont vous n'avez rien à secouer ? Si c'est bien le cas, nous aimerions bien y jeter un œil si c'est pas trop vous demander...

-----O-----