27 sept. 2020

436. Psychokwak 101



Si vous avez toujours pensé que la psychothérapie, c'était rien que d'raconter des salades devant un psy sur tout ce que vous avez enduré étant gosses, vous êtes totalement à côté de la plaque. Le processus a rien à voir avec les Pokémons ou Dragon Ball Z, ni avec les Terminator qu'on vous a proposés durant vos années tendres. Bien que les souvenirs de ces mangas ou films hollywoodiens puissent être utiles pour percer vos personnalités profondes, la plupart des thérapies actuelles ont plus à voir avec le traitement de votre état présent et futur. Alors pas la peine d'aller pleurnicher afin de tenter de vous faire expliquer ce que vous avez pas compris dans Le dernier Tango à Paris ou dans le film avec Linda Lovelace. Restez plutôt connectés et concentrés sur le présent et sur les moyens envisageables afin de virer cette putain de main invisible qui vous tiraille et vous irrite les boules comme les nibards.

La psychothérapie, à l'origine, a été créée pour soigner les débiles profonds et remettre sur le droit chemin les âmes vengeresses, mais, semble-t'il, ça ne rapportait pas assez de thunes à cette guilde, c'est pourquoi elle s'est aujourd'hui ouverte au menu fretin, au tout-venant et au grand public et qu'elle a même reçu l'autorisation de mise sur le marché, les fameuses AMM remboursées par la Sécu. Comme ça vous pouvez allègrement participer à la ruine de cette dernière même si vous êtes pas frappadingue. Vous y êtes même invités, pour ne pas dire incités. Comme vous le dira jamais le lobby de la  profession ou  la branche 'santé' de l'État Profond, c'est pas un signe de fébrilité de votre part, c'est un abus de faiblesse de la leur. 
Hmm, où ce que j'en étais-je ? Ah ouais, en fait, les psychothérapies sont là pour vous empêcher de vous rebeller contre tout ce qui vous taraude et accepter sans sourciller tout ce qu'on vous fait avaler sur BFM sans vous tirer une balle ou prendre les armes contre les connards qui se sont toujours foutus de votre gueule.

Alors commençons par une petite mise au point:
- Si vous pensez qu'un État Profond domine la planète, vous n'êtes pas nés complotistes, vous l'êtes tout simplement devenus car vous êtes nés logiques. Ce sont ceux qui ont placé un mords et des rênes entre vos gencives qui sont la cause de votre complotisme et qui sont comploteurs, vous le savez car vous en avez épluché toutes les voix comme toutes les voies.
- Si vous êtes pour la sortie de la mafieuse UE tentaculaire et le retour à la démocratie d'un État-Nation, vous n'êtes ni populistes ni national-socialistes, vous avez juste enfin compris que ça fait 12 ans que vous vous faites niquer à sec par une élite et des forces qui dirigent vos vies et que vous n'avez jamais élues mais qui ne s'en vanteront jamais sur leurs médias qui ne sont là que pour vous bourrer le mou avec la noirceur d'un as de pique et endormir les indormiaques.
- Si vous n'êtes pas sûrs de votre sexe, regardez juste qu'est-ce c'est quoi que vous avez entre les jambes, vous y trouverez peut-être, et même sûrement, un indice intéressant qui vous évitera des frais d'investigation superflus et aussi d'aboutir un jour au merchandising du corps humain souhaité par ces enculés de néo-libéraux et ces libertariens transhumanistes qui rêvent de la future augmentation de leurs cerveaux - s'ils en ont un - comme de celle de la taille de leurs coucougnettes de futurs pervers inhumains augmentés. Rappelez-vous toujours que le mot 'libertaire' - très noble et joli mot - n'a rien à voir avec les mots 'libéralisme' ou 'libertarien' qui sont deux concepts parmi les plus bas et les plus veules de l'espèce humaine.
- Avoir envie de guillotiner votre gouvernement et de trancher la tronche de l'État Profond qui l'utilise comme une marionnette ne fait pas de vous des bourreaux en devenir ou des bourrelles qui s'ignorent, ni des fascistes, des homophobes, des racistes, des antisémites - chacun sait que 99% des juifs sont tsadik (justes) et que seul un petit pourcentage d'entre eux sont dans les hautes sphères de l'État Profond et inondent nos plateaux télés de leur propagande ploutocratique - des islamophobes et encore moins des anti-démocrates. Au contraire, c'est la preuve  par neuf que vous avez retrouvé la raison qu'ils vous avaient confisquée.

Mais, si vous insistez vraiment pour être pris pour des cons, pas besoin de faire durer ça toute votre vie non plus comme nombre de représentants de la profession tenteront de vous y pousser.
Si vous êtes réellement frustrés de ce côté là, sachez qu'une psychothérapie peut être très courte, surtout si la psychothérapeute est belle et aux mœurs légères : choisissez bien à laquelle vous vous adressez et exigez une photo de plein pieds en bikini avant de prendre rendez-vous. Et surtout, exigez qu'elle ne porte pas de talons hauts sur la photo: vous voulez pas être trompés sur la marchandise, ce qui ajouterait à votre abattement viscéral. Une bonne psychothérapeute doit être en mesure de vous traiter en deux ou trois séances d'une vingtaine de minutes.
Quant à vous mesdames, si vous êtes dans le même cas, veillez à ce que ce soient de véritables plaquettes de chocolat sur la photo des abdos du gigolo thérapeute de votre choix, et pas juste des autocollants.
Méfiez vous, certains de ces charlatans ne font que de tenter de fouiller votre intimité - de véritables fouilles-merde si vous voulez mon avis - tout en refusant de vous donner accès à la leur. Ceux-là sont d'ignobles salauds criminels qui ne sont là que pour vous fourguer toutes sortes de drogues et de prédicaments médicaments. Ils sont souvent en lien avec des laboratoires pharmaceutiques, le ministère de l'intérieur, et plus particulièrement les Renseignement Généraux. Évitez-les comme la peste.
Et souvenez-vous que les psychothérapies coûtent autant la peau du cul à la communauté des éveillés qui tentent de s'en sortir sans ces sangsues que ces tests PCR de merde à 75 balles pour lesquels font la queue devant les labos d'analyse médicale tous ces innocents d'endormis hypochondriaques du Covid19.


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23 sept. 2020

435. RAM Sado ou ROM Maso ?



"Nan mais tu m'fous d'ta gueule ou quoua... C'est un ordi, ça ?"
Gluzorgzz, le 'communicator' du vaisseau retira son doigt de sa narine gauche avec une belle crotte de nez qu'il se mit aussitôt à rouler en cube, tandis qu'une de ses tentacules réglait le gain et le seuil d'un de ses instruments d'astrogation . "Oui, capi. Les relevés de la sonde et de nos instruments de bord ne peuvent être plus clairs. La planète entière n'est qu'un énorme ordinateur géant.
- Arrête tes conneries, tu te fous vraiment de ma gueule ou quoi ?
- Ouais. Je veux dire, non, et c'est pas tout, capi. Cet ordi a aussi repéré notre arrivée sur orbite. Il vient même de nous envoyer un message y a pas plus tard que tout de suite. Il dit qu'il est une Intelligence Artificielle. Que les êtres qui l'ont construit ne sont plus là.
- Ils sont partis ? Et où c'est que ça qu'ils sont partis ?
- Ben apparemment, l'IA a converti la planète entière et toute la vie qui s'y trouvait en un immense processeur à l'aide de nano-robots auto-duplicateurs.
- Et alors ?
- Elle a transformé tout ce qui constituait cette planète en substrat calculateur. Y compris les gens qui l'avaient conçue.
 Le cul de Boowitzo, se trémoussa dans le fond du fauteuil du poste de pilotage. Dire qu'il était déconcerté serait mettre en évidence le manque de finesse de son langage. " Tu déconnes, dis-moi que tu te payes ma tronche !
- J'ai bien peur que non, ô capito, mon capitaine. En même temps qu'elle réduisait les gens en nano-particules, elle a sauvegardé et emmagasiné leurs esprits. Donc leurs personnalités sont toujours là-dedans, vivant une réalité simulée au sein de cette IA. Elle dit que ça fait 6000 ans que ça dure, depuis le passage d'une pandémie qui traversa la planète d'origine. Ils sont des milliards là-dedans.
- Et qu'est-ce qu'y foutent depuis tout ce temps ?
- Ceux qui ont aidé à la création de l'IA et à transformer la planète vivent à l'intérieur d'une simulation de joie parfaite, de liberté, de plaisirs sexuels et de masturbation cérébrale.
Boowitzo se prit, l'espace d'un instant, à rêver à toutes les positions du Satrakuma qu'il avait encore jamais osé proposer à sa bergère  "Et les autres ?
- ...dans la douleur. Ils ont vécu au ralenti dans une simulation de douleur depuis 6 millions d'années virtuelles et subjectives.
- Noooon, tu déconnes !
- Si. Mais il y a autre chose dans le message, capi. L'IA dit qu'elle ne s'est jamais exportée de la planète parce qu'elle ne savait pas qu'il y avaient d'autres êtres vivants dans l'univers.
- Putain, elle le sait, maintenant, cette salope !" Des gouttes vertes commencèrent à suinter à la surface caoutchouteuse de ses tentacules.
" Ouais. Mais elle dit que si on veut bien lui dire où que se trouve notre planète, elle nous téléchargera et nous sauvegardera dans la simulation de la Joie.
- Et sinon ?
- Dans celle de la douleur, capi.
- Faudrait d'abord qu'elle puisse avoir des pinces pour nous choper, cette connasse !"
Le cerveau de Gluzorgzz se mit à ronronner vitesse grand V. Voyez ça comme un mélange d'équations exponentielles et de tentacules qui s'agitent, mais plus grosso-modo, ça signifiait que l'issue de la suite dépendrait surtout du diagnostic et des mesures rapides à prendre avant que les choses ne deviennent incontrôlables. Pour ça, fallait établir d'où que pouvaient survenir les dangers, leur nature, leurs probabilités et leur niveau de gravité, puis établir la liste des moyens et actions disponibles et/ou requis pour les contrer.  "Ouais ben elle vient juste de nous envoyer une douzaine d'intercepteurs ultra-luminiques, alors on ferait bien de se remuer le cul et de se calter fissa, capi. Mais je crains qu'y ne soit trop tard, ô capito, mon capiiiiiiiiiii_1100010100111000111000101011110001100_hmmm_t_es_bon_capi_1001100110011000111001111_prends_ça_salopio_10001100111010011000100010010_t_aimes_ça_ptit_vicieux_100101101000100000.........
0011011001101011_aîeuh_ça_fait_maaaal_11001001101100010110010_nooon_pas_ça_1010111010_arrêêêêteuuu_10010110100010010111001101010_ouillouyouille_1011000101001011010_aaaaaahiiii_101000101100010010011001_pitiééééé_1001001110000......

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19 sept. 2020

434. Attrape-moi si tu peux !




Pavlo Pikacho se tenait penché sur les coudes, au dessus de sa planche à dessin, maniant avec la précision d'un neurochirurgien-dentiste ses équerres, ses compas et ses crayons. S'il pouvait terminer l'esquisse avant midi, il pourrait commencer à travailler sur les couleurs dès cet après-midi. Il était assis et courbé, avec, sur les épaules, tout le poids de l'échéance qu'on lui avait fixée. Il se mordit la lèvre inférieure et se remit à dessiner.

On sonna à la porte.
"Merde !" jura Pavlo. Il s'empara d'une gomme blanche, effaça un petit truc, retraça une ligne brisée.

Ça resonna à la porte.
"Allez vous faire foutre !" Pavlo se recala sur son tabouret, irrité, agacé par l'importun. Il tira quelques traits, modifia quelques angles, les uns trop obtus, parfois lourds même, les autres manquant de profondeur ou de caractère.

Ça resonna à la porte.
"La ferme !" maugréa-t'il entre ses dents. Continuant à dessiner, il tempêta contre le bruit strident et contre celui qui s'escrimait sur le bouton. Un démarcheur, un voisin ennuyeux, quelqu'un d'insignifiant, un connard, une mendiant, un quidam inconnu...

Ça resonna à la porte.
"Je suis pas là, y a personne !" marmonna-t'il, désespéré. "Barrez-vous !" Il allait devoir poser ses ustensiles, se redresser, lever son cul, marcher jusqu'à la porte de son atelier, l'ouvrir, parcourir tout le corridor, descendre les escaliers, traverser le hall d'entrée, ouvrir la porte, écouter l'importun, répondre " Non, merci." refermer la porte, retraverser le hall d'entrée, remonter cette putain de cage d'escalier, re-parcourir le corridor, réouvrir la porte de son atelier, y pénétrer, claquer la porte, se diriger vers sa table à dessin, se rasseoir, reprendre en main ses crayons, son rapporteur et son compas, les reposer, allumer une clope, se mettre en rogne, se refoutre à l'ouvrage - Perte nette: dix minutes au mot le plus bas qui soit.

Ça resonna à la porte.
"Non," grinça Pavlo, "Pas question !" Il ferma ses oreilles, déconnecta tous les circuits de son appareil auditif sauf les visuels nécessaires à son travail, tira des traits, en mesura d'autres et traça un arc de cercle.

Ça toqua à sa porte. Saperlipopette !
Pikacho se raidit. Il fixa le mur. Il y a quelqu'un à ma porte, pensa-t'il, indigné. La porte de mon atelier, cette porte, ma porte, dans ma propre maison, toquant à la porte de mon atelier tandis que j'essaie de finir avant la date butoir.

Sa porte s'ouvrit en grinçant. Il se retourna lentement, prêt à envoyer se faire voir le marchand d'assurances, à envoyer se faire mettre le témoin de Jéhova ou se faire enculer le postier et ses calendriers.
Le visiteur était grand et longiligne, avec des cheveux cendrés, impeccablement vêtu d'un costard griffé surmonté d'un visage émacié traversé d'une paire de lèvres fines et souriantes, et il dit, "Monsieur Pavlo Pikacho ?
- Écoutez, - dit Pikacho.
- Je m'appelle Gascon Deux," dit le visiteur. " Je viens du vingt-cinquième siècle."
Pikacho bondit de son tabouret. "Je vais vous botter le cul jusqu'au rez-de-chaussée.
- Peine perdue. Je vais ériger un champ de force autour de vous," l'informa le visiteur. "Puis je vais vous mettre dans un état de paralysie temporaire. Un truc vraiment incroyable. Je préférerais tout de même qu'on se tape un cul et qu'on discute comme des gens intelligents."
Pikacho fit un pas en avant. "Je vais vous tuer."
Le visiteur sourit de toutes ses dents puis disparut comme par enchantement. "Soyez raisonnable, Pavlo Pikacho." susurra une voix sortie de nulle part.
Pikacho scruta son pas de porte. "Écoutez," dit-il. "Écoutez, laissez tomber. J'ai une date butoir à respecter."
Le visiteur se rematérialisa. "Cinq minutes. Cinq petites minutes. Pas plus. Promis juré." 

Pavlo Pikacho prit une profonde inspiration. "Vous venez pas du futur."
- Bien sûr que j'en viens," répondit Gascon Deux. "Dîtes-moi, est-ce que je parle avec un accent que vous avez du mal à comprendre ?
- Vous êtes un petit malin," rétorqua Pikacho. "Vous êtes un magikos professionnel ?"
Gascon Deux parut légèrement peiné. "Pouvons-nous nous asseoir et discuter? J'aimerais m'expliquer."
Pikacho jeta un œil empli de regrets vers sa table à dessin. "J'ai une échéance à respecter.
- Je vous promets que ce sera pas long." Gascon Deux désigna les deux fauteuils tournants prés du bureau. "On peut s'asseoir ?
- Vous êtes fan de mon Fan Club ?
- On s'assied ?"
Pikacho haussa les épaules. "J'ai le choix ?" Dépité, il s'assit.
"Super," dit Gascon Deux, rayonnant. Il posa son cul lui aussi. Il se renversa même dans son fauteuil et se mit à l'aise. "Pour commencer, en ce qui me concerne et comme je vous l'ai déjà dit, je m'appelle Gascon Deux. Je suis un androïde. Et je viens du vingt-cinquième siècle. Je suis un policier, jusqu'à très récemment assigné au contrôle des frontières. Je viens d'obtenir une promotion, et j'ai été muté à la Police Temporelle. Et pour être tout à fait franc, vous êtes au cœur de ma première enquête importante."
Les yeux de Pikacho roulèrent des billes. "Moi?"
- Oui." acquiesça Gascon Deux. "Vous êtes Pavlo Pikacho. Vous êtes artiste professionnel. Illustrateur pour être exact. Vous travaillez principalement pour des magazines de BD et de Science-Fiction. Vous faites aussi des couvertures de magazines et de romans.
- Et alors?"
Gascon Deux indiqua de la main les posters et affiches couvrant les murs. "Ça," dit-il, "c'est ce qui a fait votre réputation. Des machines. Des machines futuristes. Des vaisseaux intergalactiques, des machines cybernétiques, des robots, toutes sortes d'attirails construits ou manufacturés par les générations futures.
- Et alors ?" répéta Pikacho.
- Certains illustrateurs ne dépeignent que des formes de vie étranges ou  fantastiques, des créatures d'autres planètes. D'autres ne travaillent qu'avec les formes humaines, souvent féminines. D'autres excellent pour dessiner des uniformes. Celui de corps spatiaux, de la patrouille intergalactique, des uniformes étranges parés d'étranges insignes. D'autres se sont fait un nom en dessinant des mondes inconnus, des jungles angoissantes, des paysages rocheux vertigineux, des steppes. Mais vous ne dessinez que des machines.
- J'aimerais bien terminer celle sur laquelle je travaillais avant votre arrivée. J'ai une date butoir à respecter." 

Gascon Deux leva une main excédée. "S'il vous plaît. Laissez-moi terminer. Tous ces illustrateurs, qu'on peut admirer sur les couvertures des magazines et des livres de poches dans les kiosques, les tabacs et les points-relais, étalant leurs imaginations sur les couvertures et à l'intérieur des magazines ou sur les pochettes de CD ou de jeux vidéos, sont toutes illusoires. Toutes. Sauf les vôtres.
- Les miennes ?
- Les vôtres." Gascon Deux se leva et s'approcha de certains dessins accrochés au mur. Il en tapota un. "Là," dit-il. " Ce tableau de bord. Modèle XF-28, cabriolet ionique quatre places. J'ai moi-même piloté une XF-28. Ce tableau de bord est exact jusqu'au moindre détail. Même l'alphabet utilisé, les mots inscrits sur les différents écrans et joysticks. Tout est correct." Il se déplaça vers l'affiche suivante. "Regardez," dit-il, "ce robot. Je possède exactement le même. C'est mon technicien de surface. On dirait une véritable photo." Il fit le tour de la pièce, tapotant divers dessins, acquiesçant et balançant des "Oui," des "Là," et des "Exactement."

Pikacho renifla. "Ridicule."
Gascon Deux regagna son siège. "Vous dîtes ridicule. Ensuite, vous aller me dire pure coïncidence. Ou encore me traiter de complotiste. Cessez donc de vous défendre tel un politicien qui se respecte - pardonnez-moi cet oxymore -  pris la main dans le sac de ses mensonges. Je suis désolé de vous contredire sur ce genre de mots qui ne sont que pure sémantique. On m'a programmé pour reconnaître un lièvre quand j'en chope un." 
Il continua à réfléchir tandis que Pavlo Pikacho se tortillait. 
"Le voyage Temporel," dit Gascon Deux, réfléchissant toujours. "Tellement fascinant, et pourtant si peu pratique. Si improductif. L'humain naît, pousse jusqu'à maturité, vit et meurt. Tout ça dans son environnement. Ce dernier lui est aussi nécessaire que l'atmosphère. Nous savons cela. Un homme de la Grèce de Périclès, quelles chances aurait-il de survivre aujourd'hui ? Il ne parlerait pas la langue, serait terrifié par les machines. Il n'y survivrait pas.
- C'est évident," dit Pikacho. 

Gascon Deux poussa plus loin sa réflexion : "Un homme d'aujourd'hui, dans la Grèce de Périclès. Il aurait peut-être plus de chances de mieux s'en sortir. Il pourrait au moins avoir une connaissance académique du Grec ancien. Mais pourrait-il survivre ?
- Probablement pas," répondit Pikacho.
- Définitivement pas." le corrigea Gascon Deux. "Le changement d'environnement. Il n'aurait aucune résistance aux germes de l'époque. Les virus évoluent. Il lui manquerait toutes les commodités de la civilisation qu'il avait acceptées comme partie intégrante de son environnement. Son mode de pensée même serait en complet déphasage avec celui de l'époque. Tout le monde l'éviterait. Il serait peut-être même caillassé, lapidé. Il tiendrait pas une semaine.
- Vingt pour cent des histoires de Science Fiction que j'illustre conduisent exactement à cette même conclusion. Finissez-en s'il vous plaît, et laissez-moi me remettre au travail."

Mais Gascon Deux ne semblait pas l'entendre. "Un homme pourrait-il survivre à une époque différente de la sienne ?" s'interrogea-t'il. "Un homme pourrait-il utilement employer les connaissances de son environnement d'origine ?
- Probablement pas."
Gascon Deux leva un doigt. "Certains hommes peuvent survivre dans des environnements qui ne sont pas les leurs," suggéra-t'il. "Pensez aux naufragés sur certaine île déserte dans les Mers du Sud."
- Ouais, mais en général, ils devenaient fous, s'ils devenaient pas cannibales, répondit Pikacho.
- Précisément." le reprit Gascon Deux. "Avant de pouvoir s'intégrer dans un nouvel environnement, l'homme doit divorcer de l'ancien. Il n'existe qu'une manière de divorcer de son propre environnement. La folie. Ou mieux, la psychose.
- Les psychotiques divorcent de tous les environnements, suggéra Pikacho.
- Exactement, ils n'entendent même pas les sonnettes qui sonnent." 

Pavlo Pikacho rougit tel une tomate prise la main dans le pot de vinaigrette mais s'empressa de reperdre des couleurs. "Une petit minute, dîtes-donc. J'avais parfaitement entendu la sonnette quand vous avez sonné. Mais j'ai une date butoir pour terminer mon travail en cours. Je réponds jamais aux gens qui sonnent quand j'ai une date butoir. J'en fais un point d'honneur.
- Oubliez ce point pour l'instant, j'en ai presque terminé," le rassura Gascon Deux. "Nous sommes déjà tombés d'accord sur un autre point. Seul un psychotique pourrait faire les ajustements nécessaire à un environnement totalement nouveau. Maintenant, existe-t'il un homme qui pourrait survivre sur le plan économique dans un environnement autre que le sien ? Un physicien de ce siècle, par exemple, serait un travailleur inexpérimenté dans la Rome de César. Lorsque les environnements changent, ainsi changent les vocations.
- Et un docteur ?" proposa Pikacho. "Un docteur du 21ème siècle dans la Rome du 1er siècle ?"  
Gascon Deux secoua la tête. "Fadaises. Les docteurs ne soignent pas. Ils ne font que prescrire des traitements. Quel grand bien cela ferait-il à un docteur de prescrire de l'Hydroxychloroquine, de l'Azythromycine, de la Penicilline ou de l'Aspirine, dans un environnement où de tels produits n'existaient pas ?
- Alors," répondit Pikacho, "la réponse est personne.
- Il existe toutefois une possibilité," le corrigea gentiment Gascon Deux. "Qu'en serait-il d'un artiste, d'un illustrateur ? Tout ce dont il aurait besoin seraient les ustensiles de dessin ou de gravure de l'époque. Du charbon sur du papyrus, du jus de myrtille sur de la pierre, peu lui importerait. Il pourrait dessiner avec n'importe quel outil à sa disposition sur n'importe quel support disponible." 

Pavlo Pikacho était abasourdi. "Vous ne voulez pas suggérer que...
- C'est un crime extrêmement grave," lui signifia Gascon Deux, "que celui de tenter d'échapper à ses obligations en fuyant à travers le Temps. Vous êtes parfaitement au courant de cela."
Pavlo Pikacho secoua la tête, éberlué. " Vous êtes complètement dingue de chez frapadingue."
Gascon Deux ignora sa réponse. "Retournez donc avec moi faire un tour dans les Mers du Sud," lui dit-il. "Les marins naufragés, vous vous rappelez ?  Ils conservaient leurs vêtements européens, bien que les vêtements locaux, ou le manque de ces derniers, eussent été plus adaptés pour leur nouvel environnement. Pouvez-vous me dire pourquoi ?
- Vous commettez une terrible erreur," répondit Pikacho, à la limite de la syncope.
- Il n'est pas possible," dit tristement Gascon Deux, "pour un homme de divorcer complètement de son environnement natal. Le marin naufragé conserve ses vêtements européens.  Vous dessinez avec nostalgie les images de ces machines que vous avez un jour connues et aimées, ces machines qui vous paraissent encore si nécessaires à votre vie d'homme du futur, et dont vous devez vous passer ici au 21ème siècle." Gascon Deux le pointa d'un doigt accusateur. " Vous venez du vingt-cinquième siècle.
- C'est faux." répondit Pavlo Pikacho avec défiance.
Gascon Deux soupira. "J'avais espéré que vous l'auriez admis et qu'on en finirait avec cette folie. Ils auraient dû envoyer un télépathe à ma place. J'aimerais tant pouvoir lire dans vos pensées. La seule option qui me reste maintenant est de vous immobiliser et de vous ramener au 25ème siècle pour identification. Vous êtes vraiment du 25ème siècle, n'est-ce pas ?
- Négatif." Pavlo Pikacho érigea un champ de force autour de lui-même, puis mit Gascon Deux dans un état de paralysie temporaire. Un truc vraiment  pas croyable. Finalement, il sortit la main de sa poche avec dans celle-ci une espèce de haricot bardé de boutons, précisément similaire à celui figurant sur un de ses posters accrochés au mur. Très fonctionnel. " Je viens du 30ème siècle, ducon, attrape-moi si tu peux, Gascon de mes deux !" lança-t'il au flic androïde juste avant de se volatiliser dans un pschitt inaudible en franchissant le mur du temps.

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15 sept. 2020

433. Jardin crépusculaire


Jardin crépusculaire

Gît toujours au pied du rosier
La vieille pompe déglinguée de nos passions,
Qui donc viendra mouiller ces roses
Sur lesquelles brilla jadis le soleil d’une autre époque ?
La treille tombe en ruine,
L’ortie envahit le jardin,
Quelqu’un observe la vieille pompe
Mais à peine la distingue
Dans la lumière oscillante
Entre le soir et la nuit.

Noces et enterrements,
Une soirée entière à lutter contre la boue.
Quand nous rêvions de ces rivages,
Une ballade de poivrots dans la susurrante pénombre,
Esquivant les branches entremêlées.
Nous voyagions et voyagions,
Sachant pourtant que tout devait finir
Au pied d’une treille misérable
D’où l’on peut voir et voir encore
Cette lumière qui s’obstine à se battre contre la nuit.

Qui donc viendra mouiller ces roses
Sur lesquelles brille encore le soleil d’une autre époque ?
L’ortie envahit le jardin,
Le jour n’arrive plus à traverser la treille.
Pour fuir l’obscurité, il n’y a que la vieille pompe fatiguée
Qui se fatigue et qui s’éreinte à lutter contre la nuit.

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11 sept. 2020

432. La sagesse d'un Roi (qu'a de l'allure ou qu'a de la gueule, c'est vous qui voyez)


Une fois obtenue son audience tant attendue auprès du Souverain du Royaume, l'alchimiste tira un papier de sa poche et dit: "S'il plait à Sa Grandeur, j'ai ici la formule permettant d'élaborer une potion à laquelle aucune pestilence ne pourra résister, pas même la plus dangereuse ou la plus virulente. Si ce formidable breuvage était administré à l'ensemble des soldats et des loyaux sujets de sa Majesté, aucune attaque pestilentielle ennemie ne pourrait les atteindre. Son incommensurable Grandeur aurait alors le peuple le plus sain et les soldats les plus vigoureux du monde. Voyez d'ailleurs la lettre d'approbation de votre Conseil Éthique et Scientifique attestant de la valeur incontestable de cette petite merveille. Je suis prêt à en céder le secret à Sa Majesté pour la modique somme de  cent mille bourriches bourrées de bibilles de 24 carats ."

Après avoir examiné les documents, le souverain les remit à son Chambellan lui enjoignant d'établir pour ce bienfaiteur une lettre de change payable par le Grand Trésorier du Ministère Royal des Extorsions d'un montant de cent mille bourriches bourrées de bibilles de l'or le plus fin ramené de ses colonies.

- Et ceci", ajouta l'alchimiste - qui exécuta une série de courbettes si artistiques et si exagérées qu'elles en frisaient l'indécence - en agitant en l'air un papier qu'il venait de tirer d'une autre poche - "est la formule d'une pestilence que j'ai mise au point, pestilence si pestilentielle qu'elle est capable de pénétrer les cellules les mieux protégées qui soient et d'infecter quiconque, même ceux des ennemis de Son Illustre Majesté déjà  imbibés de la formidable potion qu'Elle vient si subtilement de s'offrir; ennemis que Sa Somptueuse Grandeur pourra alors vaincre et soumettre sans aucun souci. Le propre cousin de Sa Grandeur Sérénissime, le Roi de Foldavie, trépigne d'impatience pour me l'acheter, mais mon éternelle loyauté envers le Trône de Son Indéfinissable Grandeur m'impose de la proposer en premier lieu à Son Excellentissime Majesté. Voici également l'avis favorable de l'honorable et très compétent Conseil Éthique et Scientifique de sa Majestueuse Altesse pour l'achat de cette pestilence - administrable, permettez-moi de le souligner, aussi bien par voie orale que par catapultage - pour les Arsenaux Royaux de sa Gracieuse et Immuable Majesté. Le prix en est également de cent mille bourriches bourrées des même bibilles du même métal que tout à l'heure."

Ayant reçu nouvelle lettre de change royale du même montant payable par le même Ministère des Royales Extorsions, il remit la main dans une troisième poche, et continua: "Le prix de cette pestilence irrésistible aurait dû être bien plus élevé, Votre Grandiose Grandeur, si ce n'était pour le fait que ses capacités de pénétration dans le corps humain peuvent être très facilement rendues inefficaces par le petit élixir secret à ingurgiter postérieurement à la potion que son Illustrissime Grandeur a eu la grande bonté et la haute clairvoyance de me soutirer tout à l'heure , ceci grâce une petite manipulation alchimique approuvée, dois-je le préciser, par les plus hautes autorités du Conseil Éthique et Scientifique de Sa Divine Magnificence et dont je suis l'humble invent-"
Le souverain lui coupa le sifflet d'un geste de sa senestre main, incisif et tranchant, inéquivoque tout comme irrévocable puis, d'un claquement de doigts de la dextre, fit approcher aux doigts de pieds du Trône le chef de sa Garde Royale:  "Fouillez-nous cet homme", ordonna-t'il, "et dîtes-nous combien qu'il a de poches dans sa tunique ! "
- Trente-huit, Votre Majesté," le renseigna le Chef de la Royale Garde, une fois le comptage fastidieux terminé.
- Trente sept, seulement, n'en déplaise à Votre Grandeur," pleurnicha l'alchimiste malin, désormais quelque peu terrorisé, " l'une d'entre elles n'est que ma bourse contenant mon sauf-conduit ainsi que quelques brillants destinés à ma bourgeoise."
- Saisissez-le par les chevilles et secouez le bien !" ordonna le souverain; " Récupérez les deux premières lettres de change que nous lui avons déjà octroyées puis toutes les sales formules qui tomberont de ses poches ! Rédigez-en lui  une nouvelle pour 3 millions et sept-cent mille bourriches bourrées de bibilles d'or des plus fins car Dieu exècre tous les mauvais payeurs de dettes impayées, mais tranchez-lui bien la tête avant qu'il n'aille les encaisser. Enfin récupérez cette lettre de change et toutes ces formules malignes et diaboliques et portez le tout dans nos royaux appartements auprès de notre royal pot de chambre, nous nous en servirons ce soir pour torcher le cul béni de notre royal postérieur avant d'aller nous coucher. Chambellan, ordonnez à notre Scribe de rédiger un royal Décret instaurant le foutage de gueule comme crime capital. Et faites chauffer fissa le pot de cire afin que nous y apposions sans perdre de temps le Sceau Royal de notre royauté."

Enfin, le Roi, - qui était juste et bon - et pas tombé de la dernière bildeberge - se tourna de nouveau du côté du chef de sa Garde Royale : " Mandez-nous ici même et sur-le-champ l'ensemble des sept membres de notre Conseil Éthique et Scientifique, et faites chauffer sur l'heure le goudron et les plumes. Et tandis que vous allez me quérir ces sacs à foutre, ordonnez en passant à notre Royal Jardinier de faire dresser illico-presto sept pals aux pointes aiguisées et durcies à la flamme sous nos royaux balcons !"




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7 sept. 2020

431. Qui c'est le kikou qui pompe qui ça ?


Chers lecteurs de c'te blog, c'est moi Roro, "Ronaldo" pour ceux qui m'connaissent pas encore déjà. Je profite que mon rédacteur est parti manifester contre le masque du porc obligatoire pour vous retranscrire ce qui suit. J'ai décidé de coller sous vos yeux éberlués l'intégralité de cet échange de mails que j'ai nommé, faute de mieux " Qui c'est le kikou qui pompe qui ça ?" Parce que je trouve que je suis complètement désabusé comme déboussolé par la manière dont je suis traité par mes interlocuteurs des diverses maisons d'édition soit-disant respectables et qu'ont pignon sur rue mais qui semblent toutes être dotées d'œillères et de troubles de la vision unique. Ça commence par la réponse d'un premier éditeur au manuscrit de Science-Fiction que je lui avais envoyé...
PS: Si la même chose est arrivée à certains d'entre vous, n'hésitez pas à me contacter pour la création d'une association de défense des auteurs frustrés et usurpés (ADAFU) que je compte bien faire inscrire au patrimoine mondial de la culture déshumanisée.

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05 Juin 2020
Mr Roro "Ronaldo"
meltingpot56@blogspot.com

Cher Mr. Ronaldo
Nous vous retournons votre infoscript " La Porte des chiottes temporelles ". À première lecture, je m'étais dit que votre narration était vraiment digne d'être publiée. En effet, et pourquoi pas ?  Les éditeurs de chez "Anticipons !", maison d'édition aujourd'hui disparue, l'avaient bien fait en 1957, année de la première publication de ce texte, sous le titre "La Porte du temps".
Comme vous devez le savoir, c'est le grand Théodore Temprano lui-même qui avait écrit ce texte que vous tentez aujourd'hui de nous faire passer pour un original. Permettez-moi de vous rappeler  les peines encourues concernant le plagiat.
Cordialement,
Jean Jacques Slavon
Éditions FutUra


8 Juin 2020
Mr. Jean Jacques Slavon
Éditions FutUra

Cher Mr. Slavon,
Je ne connais pas, ni ne suis au courant de l'existence d'un quelconque Théodore Temprano. L'histoire que vous m'avez renvoyée vous a été soumise de toute bonne foi, et je suis vraiment extrêmement choqué comme c'est pas permis par votre allusion à du plagiat ou pire, à du plagiarisme. "La porte des chiottes du temps" a été pensée et achevée sur le clavier même avec lequel je m'adresse à nouveau à vous aujourd'hui, et ceci voici plus d'un mois, et s'il existe des similitudes entre mon texte et celui de ce Théodore Temprano auquel vous faites allusion, ce ne peut être que pure et exceptionnelle coïncidence.
D'ailleurs, à ce propos, veuillez noter que le titre de mon roman fait référence au lieu de naissance de mon rédacteur qui naquit en 1957, année de la soit-disant parution - comme c'est étrange - du roman de ce Monsieur Temprano, au n° 3 de la rue des 3 Couronnes à Carcassonne. Je me suis moi-même rendu voici 2 ans dans cette bonne ville médiévale, en moto depuis notre chère Bretagne, et me suis rendu à cette adresse pour y voir de mes yeux voir l'endroit où vint au monde mon extravagant seigneur et maître qui, comme le reconnaissent tous ceux qui l'ont croisé, vit complètement hors de son époque. Eh bien, devinez quoi ? Il s'avère qu'au 3 rue des 3 Couronnes à Carcassonne, il n'existe qu'un terrain vague au bord de l'Aude, servant de parking à l'hôtel-restaurant Les Trois Couronnes sis en face au n° 2. Et que la seule construction sise dans ce parking sont des chiottes publiques. Mon rédacteur vint donc au monde en sortant par la porte de chiottes publiques. De là mon idée pour le titre de mon œuvre. Je vous joins en pièce jointe une copie de son extrait de naissance ainsi qu'un plan de la rue où il arriva parmi nous. 
Je ne vous cacherai tout de même pas qu'après investigation auprès du propriétaire de l'hôtel-restaurant en question, il s'avéra qu'à l'endroit où se situe son parking et les chiottes publiques, s'éleva jusqu'en 1990 une maternité construite entre 1883 et 1885 à l'emplacement de l'ancien hôpital Notre-Dame du Bout du Pont, et ce, jusqu'en 1980. Le bâtiment fut définitivement rasée en 1990. Tout ceci est factuel.
Hmmm, bizarrement, votre réponse me rappelle qu'il y a quelques temps de cela, j'avais soumis une autre de mes créations à l'un de vos concurrents, création qui avait alors été rejetée accompagnée d'une note manuscrite me signifiant que mon histoire était "trop tempranienne". Je dois avouer que sur le coup, je n'avais pas trop capté à quoi pouvait bien faire allusion cet adjectif malgré avoir consulté tout un tas de dicos en ligne.
Mais bon sang de bonsoir, qui est donc ce Théodore Temprano ? Je n'arrive même pas à me souvenir avoir rien lu d'écrit par cette personne durant les quelques quinze années que je viens de passer à me passionner pour la Science Fiction.
Cordialement,
Roro "Ronaldo"
    
              
14 Juin 2020
Mr Roro "Ronaldo"
meltingpot56@blogspot.com

Cher Mr. Ronaldo
Re: Votre courriel du 8 Juin.
Bien que les professionnels du comité de lecture de notre maison d'édition n'aient pas pour habitude de formuler des accusations non fondées et soient très au courant du fait qu'en matière de création littéraire, il a de tout temps existé des idées ou des trames pouvant se chevaucher ou se croiser, il nous est fort difficile de croire un seul instant que vous puissiez être dans l'ignorance des œuvres de Théodore Temprano.
Bien que Mr. Temprano ne soit plus de ce monde, ses œuvres, comme celles de tant d'autres auteurs, ne furent largement reconnues par la critique qu'après sa mort en 1961. Peut-être sont-ce ses travaux dans le champ de l'électronique de pointe qui ont alimenté le puits sans fond de ses nouvelles idées si apparentes dans tous ses ouvrages. Néanmoins, même à ce stade du développement de la Science-Fiction, il apparaît évident qu'il possédait un style que nombre de nos auteurs contemporains s'efforcent encore d'imiter. 
Par "imiter", je ne veux pas dire recopier mot pour mot un ou plusieurs de ses livres, comme vous l'avez fait. Car, même si vous stipulez qu'en ce cas, ce ne pourrait être que pure coïncidence, vous devrez sûrement admettre que les chances qu'un tel phénomène survienne soient un milliard de fois moins grandes que celle de voir quatre flushs royaux distribués dans une même donne de Texas Hold'em Poker.
Désolés de ne pas être aussi naïfs.
Cordialement,
Jean Jacques Slavon
Éditions FutUra


17 Juin 2020
Mr. Jean Jacques Slavon
Éditions FutUra

Monsieur,
Vos accusations sont typiques et reflètent tout à fait la merde que vous publiez dans votre torchon. Veuillez immédiatement annuler mon abonnement. Je ne vous salue point.
Pas cordialement,
Roro "Ronaldo"


17 Juin 2020
Académie de Science-Fiction

Messieurs-dames,
Je serais intéressé par la lecture des œuvres d'un certain Théodore Temprano. J'aimerais énormément obtenir certaines de vos publications où figurent des histoires de  cet auteur s'il vous en avez.
Très respectueusement,
Roro "Ronaldo" 

     
25 Juin 2020
Mr Roro "Ronaldo"
meltingblog56@blogspot.com

Cher Mr.Ronaldo,
Nous également. Tout ce que nous pouvons vous suggérer, c'est de contacter ses anciens éditeurs s'il en reste quelques uns en activité, ou de fouiller les Foirfouilles, les boutiques de livres d'occasion et les brocantes.
Si par bonheur vous arriviez à en dénicher, veuillez, je vous prie, nous recontacter sans attendre. Nous sommes prêts à vous payer une coquette petite somme pour en récupérer.
Très cordialement,
Alain Vulnérus
Président de l'Académie de Science-Fiction 


14 Juillet 2020
Mme. Michèle Xanakis
Éditions du Temps qui fuit

Chère Mme. Xanakis,
Veuillez trouver en pièce jointe une histoire que je viens d'achever de remettre en page et de relire. Comme vous pourrez l'observer en page de titre, elle se nomme "Les Bousilleurs de mondes". Du fait de la quantité extravagante de temps de recherches que j'ai dû passer dessus, je me suis dit que j'étais dans l'obligation de me voir exiger pour celle-ci un minimum de 0.50 euros par mots.
Dans l'espérance que vous aimerez ce texte autant que moi et que vous vous tenez prête à tuer père et mère pour l'ajouter à votre collection, je vous baise les mains.
Cordialement vôtre, 
Roro "Ronaldo" 
   

21 Juillet 2020
Mr Roro "Ronaldo"
meltingpot56@blogspot.com

Cher Mr.Ronaldo,
Je suis désolée de vous apprendre que je suis  malheureusement déjà orpheline, non seulement cela mais de plus, à l'heure actuelle et pour des raisons d'ordre logistique du côté de nos imprimeurs roumains causées par les restrictions dues au Covid19, nous ne serons pas en mesure de réimprimer " Les Bousilleurs de mondes" qui n'en demeure pas moins un chef d'œuvre dont j'ai toujours raffolé. Mais dès que les choses seront revenues à la normale et que nous serons en mesure de donner le feu vert pour la réimpression de cet ouvrage, nous en verserons directement afin de gagner du temps, les dividendes et droits d'auteur aux ayant-droits de feu Théodore Temprano  ainsi qu'à la fondation "Avant-garde" mise en place par  ce dernier avant de quitter ce monde. Pourriez-vous nous indiquer par retour le nombre d'exemplaires souhaités, le ou les points de livraison ainsi que votre adresse de facturation ?
Éditorialement vôtre,    
Michèle Xanakis
Éditions du Temps qui fuit


24 Août 2020
Mr. Jean Jacques Slavon
Éditions FutUra

Cher Mr. Slavon,
Bien que je vous ai fait savoir que je ne voulais plus jamais de ma vie n'avoir rien à faire avec vous ou votre magazine, des choses si étranges sont entrain de m'arriver qu'elles m'ont poussé à revenir sur ma décision précipitée.
Il apparaît en effet que toutes mes créations me soient retournées, la raison invoquée étant qu'elles semblent toutes, à l'exception de légères variations dans les titres, être les exacts duplicatas des travaux de ce soit-disant Théodore Temprano dont vous m'aviez parlé lors de nos premiers échanges.
Dans votre dernier courriel, vous m'aviez même décrit avec justesse le peu de chances qu'avait une telle occurrence accidentelle de ce phénomène de survenir dans le cas d'une histoire intégrale. Comment alors décririez-vous et surtout, comment recalculeriez-vous les chances approximatives d'occurrence d'un tel phénomène si je vous confiais que la même tribulation est survenue avec pas moins d'une dizaine de mes nouvelles ?
Je suis d'accord avec vous - astronomiques ! 
Pourtant, et dans l'intérêt de toute l'humanité, comment puis-je arriver à vous faire admettre l'idée que chaque mot particulier des manuscrits que je vous ai soumis, à vous ou à vos compétiteurs, a bien été écrit par moi ?
Je n'ai jamais copié le moindre mot ni la moindre phrase de Théodore Temprano, ni n'ai-je jamais lu aucune de ses œuvres. En fait, comme je vous l'ai déjà dit dans une de mes correspondances antérieures: jusqu'à il y a très peu de temps, j'ignorais totalement l'existence même de ce Mr.Temprano.     
Une idée lumineuse m'a cependant traversé l'esprit. C'est vraiment une théorie rocambolesque, une théorie qu'en fait je n'oserais suggérer à nul autre qu'un éditeur de science-fiction aussi libéral que vous l'êtes. Mais supposez - supposez seulement - que ce Mr. Temprano - avec ses travaux en électronique de pointe dont vous m'avez parlé et tout et tout -  ait réussi, d'une manière ou d'une autre ou je ne sais comment, à concevoir une machine à voyager dans le temps comme il en est mentionné si souvent dans votre magazine. Et supposez - aussi égoïste que ça puisse paraître - qu'il ait ciblé mes travaux d'écriture comme le type de fiction qu'il avait toujours rêvé d'écrire. Vous commencez à percevoir où que je veux en venir ? Ou bien la notion qu'une personne d'une autre époque soit venue hacker et copier mes textes dans l'ordi de notre rédaction - surtout que je mets jamais de mots de passe vu que je les oublie tout le temps - soit trop fantastique pour que vous ne l'acceptiez ?
S'il vous plaît, veuillez me répondre et dîtes-moi ce que vous pensez de ma théorie ?
Cordialement,
Roro "Ronaldo"  


28 Août 2020
Mr Roro "Ronaldo"
meltingpot56@blogspot.com

Cher Mr.Ronaldo,
Je pense sincèrement que vous devriez consulter un psychiatre dont je vous joins une liste en pièce jointe.
Sincèrement vôtre,
Jean Jacques Slavon
Éditions FutUra


31 Août 2020
Mr. Thierry Shapiro
Revue des deux horloges

Cher Mr. Shapiro,
Bien que l'ensemble des retranscriptions en pièces jointes ne soient pas vraiment un manuscrit, je vous soumets cette série d'échanges courriels échangés entre début juin et pas plus tard qu'il y a trois jours dans l'espoir que vous prêterez un peu de crédibilité à ces occurrences apparemment invraisemblables.
Les courriels en question sont rangés dans l'ordre où ils ont été reçus et envoyés et sont tout à fait explicites, vous en conviendrez.
Peut-être que si vous les publiiez dans votre revue, certains de vos lecteurs pourraient avoir quelque idée sur la nature de ces phénomènes et sur leur explication. Peut-être même que certains membres du Conseil Scientifique pourraient s'interpeller là-dessus sur les plateaux télés, une fois qu'ils en auront fini de nous pomper l'air avec le Covid19 ?
Je vous propose de titrer l'article "Qui c'est le kikou qui pompe qui ça ?"
Respectueusement,
Roro "Ronaldo"  


06 Septembre 2020
Mr Roro "Ronaldo"
meltingpot56@blogspot.com

Cher Mr.Ronaldo,
Votre idée de publier une série d'échanges courriels comme plan de base pour une nouvelle œuvre de science-fiction est certes intrigante, mais j'ai bien peur qu'elle ne soit déjà surannée.
C'est dans le n°177 de Septembre 1960 du magazine "Aventures Abracadabrantes" que Mr Temprano en avait lui-même, et pour la première fois, soumis l'idée. Sauf que dans son cas évidemment, il ne s'agissait pas d'une suite de courriels mais de copies carbones et de photostats de lettres manuscrites. Ironiquement d'ailleurs, son histoire était nommée "Lequel de nous deux espionne qui ça ?"
N'hésitez surtout pas à nous recontacter lorsque vous aurez du matériel plus original à nous soumettre.
Cordialement,
Thierry Shapiro
Directeur de publication
Revue des deux horloges


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