12 mars 2020

388. Ethique ou Conscience professionnelle ?


Cette histoire ne vous est pas gracieusement offerte grâce au soutien financier des produits à vitre "HYPRONET"

L'échafaudage se balançait latéralement, faisant éclabousser l'eau savonneuse qui se trouvait dans son seau. Il essora sa raclette d'un mouvement rapide, l'excès de liquide se dissémina dans la brise comme de la bruine. Les cris étouffés de l'autre côté de la vitre rien de plus à ses oreilles qu'un autre bruit de fond dans le paysage, à 33 mètres au dessus de la rue devant sa 15ème baie vitrée de la journée.
Les cris de l'autre côté de la vitre semblaient sortis d'un film. Il pressa la bande d'éponge contre le verre, le liquide et les bulles s'écoulèrent en direction du bas de la vitre, emportant avec elles au passage trois mois de fientes de mouettes et de pigeons dans sa progression. Une petite boulette de merde crème verdâtre prit même clandestinement place à l'intérieur d'une bulle d'eau mouillée d'hypronet de la taille d'un œuf de caille puis glissa vers le bas. 
La femme balança un vase à travers la pièce, "Je te déteste, s'pèce d'enculé!"
Le mec à qui elle s'adressait évita le vase de justesse et celui-ci termina sa course en s'explosant la gueule en plein milieu de l'écran TV qu'explosa avec lui. 
Lui avait été témoin de la même scène dans son propre salon, sur un 'écran télé moins récent à l'époque où sa femme regardait encore les Feux de l'amour. Il la laissait tranquille alors, captivée qu'elle était par ses scènes d'amours et de trahisons favorites. Lui s'en désintéressait royalement, préférant s'occuper de ses oignons. Se dégourdir les doigts sur sa gratte, chasser les mites alimentaires ou jouer avec ses Rubikubes. Tout ce qu'il voulait. Si les mecs de la prod' de cette série avaient jugé que faire éclater une télé et un vase par une des héroïnes de l'épisode rentrait dans leurs budgets, c'étaient leurs oignons, pas les siens.
Il retourna sa raclette côté caoutchouc et la fit glisser vers le bas, appuyant fortement contre la vitre. La flotte coula rapidement, la gravité forçant les gouttes à s'agglutiner tout en bas de la paroi de verre.
En deux enjambées, le mec se rapprocha de la femme, plaçant ses mains autour de son cou de poule colérique. Lui aussi avait l'air d'être en pétard.
Un risée de vent fit tanguer sa nacelle et la surface désormais propre qu'il venait de terminer se mit à reluire en contraste avec le reste de la partie non traitée. Il replaça à nouveau sa raclette en haut de la vitre et tira vers le bas. Une mouette s'arrêta pour lui rendre visite, en équilibre instable sur le garde-fou de son échafaudage.
"Salut, p'tite merdeuse." 
La mouette lui goéla sa politesse en retour.
La femme tenta de se débattre, des pieds des mains, mais il semble bien qu'elle ne faisait plus le poids et commençait à manquer d'air. Ses coups de pieds et coups de poings ralentirent, puis elle cessa de bouger.
"T'as pas intérêt à venir me saloper le boulot dans le dos", lança-t'il en direction du volatile en lui envoyant sans faire exprès dans la gueule une giclée d'hypronet avec sa raclette éponge juste avant d'appuyer sur le bouton pour zapper sa plateforme vers l'écran suivant.
"Yeuuuïïïurk, kkr Yiouïïïeeekkk !"*** lui goéla la mouette dans le dos, la larme à l'œil les yeux plein de savon'.

*** "Enculééé, çça brûûûle !" en mouetteux langue de mouette.

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