12 janv. 2020

380. Pinball Wizzard

Si vous avez déjà joué au flipper - ce qui n'a pu probablement vous arriver que si vous avez plus de trente ans, enfin vous personnellement je sais pas, mais l'autre là, votre collègue, j'en mettrai ma main à couper - alors vous devez être familiers avec le concept des "Multiballs" à ne pas confondre avec celui des' "Extraballs". 
Vous bloquez des billes en visant certaines cibles, puis vous pouvez plus tard les débloquer, il y a une autre cible qui les débloque, alors vous vous retrouvez avec tout un tas de billes qui traversent le parquet dans tous les sens et vous savez plus dans quel sens tourner vos trois têtes. 
Et souvent, il y a beaucoup plus de billes que vous n'en aviez bloquées et elles jaillissent dans le jeu depuis des endroits où vous n'aviez pas bloqué de billes et que vous ne soupçonniez même pas. 
Elles rebondissent de tous les bords sur les bumpers et sur les bandes dans toutes les directions imaginables que vous permettent les six yeux de vos têtes diverses, jusqu'à ce que vous les perdiez toutes de vue les unes après les autres ou que vous tiltiez l'engin dans votre frénésie à toutes vouloir leur rentrer dans le cul en même temps, et vous laissez tomber en vous rappelant qu'y a Facebook et Netflix pour passer le temps.

Mais peut-être vous est-il arrivé de vous demander, pendant que cette folie des multi-billes se poursuivait: "Mais d'où viennent donc toutes ces putains de billes?" 
J'ai toujours, pour ma part,  supposé qu'il y avait un mécanisme caché sous la table, qui se servait dans un réservoir de billes pour les bombarder sur le terrain de jeu. Mais depuis, j'ai appris un truc ou deux sur l'astronomie, et découvert qu'il existe un autre endroit d'où peuvent provenir ces billes: Le nuage d'Oort.

Mais avant d'aller plus loin, faut savoir que le nuage d'Oort est purement théorique. Mais son existence a été prédite en se basant sur la version "multi-billes" de notre système solaire - pour les nommer, les comètes. 
Certaines d'entre elles orbitent prés de notre soleil à quelques années d'intervalle. Les orbites de ces comètes dites à "périodes courtes" ne sont pas gigantesques, et la plupart sont issues soit de la ceinture de Kuiper, à environ 30 à 50 UA (1 UA = Unité Astronomique équivalent à la distance Terre-Soleil), soit du disque au juste au dessus qui s'étend de 30 à 100UA.
Ces régions commencent presque pile-poil à la distance où se situe Neptune par rapport au Soleil, et elles n'ont rien de mystérieux. En tous cas, rien d'aussi mystérieux que le mode multi-billes de nos flippers. Les astronomes observent les objets de la Ceinture de Kuiper en permanence, sans problème - probablement avec des paires de jumelles de théâtre un chouïa plus sophistiquées. 

New Horizons, la sonde spatiale lancée en 2006 et qui a fait coucou à Pluton y a pas longtemps, est actuellement entrain de traverser la Ceinture de Kuiper. C'est pas loin, pas plus loin que le bar du coin.
Le nuage d'Oort est sensiblement plus éloigné, occupant l'espace quelque part entre 2000 à 100 000 UA, plus ou moins une année lumière. (qui mesure plus ou moins 50 000 UA. Donc le calcul est bon!).
Pour vous donner une idée, vous vous rappelez de la sonde Voyager I lancée en 1977? Vous savez, à l'époque où les gens jouaient vraiment au flipper (parce que c'était soit ça soit le ping pong, pauvres tarés primitifs qu'ils étaient à c't'époque là). Ben cette sonde a voyagé plus loin qu'aucun autre engin fabriqué par l'homme; techniquement, elle est entrée dans l'espace interstellaire, et voyage à la vitesse supersonique de 60 000 km/h (un chouïa plus vite que nos Rafales ou que la Ferrari de Jean Alési; mais dîtes rien à la patrouille de gendarmerie spatiale, siouplaît); Voyager I devrait atteindre le Nuage d'Oort dans à peu prés 300 ans - soit environ 290 ans après que les radio-isotopes du combustible de ses générateurs atomiques n'aient rendu l'âme. C'est donc une épave radioactive mais muette qui arrivera sur place si elle y arrive, donc elle nous racontera jamais ses trouvailles.

Donc le nuage d'Oort est une grosse boule spatiale hyper-lointaine, c'est ce que je m'escrime à tenter de vous expliquer. Á l'intérieur de laquelle se trouvent en théorie des trillons (le chiffre 1 ou plus suivi de 12 billes) d'objets d'au moins un kilomètre de diamètre. 
La plupart d'entre eux sont de gros glaçons ou iceberg flottants, mais une  mineure partie d'entre eux (quelques milliards: un chiffre suivi de 9 billes) sont des astéroïdes rocheux qui se sont mélangés aux glaçons juste pour foutre la zone comme dans notre flipper.
On pense - on sait pas trop qui - que ces objets formant ce nuage proviennent des débris laissés après la formation de notre système solaire, lorsque "le disque protoplanétaire" d'origine a étendu ses tentacules qui se sont plus tard agglomérées pour former Saturne, Jupiter, la Terre et tout le reste de la bande. Certains théorisent même qu'une partie du nuage d'Oort - jusqu'à 90% de sa population sur la partie externe - proviendrait d'étoiles soeurs qui se trouvaient beaucoup plus proches aux premiers jours de notre Soleil - qui je vous le rappelle, est aussi une étoile, quoique toute petite -, et qui auraient postillonné leur bave à travers toute notre proche banlieue cosmique.
Mais si personne n'a encore pu encore voir ou observer le Nuage d'Oort, qu'est-ce qui les laisse penser qu'il existe et qu'il se trouve bien là ou qu'ils disent? 
Pourquoi ne pas supposer qu'il n'y a rien de tout ça?  
Ben c'est à cause des comètes dites à "périodes longues", voilà pourquoi. Lorsque les astronomes traquent les orbites de ces comètes, ils se rendent compte que certaines d'entre elles font des circuits non pas de quelques années mais bien de siècles et même de millénaires. 
Et, à la différence des comètes de la Ceinture de Kuiper qui s' étend à plat parallèlement et sur le même plan que nos planètes, ces machins à périodes longues arrivent de tous les coins de l'espace comme les multi-billes sur nos flippers.
Alors voilà, vous en savez maintenant autant que moi sur le Nuage d'Oort. Plus loin que porte nos yeux ou instruments, englobant notre système solaire et faisant occasionnellement tomber une petite partie de ses trillons de postillons dans nos flippers. Ding dong, Multiball!
Maintenant, je serais vous, je demanderais au Pape d'organiser une prière universelle au Grand Souffleur: Qu'il éternue un bon coup afin que son souffle divin envoie ce nuage squatter un peu plus loin, et si ça suffit pas, qu'il nous fasse un monstrueux pet protobionique pour l'envoyer  carrément calter dans un trou noir.
Merci d'avoir suivi.

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