4 janv. 2020

379. Impolitiquement correct


Méa culpa, j'avais commis une grave erreur. J'avais prêté toute mon attention à la dernière campagne présidentielle peu de temps avant les élections.
Voyez-vous, les campagnes électorales pour moi, c'est un peu comme les jeux Dieux du stade, disons les Olympiades. Ça revient régulièrement. Ça permet en général à tout un tas de gens de s'habiller de T-shirts patriotiques en agitant de petits drapeaux, et à déclamer des trucs sur leur pays à qui veut les entendre. Les médias couvrent sans fin ces événements. Et il y a plein de gens qui marchent à fond là-dedans. Super sérieusement investis pour leurs équipes. 
Des Fans, des vrais, qui ont payé leurs billets et tout. Je peux comprendre ce genre de trucs, si par exemple, vous le faites pour supporter votre gosse à son match de basket du dimanche matin, ou votre femme à sa compète d'aérobic. Tant que ça reste en famille, ça va. Mais sinon, ça fait trop le genre spectacle. 
Pas que je sois contre les spectacles, que nenni, y en a qui sont sympas des fois, y en a même des rigolos. Et si personne ne les regardait, ça s'appellerait plus des "spectacles". On appellerait ça, je sais pas, moi, "Élysée Moi TV" ou un truc dans ces eaux là... 

Et les gens - même ceux qui ne sont pas personnellement impliqués - semblent vraiment aimer ça. Le spectacle se vend bien, je suppose. Dans le même sac que les Reality Shows, les Koh Lanta ou autres Dance avec les Stars, les trucs remplis de paillettes tels que les Jeux Olympiques et Grands débats, Grande Confrontation, Championnat du monde WBA et ce genre de trucs. 
En fait, je crois qu'ils ont les mêmes sponsors. Je crois bien.

Alors y a des gens dotés d'une haute capacité pour le spectacle. C'est super, parce que c'est pas ça qui manque sur le marché. Moi, j'aime bien les petits spectacles. Genre la danse aquatique synchronisée avec les danseuses en maillots hyper moulants, ce genre de trucs, mais pas avec les jambes poilues des protagonistes du Grand Bain de Gilles Lellouche.  
Ça, c'est assez cool, et je peux comprendre l'utilisation des vuvuzuelas quand toutes les paires de gambettes rasées de prés nous font des clins d'orteils langoureux et prometteurs. 

Personne regarde ce genre de trucs chez moi, sauf moi. Dans ce genre de compète, seuls les membres de la famille des danseuses, les fans de la nation hôte et deux-trois touristes albanais sont dans les tribunes, poussant des cris de chimpanzés et des coups de sifflets grivois à tour de bras. Yop, trop top.

La politique, pour moi, c'est kif-kif. Même situation, vraiment. Un tas de gens qui ont marné longtemps pour arriver là où ils sont, mais qui n'ont jamais fait ce genre de trucs auparavant, et qui sont pas tout à fait sûrs de comment s'y prendre. 
C'est pour ça qu'ils ont des coachs. Ils n'ont pas le droit à l'erreur, jamais, peuvent pas avoir tort, ni montrer de faiblesses, ni dévier de leur message ou même reconnaître la pression intense qui pèse sur leurs épaules, tout en faisant croire à ceux qui les regardent que tout ça reflète leur nature profonde, que tout ça leur vient naturellement, que tout ça fait partie de la nature humaine. 
Ou, en ce qui concerne les campagnes électorales, de la nature politicienne.
Évidemment, la fascination à les regarder est quelque peu différente. Les athlètes olympiques, on se demande comment ils arrivent à nous pondre les trucs qu'ils pondent. Nageant si vite, patinant si dur, sautant si haut au dessus de leurs perches, etc. C'est comme s'ils parvenaient à altérer la réalité en y incluant des faits d'armes extraordinaires d'adresse et de force, de vitesse et de grâce. 

Tandis qu'avec avec les candidats politiciens, le truc incroyable, c'est le spin. Rien n'a jamais approché d'aussi prés la physique quantique. 
Ils ne remuent pas le ciel, ni la terre ni des pierres de curling pour changer la réalité; ils font juste que de parler de le faire jusqu'à ce que, dans la tête de certains, la réalité soit altérée. 
C'est ça, la magie de leur vaudou. Ce mec n'a jamais perdu, et cette dame n'a jamais dit ça. Ces chiffres sont inexacts, et ces questions ne sont pas celles qu'on se pose ni celles dont nous étions convenus.

Les Olympiades sont une série d'événements où un troupeau de sportifs se bat pour créer une réalité dans laquelle l'un d'entre eux va gagner et repartir avec une belle breloque dorée. 
La politique est une série d'événements où un troupeau encore plus restreint se bat pour créer une réalité dans laquelle l'un d'entre eux a toujours tout gagné, toujours, une réalité où il n'a jamais eu et n'aura jamais tort, et remportera un super bureau dans un des salons dorés de l'Elysée pour cet exploit. Je suis pas sûr que ce soit "mieux", même en étirant jusqu'au point de rupture mon imagination. 
Mais c'est sûr que c'est plus spectaculaire.

Le truc, c'est que je me lasse rapidement des spectacles prolongés. Y a assez de télé réalité comme ça dans la pub, et deux trois jours de Jeux Olympiques suffisent à me barber assez rapidement. Pareil pour les campagnes électorales. 
Ce qui est parfait, parce que généralement, je n'commence à m'y intéresser que deux-trois jours seulement avant le jour de l'élection. Je trouve ça plus sain si vous voulez tout savoir. Même les Olympiades ont le bon sens de ne pas dépasser les 2 semaines au maximum.
Mais là, ce qu'on a vu avec l'érection présidentielle, puis avec les législatives européennes, beaucoup plus de spectacles que ce qu'on a jamais pu voir auparavant et j'ai pas pu m'empêcher d'y jeter un oeil pervers comme dans un peep-show.
J'ai regardé deux-trois débats. J'ai vu une parade de clowns maniaques sur BFM 
et consoeurs, tous attelés à démontrer et démonter consciencieusement ce que le précédent venait de dire, puisque chacun d'entre eux, rappelez-vous, a son cheval favori pour la course. 
Et le spin, putain, le spin ! Comme si on était ceinture de sécurisé à l'intérieur d'une machine à laver en mode essorage pendant trois heures.

Je suis fait. Rempli jusqu'à l'os. Mon spectaclomètre a disjoncté, et j'ai eu ma dose jusqu'aux prochaines élections. C'est quoi déjà, les municipales ?
Ah ouais, le printemps prochain. Et ensuite, va y avoir un creux jusqu'en 2022, les prochaines présidentielles et les Olympiques. On va être privés de spectacle pendant deux ans après les municipales. Et celles ci ont déjà commencé avec la foire d'empoigne pour la mairie de Paris qui vient de commencer. Benjamin le Grivois LGBTiste et Cédric le Matheux, quelle vilainie ! 
On irait bien y tremper un orteil juste pour tâter la température, mais c'est un bassin olympique en eaux profondes et remplies de spin et de squales, de cris et de coups de surins dans le dos. Et y a pas de pataugeoire pour les frileux. Même pas d'échelle pour sortir de l'eau. 
Et je suis presque sûr qu'y en a qui pissent dedans. Beurk. 

Pourraient pas nous pondre un show mémorable, un show unique, un show grandiose, genre un concours d'Hara-Kiri ? Pas de sushis, ne craignez rien, je suis même sûr qu'y aurait un regain d'intérêt général, je suis même quasiment sûr d'être certain qu'on y verrait plus de fans équipés de pierres et de fusils pour aiguiser leurs lames que de gilets Jaunes sur les champs en Novembre 2018 . 
Du jamais vu !
Non, leur genre d'électo-shows ne vaudra jamais les electro-shows de Queen et de Freddie, mais vu que ce dernier nous a tiré sa révérence, et que les prochaines olympiades et  présidentielles ne débuteront pas avant une vingtaine de mois, y a de fortes chances que je me laisse enfermé dans une cellule capitonnée d'ici là, à me laisser gaver d'électrochocs. 
The show must go on, qu'y disent, ben ouais, sinon ils auraient obligation de rembourser les billets. 

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