20 avr. 2008

309.Ni mat ni brillant


Je me suis récemment penché sur l’anonymat qui prévaut sur l’internet. Tellement en fait, que ce Blog que vous avez sous les yeux est né, en partie, du désir d’exprimer mes pensées avec plus de responsabilités liées à elles.
Je pourrais bien sûr vous dire que je suis fatigué du manque d’intimité inter-personelle qui nous est imposé au travers de pseudos et de comptes d’utilisateurs, d’adresses mail cachées et de profils vierges ou qui n’ont pas de sens quand ils ne sont pas tout simplement élaborés dans l’unique but de faire fantasmer l’assistance. 
Mais vous le savez probablement déjà, petits fûtés que vous êtes!

Nous nous délectons dans notre liberté de penser, mais souffrons d’une profonde anxiété au simple soupçon qu’une personne représentant un tant soit peu de responsabilité ou de pouvoir sur nous puisse être au courant. C’est mon cas. Parfois. De plus en plus, rrrontudjuuu.

Alors on crée des facsimilés élaborés de nos personnes, nos noms disparaissent, puis nos photos, on se crée des avatars – parfois destinés à éblouir les petites pisseuses. Nous exposons toujours nos vérités mais nous le faisons en tant que fantômes, costumés en cavaliers de la nuit. Comme le chantaient les Allman Brothers, (contemporains de Lynyrd Skynyrd et aussi rebelles que ces derniers), ‘we run to keep on runnin’, cuz we ain’t goin’ to let’em catch us’.
Y’en a même qui passent tellement de temps à protéger leur graisse ou leurs identités en ligne qu’ils perdent de vue la réalité essentielle de leur présence sur le net : communiquer. Certains d’entre vous s’écrieront que c’est hors de propos, comment la personne qui connaît votre identité peut-elle avoir une quelconque indication sur le sérieux ou non de mes propos ?

En étudiant cette question d’un point de vue métaphorique, imaginez que la matière première de notre communication soit représentée par un mémoire ou par une thèse. Qu’arriverait-il si nous soumettions aux comités universitaires la même thèse sans citations, sans références aux travaux d’autres auteurs et signées ‘auteur inconnu’ ?

Ah! Je vois bien que vous commencez à présent à comprendre où que je veux en venir. En choisissant de fuir nos responsabilités en nous cachant derrière un masque numérique, nous perdons toute substance que nous pourrions autrement être capable de dispenser. 
Nous nous rendons le pire service en refusant de valider nos propres mots.

Bien qu’il soit clair qu’il existe des millions de personnes fréquentant les adresses de messagerie et les forums, élaborant des Blogs et déversant leurs joies et leurs rancœurs sur des journaux en ligne ou des sites Web tels que MySpace…, il y a un décalage entre dire ce qu’on pense et l’appropriation de ces mêmes pensées. 
De multiples façons, avoir une opinion en ligne et revendiquer cette opinion, c’est comme voter pour cette opinion aux yeux de tous. Même si c’est une perspective terrifiante, n’est-ce pas là notre responsabilité ?

Pas seulement envers nous-mêmes mais envers tous ceux avec qui nous partageons cette planète ?
Qui sait, peut-être pouvons nous changer le monde, mais nous devons avoir le courage de lever les mains et de gueuler ‘Hey, regardez-moi, je vous pisse à la gueule ! »

Note de la Rédac: Pour sa tranquillité personnelle, notre collaborateur a préféré garder l'anonymat.