17 déc. 2007

292. Repentez-vous tant qu'il est tant...


“Désolé” un est mot qui me fait marrer. Enfin, façon de parler... 
Non mais sans déc’, que signifie-t’il ? On dirait qu’il a été cultivé jusqu’à le rendre insignifiant. Les gens disent qu’ils sont désolés à tellement de carrefours de la vie qu’il est devenu difficile de savoir ce qu’ils veulent dire.

Si vous aviez la témérité de poser la question au petit cynique qui se cache en moi – hem, okay, pas si petit que ça -, je dirais que la plupart du temps où les gens disent “désolé”, ils veulent seulement dire je suis désolé de vous avoir affecté et je me sens un peu coupable” ou pire encore, “Je suis désolé que le fait de vous avoir dépassé de trois têtes dans la vie vous ait affecté si profondément, mais je m’en branle et je m’excuse seulement pour vous faire croire que je suis pas si pourri que ça”.

Pensez-y, même rien qu’un tout petit peu – la plupart du temps où quelqu’un s’excuse auprès de vous pour quelque chose d’un tant soit peu grave ou sérieux – comprenez : émotionnellement, pas comme quand ils ont piétiné accidentellement vos plates-bandes, comprenons-nous bien -, c’est comme s’ils disaient: “Oups, je suis un gros con trop égocentrique pour avoir considéré vos sentiments avant de faire quoi que ce soit que je devais faire pour me rendre heureux. Dans l’espoir que vous ne me prendrez pas pour une salope, je vous fais mes plus plates excuses afin de m’assurer que je pourrai continuer à le faire demain ainsi que les jours qui suivront.”

En essence, je pense que si vous êtes vraiment désolés, alors c’est ce que vous auriez dû être en premier lieu. Les actes signifient plus que les mots dans ce cas de figure et ça devient alors un engagement plus que ardu. 
Si les gens étaient réellement capables de changer, ils n’auraient pas attendu d’atteindre la masse critique avant d’agir en conséquence et de cesser d’être des trous de balle.

Alors parfois, dire qu’on est désolé ne suffit pas. Etre désolé ne suffit pas. Certaines attitudes sont tellement dégueulasses qu’être désolé ne vaut plus le prix d’un pet de lapin. 
Certaines personnes pensent que le fait de le dire remettra leurs compteurs à zéro. Ou que du moins se retrouveront-ils pour un certain temps dans une espèce de zone grise, de purgatoire ou en conditionnelle. 
Imaginez si la justice fonctionnait comme ça. Montrer du remord pourrait vous apporter un petit pourcentage d’indulgence du Tribunal, mais pas une remise de peine ou un non-lieu. 
Pas si vous avez violé la petite nièce de votre voisin. Pour vous, ce sera la taule pour de longues années. 
Et si votre voisin a de la chance, c’est vous qui vous en prendrez plein le fion sous la douche dans les jours qui suivront.

Si vous avez pour habitude d’enculer vous-mêmes votre entourage, alors attendez vous à entendre plein de “désolés” autour de vous - car on ne reçoit que ce qu’on donne - et à vous les voir balancer en pleine gueule. 
Si au contraire vous vous situez à l’autre extrémité, ouais, ben attendez-vous à vous voir balancer des “Je vous pardonne” à la face comme autant de gravier métaphorique.

Je veux pas dire que les excuses devraient être abolies. Je demande juste qu’on arrête de se foutre de ma gueule. 
Nous ne sommes pas tous des bons samaritains, je pense plutôt qu’on est tous pourris autant qu’on est, mais la plupart d’entre nous essaient quand même de se bonifier. 
Les autres – ce qui inclut nos politiciens - n’en ont strictement rien à secouer. 
À vous de voir sur quel plateau vous vous trouvez.