11 déc. 2007

287.Réfléxion profanisante


Dans une contrée aux lèvres coincées comme l’est la nôtre, l’anus en dit pas mal sur la culture française. Avec un éventail de surnoms allant des motifs floraux – bouton de rose – aux trucs les plus dégueulasses – pompe à merde -, la rondelle est emplie de complexités et de contradictions. 
Pour certains, elle représente force et contrôle. Ultime vulnérabilité pour d’autres. Elle est délicate et élastique en même temps que résistante, incarne certains de nos besoins les plus profonds – des trucs comme l’intimité, la confiance, et le pouvoir. 
Et même la chance lorsqu'elle est bordée de nouilles. Certains en ont peur, d’autres la fétichisent, et chacun se doit d’y penser un tant soit peu régulièrement.

En tant que sujet de discussion, elle peut provoquer des sentiments allant du stress à la stupéfaction, d’ailleurs je suis quasiment sûr d’être certain que vous l’êtes en ce moment même. 
Quel autre trou pourrait se vanter de se voir associer à la pathologie Freudienne, à la répression catholique ainsi qu’à l’homophobie ? Il s’agit vraiment d’un orifice multi-fonction.

Et bien qu’il symbolise certaines de nos fixations les plus fondamentales, il transcende une autre de nos obsessions collectives : le genre. 
À notre époque et dans cet océan de fluidité sexuelle et de mouvance transexuelle, le cul surnage comme une sorte de territoire charnel neutre. 
Tandis que les obsédés du sexe tentent de ré-imaginer, de s’approprier et même de renommer ces lieux de plaisir que sont les tétons, les chattes, les braques, les clitos ou les cougnettes, tous lieux clairement identifiés comme appartenant soit aux mâles, soit aux femelles, le trou de balle n’est le sexe de personne et le trou de tout le monde – une source de plaisir intarissable ne s’encombrant pas des attentes de la société.

La popularité croissante de ce trou plissé et ce vers quoi elle conduit est indéniable. La sodomie représente la collision fondamentale entre le public et le privé, entre le sacré et le profane : Vous pénétrez l’endroit le plus profond, le plus sombre, le plus sale comme le plus malodorant de votre partenaire pour le ressentir avec votre organe sensoriel le plus développé afin d’apprendre à le ou la connaître à travers un acte érotique vilipendé et enrobé de tabous sexuels. 
Au cinéma, la sodomie est la plupart du temps dégradante ; dans certaines vidéos gays, le fist-fucking est décrit comme une expérience transformationnelle. 
Dans les films pornos, on dirait que c’est un peu des deux, reflétant la capacité des rapports anaux à être représentés en tant qu’intenses violations, révélations frappantes ou comme n’importe quoi d’autre qui fera éclater mes fantasmes comme bander vos neurones.