4 déc. 2007

281.Orgasmes féminins et couacs de l’évolution


Petite introduction toute courte qui ne s'éternisera donc pas longuement. C’est plus ou moins comme ça: les mâles humains (en bonne santé et normaux comme moi) atteignent l’orgasme durant leurs rapports sexuels au cours de pratiquement 100% de leurs sessions – que cette session se passe en couple ou avec ma main droite moîte.
La femelle humaine non. Elle est plus compliquée – scoop archi sérieux! Chez elle, l’orgasme se présente de manière bien différente: certaines femmes atteignent l’orgasme presque à chaque fois, d’autres de temps en temps seulement, d’autres rarement et certaines jamais (avec tous les gris intermédiaires du spectre pour les daltoniens). Pour infos in situ, rendez-vous au harem d'Archimède.
Je me réserve ma louve, et ouais, je suis pas partageur.
En plus, il existe des différences individuelles, selon les époques et les situations plus ou moins propices, de sorte qu’une femme peut appartenir à n’importe lequel de ces groupes selon les époques de sa vie, et même au cours d’une même année ou même, demandez à la louve, d’une même journée.

Cette différence de traitement entre l’homme et la femme apporte une lueur nouvelle sur le dossier de l’orgasme du point de vue de l’évolution évolutive – Pourquoi donc est-ce donc qu’au cours de l’évolution, l’orgasme a été sélectionné de manière si positive chez l’homme, et si aléatoire chez la femme?
En fait, les différents groupes de femmes
(les nymphes organiques et orgasmiques, celles qui viennent de temps en temps, celles qui l’atteignent rarement et les victoriennes frigides qui n’y arrivent jamais) s
C’est pour ça qu’il y a de fortes discussions (entre scientifiques mais aussi entre moi et Marylou) qu’on peut lire dans divers ouvrages sur le thème ou en écoutant nos discutions privées quand je me retourne sur le cul des demoiselles en descendant la rue Bichon. Et les conclusions divergent totalement.
Tim Spector , dans une étude faite sur un échantillon – sacré veinard – de 4000 femmes, nous dit que “l’orgasme féminin est sous pression sélective positive – ce qui voudrait dire (selon lui) que ce dernier serait le mécanisme qui permettrait à la femelle humaine de sélectionner le mâle adéquat”.

Couac! Illico prestement surgirent les antagonistes à l’explication du Spectre. Elisabeth Lloyd , dans son livre intitulé Le cas de l’orgasme féminin, un don du ciel " écrivit exactement le contraire. Et je serais plutôt d’accord avec elle. Parce que, dit-elle, la même étude de Spector démontre que l’orgasme a chez la femme une héritabilité de 30% de sexe copulatif et de 43% de caresse intime et solitaire.
“Ceci" – dit Spector - "démontre que la difficulté qu’éprouve la femme à atteindre l’orgasme agit comme un filtre évolutif avec lequel celle ci sélectionnera les mâles adéquats.”

Deuxième couac! Rien à voir. Ces fréquences ne prouvent rien – parfois il est vrai que la masturbation a plus de sexe à pile sex appeal que l’acte partagé. Ce qui veut dire et selon lui, que les femmes pourraient choisir un sexe à pile comme compagnon de route ( le seul couac étant qu’un vibromasseur peut pas descendre les poubelles ni cracher la sauce, quoiqu’il parait – et hop, vous avez vu, un couac de plus! – qu’ils en fabriquent désormais des modèles dotés d’un réservoir thermique et d’une petite électro-pompe qui vous éjectent tout ça.)

Il existe une autre possibilité évolutive intéressante – que l’orgasme féminin soit tout simplement un sous-produit de la toute puissante sélection positive reçue de l’orgasme masculin. C’est à dire, la potentialité biologique de l’orgasme existerait dans tous les embryons, même ceux qui finissent en fausse couche – s’il s’agit d’un mâle, elle se développera, s’il s’agit d’une femelle, elle ne le fera pas ou presque pas.
Aaah, je commence à venir là…, ouiii.

Il existe de nombreux cas où les caractéristiques se maintiennent en tant que “sous-produits” d’une variante différente et plus puissante. Les tétons par exemple, ou le clitoris. 
Les tétons du mâle humain, petits certes, inertes et bons à rien, sont un “sous-produit” de la puissante sélection positive qu’a reçu le sein de Britney Spears au cours de l’évolution. 
Pareil pour le clitoris qui n’est que le “sous-produit” d’un lointain puissant ancêtre nommé Pénis. Les trois sont toujours là, - les tétons, Britney Spears et le clitoris – parce qu’il faudrait dépenser colossalement plus d’énergie pour les effacer que pour les maintenir latents. 
En plus, ce sont des caractéristiques gouvernées simultanément par divers gènes en même temps, donc à régulation archi-compliquée.

Alors, demanderez-vous, se pourrait-il que l’orgasme féminin soit un indicateur “de plus ou moins grande fertilité”? Non. Il n’existe aucune évidence suggérant que l’orgasme féminin soit associé d’une manière ou d’une autre à la fertilité.
Un point social à prendre en compte toutefois – nous autres humains sommes d’origine simiesque et en tant que tels, nous avons conservé jusqu’à un passé très récent les structures familiales héritées de la tribu, typique des grands singes si je puis me permettre. 
Chez ces derniers, la polygamie de série, la concomitance et la polyandrie sont choses communes.

Le couple monogame est un phénomène tout à fait moderne, trop neuf en fait. Et aussi vrai que chez la femelle humaine l’orgasme féminin pourrait tenir une importance vitale, l’évolution n’a pas encore eu le temps de se mettre au diapason pour le sélectionner positivement. 
Le fera t’elle dans le futur? Oui je le pense, à condition toutefois que le statut quo social régnant entre l’homme et la femme moderne se maintienne stable durant le temps nécessaire et qu’on fasse pas étouffer la planète en remplissant plus souvent nos envies et nos caddies que nos petites amies.