15 mars 2007

234.Parlez moi d'un trip...


Le voyage est un mythe. Quel que soit son motif ou son but. Les voyages ne font qu’ouvrir un espace dans la réalité quotidienne, - duquel on doit peu à peu s’extirper afin de retourner dans l’engrenage du quotidien.
Les voyages ne sont que des mini-fictions.
Et pourtant, il est impossible de prouver scientifiquement l’existence d’un voyage. Il n’en reste en général que de vagues saveurs, des visions indistinctes et une mémoire chargée de souvenirs qui pourraient s’avérer incertains.


Je me méfie de mes voyages comme de ma mémoire.


Si les tremblements de mes mains étaient des signaux sûrs de l’existence de mes voyages, ça pourrait signifier que je voyage fréquemment. Si c’était plutôt un creux dans l’estomac, alors ça pourrait démontrer que je rentre de voyage tous les matins en sortant de ma torpeur. Si le signe relève plutôt d’une peau hâlée comme celle de Cristalle B, alors ma naissance n'eut certainement rien à voir avec un retour des Galapagos.


Quoi que ce pourrait être le contraire.


Et l’espace depuis lequel je tape mes embrouilles, celui dans lequel je me brosse quotidiennement les dents pour faire plaisir à mon enfoiré de dentiste nazi, cet espace là pourrait bien être en réalité l’espace de mes voyages.
Peut-être bien que tous ces ports et toutes tous ces rades dont se souvient mon esprit, ces personnes et ces feuillages, ne sont en réalité que l’endroit où je me prélasse. Peut-être même que la ville dans laquelle je crois vivre n’est qu’une étape intermédiaire, ou du moins une escale avant le prochain voyage.

Et peut-être aussi que la mémoire, cet endroit vilipendé victime de maintes critiques, serait un lieu plus réel que celui que dévoile nos sens.
Et chaque voyage une trajectoire vers ce même lieu.
Et en chaque lieu, les mêmes personnes, les mêmes attentes, les mêmes euphories, les mêmes douleurs.
Mais peut-être encore faisons nous tous partie intégrante de cet espace…, que c’est lui-même que nous habitons...