5 janv. 2007

227. Me, myself and I: Come d'hab', Doc!


Bon, je vois bien, à la vitesse d’escargot à laquelle défile mon compteur depuis que je suis en rade sur mon navire que le dicton se justifie : Quand le chat n’est pas là, les souris pointent pas leurs museaux près de la souricière. Mais bon, on vient de passer en 2007 alors je me suis dit que pour vous ragaillardir un petit peu, fallait que je vienne vous exciter les neurones. Donc acte
:

C’est pas ma faute si je suis comme ça. Non, c’est pas ma faute, c’est juste celle à mon alter ego qu’arrête pas de m’embrouiller. J’ai une dualité exacerbée, ma mère arrêtait pas de me le rabâcher. Marylou, qui m’adore comme trente six mères, n’a pas traîné pour prendre le relais…

« Hey, Captain’, tu vas passer pour un charlot si tu ramènes ta fraise là-bas nipé comme ça. »
Je regarde mon reflet dans la glace de l’armoire de ma cabine. Qu’est ce qui m’veut ce con, y’m’va très bien ce T-Shirt noir imprimé ‘ECILOP’ en grosses lettres blanches des deux côtés.
« Mais non, vieux snobard, ça va jeter, te fais donc pas d’bile. »

On arrive donc au ‘Picardie’ de Pointe Noire pour ce réveillon de la Saint Sylvestre. Et c’est plein de marins, de matafs de toutes les nations comme on pouvait s’y attendre - surtout croates à la peau moîte (il y a presqu’autant d’ex-yougos sur les rafiots que têtes de noeud immaculées à l’UMP, c’est vous dire) -, c’est plein de lampions et de guirlandes, et plein de gazelles à peau d’ébène. Ça saute de partout, Saga Kikongo, ambiance Kouilou, la Ngok, bière locale qui fait gonfler le bidon et le Gin Tonic, magicien des matins qui déchantent, qui coûlent à flots.

Sauf que les sauteries où vous ne connaissez quasiment personne peuvent s’avérer intimidantes.
Je peux pas rester dans l’entourage de mon équipage croate toute la soirée – à essayer de comprendre les mots placés entre les Kurva, les Kurac et les ‘Pichku materinu – comme une espèce de mère poule autour de ses canetons - ou serait-ce l’inverse - ou pire encore, j’exagère rien, vous me connaissez, comme un tournevis sans manche.

Tant bien que mal, j’arrive tout de même à faire resurgir du fond de mes souvenirs quelques uns de ces arts martiaux sociaux dont je me servais si bien du temps de l’Hydro à Saint Malo, je m’enfonce dans la fosse aux lions, prêt à faire jouer mes talents de grand prêtre du romantisme hexagaulois exacerbé.

Et qu’est ce qui devait m’arriver me tombe sur la gueule sans crier gare: juste alors que je commence à me sentir un chouïa plus confortable en compagnie d’une plantureuse congolaise en extase devant mon T-shirt et mon porte feuilles, mes yeux trahissant leur émerveillement devant les siens de biche époustouflante, deux hanches parfaites et le paquet de strass sur sa poitrine qui lui donne cet air tellement véridiquement subliminal, vlà que se ramène cet immense Dalmate bronzé et aux épaules démesurées débordant d’un débardeur noir avec le sigle… ‘FBI’ imprimé dessus en grosses lettres blanches!!!

Ajoutez à ce phénomène une sirène technicolor sur le biceps gauche et la dague des forces spéciales yougo-slaviennes sur le bras de l’aut’ bord.

Fuckin’hell, je l’ai dans le cul trop profond ce coup là.
Ouane more time.

« Et ouais, barre toi. Je t’avais prévenu de pas t’mettre ce putain de T-shirt à la con.
Mais tu m’écoutes jamais, regarde toi main’nant, regarde la situation désopilante dans laquelle tu viens d’te mettre avec tes bras de has-been tout blancs grêlés de tâches de rousseur ! Tu vas passer le reste de la moitié de ton réveillon à passer pour un poseur minable face à ce géant. »

« Hey, tu sais quoi, toi ? »
« Quoi ? »
« Tu m’gonfles. Je t’arrache de ce putain de trou. »
« Super, je veux pas qu’on me voit avec toi dans c’t’habit de clown de toutes manières. »
« … Hem, how’zit goin’ ? » nous interrompt poliment le géant de tout à l’heure en se détournant un instant de mon ex - future fiancée.
« Heu, me ? Just fine, I was just going to get going, » je lui dis.
« Oka positivo. » qu’y m’répond. « Au fait, je aimer beaucoup ton T-Shirt, la police ça impressionner toujours beaucoup les pichkas. »
« Hvala, merci, » je lui retourne. « C’est un cadeau de la mienne. » Puis je lui souhaite le bonsoir, la bonne année - qu’il aille se faire mettre au Kossovo – et tout et tout puis je me dirige vers la sortie et les rades des quais de Boscongo. Putain de Saint Sylvestre de merde. Encore heureux que ma louve a pas vu ça…


Mais elle perd rien pour attendre, la cocotte…