6 juin 2006

181.Si vis pacem, para bellum

Quelle que soit la question, « Belligérance » sera toujours la réponse. Je viens d’apprendre que parfois, c’est ce que vous ne dîtes pas qui compte.
Concrètement, je me suis rendu compte que toute phrase se terminant par « et qu'est ce que tu/vous essaies/essayez de me dire. » ne peut que vous foutre dans la merde. Avec un ‘M’ majuscule et un ‘e’ en italique. J’ai eu longtemps pour habitude récurrente de le faire et ça me semblait une bonne idée - jusqu’à maintenant je veux dire- en guise de frappe préventive envers toutes les choses négatives que les gens pouvaient penser sur moi. Ce qui semblait arriver souvent, je dois l’avouer. Ainsi tenais-je ce genre de conversations :

Le directeur technique de mon ex-armement: Dîtes, avez vous enfin terminé la liste de dry dock que je vous ai demandée depuis le mois de septembre?
M56: Eh bien, j’en ai pas fait des boulettes pour manger avec mes spaghetti si c’est ce que vous essayez de me dire.
Mon ex-directeur technique: Hem..., bien, dans ce cas...

Ou celle là:
Le copain (au téléphone): Mec, j’ai deux billets pour le concert de Willie Deville à Lorient. Tu veux venir?
M56: Bien, je dis pas que je préfère rester chez moi à fabriquer une poupée vaudou avec de la patte à modeler et des cheveux que j’ai ramassés dans le drain de ta douche pour te poignarder parce que t’as osé proposer ça à ton beauf avant moi si c’est ce que t’essaies de me dire.
Le copain: Euh…ça veut dire ‘non’?
M56: Sûr! Passe me prendre à 7heures et demie!

Ou encore:
Marylou: Mon chat, tu vas pas finir ta tarte à l’oignon?
M56: Ben je vais pas la benner dans mon bermuda et sortir dans la rue pour compter combien de frelons vont me filer le train si c’est ce que t’essaies de me dire…
Marylou: Euh... non, c’est pas vraiment ce que j’essayais de te dire.
M56: Bon, dans ce cas je crois que je la finirai demain matin. J’adore le miel dans la tarte à l’oignon.

Mais voyez-vous, tout ce que ça a toujours fait a toujours été de me foutre dans la merde. J’ai réalisé que je ne faisais pas qu’étouffer ces pensées ridicules dans l’œuf mais qu’en fait, je les plantais dans la tête des gens. Quel con j’étais de croire que les gens pussent être aussi fêlés que moi ! Alors maintenant, j’ai un nouveau plan pour garder les gens sur la défensive, - juste en cas, vous voyez ? – je réponds à chaque question avec la phrase suivante et d’un ton acerbe :
« Et qu’est ce que vous entendez par là ? ».
C’est vrai que ça rend parfois les choses un peu cocasses, comme par exemple au restaurant :
Le garçon: Puis-je prendre votre commande, Monsieur?
M56: Qu'entendez vous par là, je vous prie?
Le garçon: Rien. Rien monsieur. Je demandais juste si vous étiez disposés à passer votre commande. Pas de problème. Mais peut-être souhaitez vous que je repasse plus tard ?
M56: Et qu’est ce que vous entendez par là?
Le garçon: Hum… eh bien, euh… seulement que vous avez peut-être besoin de quelques minutes supplémentaires pour vous décider, monsieur. Mais je peux prendre votre commande maintenant si vous êtes prêts. Avez-vous fini par décider de ce que vous vouliez ?
M56: Non mais qu’est ce que vous entendez par là exactement?
Le garçon: Regardez, monsieur, tout cela devient extrêmement fatigant. Soit vous me passez votre commande maintenant, soit je repasse dans quelques minutes. Sinon, je me verrai dans l’obligation d’appeler le directeur. Ce n’est pas ce que vous souhaitez, n’est-ce pas?
M56: Hé ho bouffon, mais qu’est ce vous entendez par là très exactement?
Le garçon: Alors là, ça suffit! J’appelle le directeur. Le personnel n’a pas à supporter ce genre de comportement, monsieur!
M56 (à Marylou): Quel loufiat susceptible! Et dire qu’on m’avait dit qu’on trouvait ici un service diplomatique et soigné. Tss.
Marylou: Arrête de faire l’idiot, mon chat. Et sors ce bout de tarte à l’oignon de ton bermuda…

Vous voyez, le système n’est pas encore parfait. Mais quand même mieux que l’ancien. Peut-être qu’un jour, j’évoluerai vers « C’est à moi que vous causez ? » ou le plus classique mais pourtant très efficace et très menaçant « Quuuuuoooooiiiii ? »
En attendant, je fais de mon mieux. Et ça semble fonctionner – les gens me posent moins de questions qu’avant. Ce qui est exactement ce que je souhaitais en fait. Mais n’est ce pas notre but à tous ? Qu’on nous foute la paix de temps en temps ?
Maintenant, qu’est-ce donc exactement que j’entendais par là ?