11 avr. 2006

146.Arrivés sans embrouilles?


Vous devez vous demander où ce lunatique de M56 veut vous emmener? Je pourrais mentir et vous dire que je me suis égaré. Une rapide revue de mes souvenirs révèle que j’ai passé la plupart de mes jours à divaguer dans le brouillard à prendre des décisions qui feraient passer celles d’un Eric ou d’un Ramzi pour du génie.
Je l’avoue pourtant, j’étais dans un désordre total jusqu’au jour où j’ai rencontré Jésus, dans le centre ville de ma ville. Apparemment, il ne trouvait pas le rayon DVD. Normal, vu qu’on se trouvait dans un magasin d’articles de sport. Il me regarda droit dans les yeux quand nous nous croisâmes et me dit : « T’es tellement beau ! » Putain, jamais j’aurais parié que Jésus puisse être florentin ! – ou myope si on veut aller au fond des choses. Je lui demandai s’il était perdu ou quoi. Il me dit que: «Non, mais je pense que toi, tu l’es. » 
Et je réalisai que l’écusson sur les maillots de foot pendus aux cintres était celui de l’équipe des Bleus. Notant que cet écusson était le seul indice que j’avais sur l’endroit où je me trouvais, je demandai à Jésus, « Suis-je au pays qui a autant de pointes que l’étoile de ton ancêtre ? » Jésus me sourit et me répondit « Oui mon fils, tu es dans le seul pays qui peut fièrement se targuer d’avoir un enfoiré de président en même temps qu’un empaffé de premier ministre. » 

Nom de Dieu ! Je l’avais toujours suspecté pour Jako, mais le vil lapin, en voila une surprise. Voila peut-être qui explique pourquoi on a maintenant droit qu’à des tartufes en politique. Mais j’étais perdu. Hagard et confus. Un peu comme un autre de mes héros, le saint patron des saouls perdus et des égarés. Moïse. Pas Charlton Heston, non, l’autre, le vrai. 
Quel mec formidable que ce Moïse là ! Saviez-vous qu’il a transformé un bâton de bois en serpent vénéneux, changé l’eau en sang, fait tomber des nuées de grenouilles et de sauterelles, fait pleuvoir de la grêle incendiaire et chassé le jour pour le remplacer par les ténèbres. (Vous savez, le moment où il a fait disparaître le soleil et tout…). Puis il a découpé la mer rouge en deux et en a écarté les bords pour passer sans mouiller ses sandales, puis il a condamné les Juifs à crever la dalle à toutes les Pâques pour fêter l’événement. 
Vraiment, je lui tire mon chapeau bas, vraiment. Moïse fut aussi le même mec qui conduisit les Juifs lors d’une ballade de quarante ans vers nulle part. Il apparaît que Moïse pouvait faire des miracles majeurs, ce qui n’empêche que ce pauvre taré ne savait même pas trouver la sortie d’un sac poubelle. Ce qui laissa les Juifs perplexes et désorientés. Moïse les avait arrachés à l’esclavage, leur avait produit tous ces miracles de haut vol et les avait sortis d’Egypte en toute sécurité. Fallait quand même lui reconnaître ça.
Mais les Juifs se posaient quand même des questions. Quand exactement allaient-ils arriver à la terre promise, au pays du Miel et des Schnitzels ? Au nom de Yahvé tout puissant, où donc était-ce donc que ce mec là les conduisait-il ? 
Tandis que les Juifs s’arrangeaient pour meubler ainsi leurs pensées tout du long de cette longue et grande vadrouille, il n’y avait pas d’argent dans le désert, pas le moindre shekel, pas la moindre piastre. Ce qui veut dire qu’il n’y avait ni banquiers, ni affairistes, ni lobbys. Ce qui signifie que personne n’était assez rusé pour les polariser en différents camps idéologiques puis les retourner les uns contre les autres. Ils ne faisaient qu’un, suivant un mec un peu déboussolé, mais qui au moins avait une vision. 
Peut-être n’était-ce qu’une hallucination, mais citez moi un seul grand homme complètement sain d’esprit, hein ? 
Nous, à l’inverse - et pareillement - , sommes au milieu de nulle part depuis que notre lointain ancêtre a enterré son papounet à Cromagnon, mais depuis deux ou trois siècles, nous changeons de dirigeants aussi facilement que nous changeons de partenaires sexuels, ce qui revient à dire aussi souvent que nous changeons de trous ou de bites.
Et pendant ce temps, les choses ne font qu’empirer. Petit à petit. Nous sommes plus de 6 milliards à nourrir aujourd’hui. Nous avons de gros problèmes, et le pire, c’est que la plupart d’entre nous les ignorons totalement, tandis que nous nous dépatouillons jusqu’aux genoux dans la vasière de nos problèmes existenciels et mineurs. Peut-être est il temps d’aller au-delà du simple fait de changer de dirigeants comme on change de calbute. 
Peut-être est-il temps de réaliser que nous n’allons nulle part sinon vers le gouffre et que nous devrions utiliser nos cervelles pour retrouver le chemin de nos pénates. 
Du moins, aussi longtemps que nous n’aurons pas eu la chance de croiser un autre lunatique aussi doué que Moïse.