19 avr. 2023

752. Trouble d'identité


TROUBLE D'IDENTITÉ

Le bip des moniteurs est devenu le fond audio omniprésent de l'Unité de Soins intensifs. Je peux pas ouvrir les yeux et je suis coincé, paralysé dans ce lit inconfortable. Je perçois la voix de mon oncle qui me marmonne quelque chose de temps en temps, mais je n'arrive pas à en tirer quoi que ce soit. Je suppose que c'est lui qui s'occupe de moi en ce moment. 
Mon oncle, Jean, est endocrinologue mais je sais pas s'il est l'un des médecins qui me soignent en ce moment ou si je me trouve juste dans un autre hôpital et qu'il est juste venu me rendre visite. 
Je sais pas combien de jours se sont écoulés, mais j'espère que ça n'a pas été trop long. Je ne veux tout simplement pas qu'ils me coupent le ventilo en pensant qu'y a aucune chance pour moi de me réveiller et de vivre à nouveau une vie normale, j'ai pas envie de mourir une deuxième fois. Je dois juste au moins bouger quelque chose, une main ou juste un doigt pendant qu'un médecin ou une infirmière me surveille. Faut que je leur démontre que je suis encore vivant même si je suis toujours paralysé à 99%.

Instantanément, j'entends des pas marcher dans ma chambre de soins intensifs. Timing parfait. OK, je dois juste bouger mon petit doigt et espérer que celui qui est dans la pièce avec moi va le remarquer.

" Ruben," me dit la voix cassante de mon oncle, " je veux te prévenir que je suis désolé d'avance si je te tue accidentellement..."

Une petite minute, qu'est-ce qu'il vient de dire ?

" Pendant quatre ans, j'ai construit cet engin complexe qui peut transférer l'esprit de quelqu'un dans le corps de quelqu'un d'autre, et tu seras le premier sujet de test pour mon expérience. Mais ne t'inquiète pas, je suis convaincu que ça fonctionnera. Il le faut."

Hein?

" Je dois d'abord arrêter ton ventilateur"

Que quelqu'un arrête cet homme ! Il va me tuer !

---o---

Après le son d'un seul bip du moniteur, mes yeux se sont instantanément ouverts. Ils se sont rapidement adaptés au plafond blanc au-dessus de moi recouvert de multiples autocollants phosphorescents. Je m'assis sur mon lit, à bout de souffle, tandis que je scanne en même temps la salle de soins intensifs scrupuleusement impeccable et nickelée.. 

" Je suis en vie..." je murmure avec mes mains sur la poitrine, haletant toujours de façon incontrôlable. Je regarde de nouveau autour de moi et je réalise que mon oncle est introuvable.

" Oncle Jean ?" j'appelle son nom. 

Tout à coup, j'entends plusieurs coups de feu tirés quelque part dans le couloir. Sans avertissement, deux flics font irruption dans ma chambre avec leurs armes pointées droit sur moi.

" Houla ! Q-qu'est-ce qui se passe ? Je lève mes deux bras instinctivement.
- Ferme-la ! gueule l'un d'eux alors qu'ils commencent tous deux à se rapprocher de moi.
- Écoutez les mecs, je viens de me réveiller d'un coma..."

Soudain, trois inconnus, un mec et deux filles, apparaissent derrière les flics avec des pistolets mitrailleurs pointés à l'arrière de leurs têtes.

" Bonjour m'sieur les keufs ! Nous allons le prendre en charge à partir de maintenant si ça vous dérange pas, merci !" dit l'une des filles avant d'appuyer sur sa gâchette, butant les deux flics juste devant moi. Je m'assois sur mon lit d'hôpital en état de choc total. Le gars qui accompagne les deux gonzesses me regarde bizarrement.

" Qu'est-ce-t'as à me reluquer comme ça avec tes yeux en trous de pine ? Lève-toi. On a une bijouterie à braquer à sept heures.
- Quoi ?" je demande, toujours complètement stupéfait. 

Le gars soupire, exaspéré. " Braquage à sept heures. Dîner à neuf heures. Je te flingue à onze heures si tu te lèves pas tout de suite !
- Je vous connais pas ! Je m'appelle Robin. Je pense que vous vous êtes trompés de chambre, désolé. 
- T'es tellement drôle, tu devrais faire du cirque !" me rétorque le gars, sarcastique. " Je sais pas si t'es frappé d'amnésie ou si tu te fous de nos gueules. Mais  si c'est la réponse B, je te préviens que je te descends tout de suite, bouffon. On est venus sauver ton cul uniquement parce que Guéna a insisté.
- Ouais, et il a pris une putain de balle pour toi, Dany, alors arrête ton numéro et aide-le à se relever., intervient l'une des filles.
- Putain, faites chier !"

Il s'approche de moi et me hisse hors du lit.

" Je vais pas te porter comme une mère kangourou, t'es lourd mec", il me fait avant de me laisser tomber au sol. Je grimace à la douleur de mes fesses entrant durement en contact avec le sol froid recouvert de sang chaud. 

" Dany !" grondent les deux filles en même temps.
" Lève-toi et marche," m'ordonne ce dernier avec impudence. 
- Je pense que je me suis pété le coccyx." je réponds en me massant le haut de la raie du cul.

Les deux filles étranges m'aident à sortir de la salle de soins intensifs. Je regarde autour de moi et constate un grand nombre de flics éparpillés partout sur le sol, ensanglantés et aussi morts que des cadavres. Les infirmières et les médecins sont invisibles. Ils se cachent probablement dans les chambres des autres patients. Et aucun signe nulle part de mon oncle Jean.

" Peux-tu marcher maintenant ? Tu commences à peser lourd, Jacky" me dit la fille à la queue de cheval perchée sur le sommet du crâne.

Elles me relâchent avec précaution, m'assistant tout de même pour m'immobiliser sur mes deux jambes. Je vacille un peu au début mais je m'adapte assez vite.

" Qui êtes-vous ?" je demande en dirigeant mon regard vers la fille à la queue de cheval en palmier.
Elle se moque de moi. " Jacky, tu peux pas être sérieux, je suis Louison ! Sérieux, tu te souviens pas de MOI ?" elle me fait.
- Je m'appelle pas Jacky, je m'appelle Robin, Robin Duclos. Je pense que vous vous êtes tous gourrés parce que je ressemble beaucoup à ce type que vous appelez Jacky. Désolé de vous décevoir, mais j'espère que vous me tuerez pas pour cette méprise. 
- De quoi qu'y cause ?" demande Guéna.
- Hé ! Gardez vos conneries pour plus tard parce qu'il y a un tas de flics qu'arrivent par ici, alors laissez ce fou inutile ici que nous ayons au moins une chance d'arriver en seul morceau à la voiture ! Ok ?
- Tais-toi Dany ! Va les distraire un petit peu pendant qu'on trouve le moyen de le ramener à la bagnole, d'accord ?" rétorque Guéna.
- Putain de bordel de merde, toujours les mêmes au rififi !"
- Allons-y !" dit Louison tandis qu'elles me traînient toutes les deux vers l'ascenseur.

Alors que les portes se referment, je vois Dany qui me fait un doigt d'honneur. 

" Franchement, c'est quoi le problème de ce taré ?" je demande avec frustration.
- Il est comme ça à cause de ce que t'as fait hier, si t'arrives à t'en souvenir, me répond Louison.
- Hein ? Je reste perplexe face à sa réponse vague.
- Pas grave, on t'expliquera plus tard"  laisse tomber Guéna.

" Vous savez que vous commettez un enlèvement, n'est-ce pas ? je leur dis.
- Tsss. Tu te souviendras de nous à un moment ou à un autre donc ça ne compte pas comme un 'kidnapping' mais comme un 'sauvetage', bâtard d'ingrat." me répond Louison.

Je me retourne pour regarder autour de l'ascenseur et je vois un miroir. Je suis consterné par mon reflet. C'est pas moi !  Qui est ce type roux inconnu, le visage presque entièrement couvert de taches de rousseur, et cette étrange cicatrice sur la lèvre ? Ma main touche instinctivement mon visage et je suis encore plus confus qu'avant.

Sans avoir le temps d'assimiler ce que je vois, la porte de l'ascenseur s'ouvre et je suis de nouveau entraîné à contrecœur par ces deux étranges cinglées. 

"Où que t'as garé la voiture, Louison ? 
- Attends, je sais plus ! Je pense que c'est par là-bas !" Louison pointe une main vers la gauche.

Elles continuent de me traîner vers leur bagnole garée dans un coin sombre, le plus proche de la sortie. J'ai pas eu le temps de me demander si je devais suivre ces deux inconnues, mais je suppose que j'ai pas le choix car je suis même pas dans mon propre corps et j'ai le sentiment que, pour quelque obscure raison, ces flics qui sont après eux sont aussi après moi .

Dès que j'ai pris place sur la banquette arrière, j'attache ma ceinture de sécurité. Guéna, qui a pris le volant, appuie sur l'accélérateur et fait un demi-tour crissant et furieux vers la sortie. Alors que nous quittons la zone en nous dirigeant vers l'ouest, de nombreuses voitures de police émergent de toutes les directions.

" Ils se rapprochent de nous ! je gueule.
- Accrochez-vous, les cocos, je vais tenter de nous frayer un chemin au milieu de ces pandores ! nous balance Guéna de manière erratique.
- Attention !" crie Louison tandis que Guéna accélère telle une fusée en directions des deux voitures de police en approche. 

Louison et moi crions à tue-tête tandis que nous regardons à contrecœur Guéna conduire telle une barjot vers notre mort. De manière inattendue, les deux voitures de police font brusquement un écart, laissant juste assez d'espace pour que notre bagnole se faufile rapidement et sans la moindre égratignure.

"Espèce de folle ! Tu as failli nous faire tuer ! je gueule à tue-tête. 
- Mais nous sommes toujours en un seul morceau, non ? Tu devrais être reconnaissant qu'on ait sauvé tes fesses des flics ? me sourit Guéna d'un air suffisant dans le rétro.
- Je préfère être arrêté pour des crimes que j'ai jamais commis plutôt que de mourir d'une mort affreuse, merci beaucoup !
- Oh bouhouhou ! Garde tes larmes pour plus tard, crocodile, car maintenant on va chercher Dany devant l'entrée.
- Pfff. Je suis à peu près sûr qu'il a déjà été arrêté maintenant… " 

Parlez du diable, le voilà qui surgit en trombe hors de l'entrée de l'hôpital comme un fou, se précipitant vers notre bagnole qui roule dans sa direction.
" J'ai parlé trop tôt, je m'excuse.
- Attention, tu vas lui rentrer dedans ! hurle Louison.
- Pouvons-nous tous être d'accord sur le fait que nous ne l'aimons pas ? demande Guéna sombrement.
- Freine !"  hurle Louison.

Elle freine enfin. 

" Qu'est-ce qui va pas chez toi !" crie Louison tandis que Guéna se contente de ricaner comme si tout ça faisait partie de son plan. 

Dany ouvre la porte arrière d'un coup sec , me lançant toujours le même regard assassin tandis que je me pousse pour lui faire de la place.
" Tu trouves marrant de jouer avec la vie d'un homme !?" crache Dany en lançant un regard enflammé au reflet des yeux de Guéna dans le rétroviseur.
- Hé ho,  fais pas comme si que tu courais pas à fond vers notre bagnole pendant que j'approchais ! Pourquoi que t'avoues pas simplement que t'essayais de te faire rentrer dedans exprès pour me poursuivre en justice ou quelque chose comme ça ?
- Ta gueule, je risquerais pas de me fracturer 206 os juste pour te soutirer de l'oseille ! Et arrête de faire comme si que t'étais pas fauchée ! 
- Fauchée !?"

Les voitures de police commencent à nous poursuivre, mais les deux sont trop occupés pour le remarquer car ils se disputent toujours à propos de l'incident.
" Sors de la voiture et voyons comment que t'aimeras ça si je te fonce dessus !
- C'est ma caisse. Paie-toi la tienne si tu veux jouer . Oh mais j'y pense, tu peux pas vu que t'es fauché !
- Je vous ai payées cette caisse !
- Non mec, tu l'as volée !
- La ferme !" gueulons à l'unisson Louison et moi.

Guéna appuie immédiatement sur l'accélérateur et s'éloigne rapidement du périmètre. Nous pénétrons sur l'autoroute très fréquentée. Grâce à l'expertise de conduite de Guéna , elle est capable de se faufiler à travers le trafic pour s'éloigner aussi loin que possible des voitures de police. C'est pas avec leurs merdes de Citroën Berlingo qu'y sont en mesure de coller au cul de notre Merco.

" Où allons-nous !? je demande en agrippant fermement la poignée de maintien. 
- À la bijouterie ! On s'en tient toujours au plan, tu te souviens ? me répond Guéna.
- Ah ouais, bien sûr…"

Après quarante minutes d'excès de vitesse sur l'autoroute, Guéna prend une bretelle et s'arrête sur le parking d'un centre commercial. Elle se gare sous un arbre entouré de buissons épais, plus près de la sortie que des portes d'accès. On déboucle tous nos ceintures et Louison fouille le plancher pour sortir l'artillerie. 

"Oh, Jacky, voilà la tienne." Louison me passe un Skorpion vz 61 vert personnalisé.
" Ce truc est pas à moi !" je dis en prenant l'arme avec réticence.
- C'est pas le tien ? me demande Louison, perplexe.
- Si, c'est le sien. Il souffre d'une perte de mémoire, tu te souviens ? dit Guéna.
- Ah ouais, j'avais oublié !" agrée Louison.

Dany est le premier à sortir de la voiture. Il scanne le parking, vérifiant qu'il y a pas de flics dans les parages. Il tapote la vitre arrière pour attirer mon attention.
" Puisque t'es inutile à cause de tes trous de mémoire, reste-ici et fais le guet. Si tu t'enfuis, je te buterai moi-même. Capiche amigo ?
- Il doit venir avec nous. Il est meilleur tireur que toi, essaie de le raisonner Louison.
- Plus maintenant," rétorque Dany, " parce que les personnes atteintes d'amnésie se souviennent de rien, même pas de comment armer leur sulfateuse ! Toutes ses compétences sont maintenant grillées." Il s'éloigne, se dirigeant vers le centre commercial.
- Tu l'as entendu, Jacky. Tu restes ici et sois à l'affût." me dit sévèrement Guéna. " Tente de fuir et je te décanille une jambe d'une bastos de 7.62 !" elle m'avertit alors qu'elle et Louison sortent de la voiture, me laissant tout seul sur la banquette arrière.

Je reste assis là, figé et stupéfait. Mon esprit est rempli de tant de questions auxquelles une seule personne en qui j'ai confiance pourrait répondre. Oncle Jean. Je saute sur le siège avant, je fouille dans la boîte à gants et je trouve un téléphone jetable. Parfait, il est chargé à bloc. J'ai juste besoin d'appeler oncle Jean et de lui demander ce qui se passe. Je compose son numéro et j'appuie sur le bouton d'appel. Une sonnerie. Deux sonneries. Troisième sonnerie...

" Allo ?
- Oncle Jean !
- Qui est à l'appareil ?
- C'est moi, Robin ! AIDE-MOI ! Il y a ces trois inconnus qui m'ont enlevé et ils pensent que je suis leur ami 'Jacky' et que j'ai perdu la mémoire. Je n'ai pas perdu la mémoire ! JE SUIS LITTÉRALEMENT DANS LE CORPS D'UN CRIMINEL !
- Calme-toi, mon garçon ! Attends, laisse-moi digérer ça... hmm, cela signifie donc que mon expérience a fonctionné !
- Quelle expérience ? Attends, c'est toi qui m'a fait ça, c'est ça !" 
- Calme-toi !
- INVERSE CE QUE TU M'AS FAIT ! Je préfère retourner dans le coma plutôt que rester dans ce corps ! INVERSE-LE PROCESSUS ! je crie furaxement dans le téléphone.
- Je suis désolé, Robin, mais l'appareil de transfer était à usage unique ! Je dois en construire un autre et cela peut me prendre au moins un an, le quart de ce que ça m'a pris à construire le premier...
- T'ES PAS SÉRIEUX !?"
- Il va te falloir tolérer cette situation pendant ce laps de temps ! Je sais que c'est déroutant, mais j'ai besoin que tu restes en vie et que tu ne sois pas arrêté par la police... pendant au moins un an.
- UN AN ?"
- Dans un an, tout reviendra à la normale ! Crois-moi ! En attendant, tu dois accepter d'être Jacky Mesrine, l'un des criminels les plus recherchés de France et de Navarre, avec les trois qui t'ont enlevé. 
- L'usurpation d'identité n'est pas une blague, oncle Jean ! Des millions de personnes en souffrent chaque année !
- ...Est-ce que- 
- Dis-moi juste ce que je dois faire maintenant ! Je veux rentrer à la maison !"

Les sirènes se font entendre alors que des voitures de police se pressent dans le parking du centre commercial. Un hélicoptère apparait, planant pas trop loin de la voiture dans laquelle je suis planqué.

"Je suis foutu de chez foutu, je rigole.
-  Robin ? Es-tu là ?"

Je coupe le téléphone et je m'allonge anxieusement sur le plancher de la voiture alors que plusieurs voitures de police me dépassent. Je retiens mon souffle tout le temps comme si que ça allait augmenter mes capacités de camouflage.

Trois des portes de la voiture s'ouvrent d'un coup, et à ma grande surprise, c'est mes trois kidnappeurs. 
" Lève-toi ! me gueule Dany.
- D'accord, t'énerve pas !" Je m'assieds.

Ils mettent tous les trois leurs ceintures de sécurité et je mets instinctivement la mienne. Nous regardons les voitures de police se diriger vers une autre zone du parking.

" Bébé, mets les gaz !" crie Dany dans le dos de Guéna.

Cette dernière appuie sur le champignon et nous nous éloignons du parking du centre commercial pour rejoindre la voie express, entraînant une nuée de voitures de police sur nos traces. L'hélicoptère que j'ai vu il n'y a pas si longtemps nous rattrape aussi. Les flics commencent à tirer et à viser nos pneus. L'une des balles traverse la vitre arrière de notre bagnole, me manquant d'un cheveu. 

" Putain, on va tous y rester ! je crie à à tue-tête.
- Non, ça risque pas ! Tourne à gauche, enjambe le terre-plein, maintenant ! hurle Dany.
- C'est pas possible, on va se crasher !  réplique Louison en agrippant fermement la poignée de maintien latérale.
- Tourne ! Maintenant !"


Après avoir reçu une tonne de pression de Dany, Guéna a succombé et envoyé la voiture vers la gauche. La bagnole s'est envolée de la voie express comme quelque chose que l'on ne voit que dans les films, et elle atterrit en toute sécurité sur la chaussée de l'autre côté, miraculeusement toujours en un seul morceau.

" On est vivants ! crie Guéna.
- Pas pour longtemps !" précise Louison en pointant les voitures de police se dirigeant sur nous à vitesse grand  V. 

Il ne nous faut qu'une seconde pour réaliser que nous roulons à contre-sens de la circulation.

" AAAHHHHH !!!" crions-nous tous à l'unisson tandis que Guéna fait des efforts pour éviter des collisions en chaîne.

" Je pars à travers champs ! " crie Guéna avant d'envoyer la voiture vers la gauche, de sortir de la route et de se retrouver dans les hautes herbes. La bagnole est incontrôlable, et avant que nous ayons le temps de réfléchir, nous nous écrasons contre un arbre. L'impact est si grand que l'arbre est renversé et que l'avant de la voiture est presque complètement détruit.
Heureusement, les airbags sont sortis juste à temps pour protéger Louison et Guéna, tandis que Dany et moi avons douloureusement planté nos gencives dans leurs dossiers. Mais nous sommes tous encore conscients et il semble que personne n'ait été gravement blessé, à l'exception de quelques contusions et égratignures au visage et aux jambes.

" J'ai pas envie de finir à la morgue aujourd'hui ! Secouez-vous ! Faut qu'on s'arrache !" crie Dany, grimaçant de douleur.

Nous sortons tous de l'épave alors que nos cerveaux commencent à enregistrer la douleur partout dans nos corps.

" Un bosquet à trois heures !" Je pointe du doigt l'épais taillis pas trop loin de l'endroit où nous nous tenons. 

Alors que nous rampons tous douloureusement vers le gros tas de buissons, la voiture de Guéna ou ce qu'il en reste derrière nous s'embrase. Les sirènes de police se rapprochent, mais nous sommes tous arrivés sains et saufs dans les taillis. Les flics arrivent sur la scène chaotique que nous leur avons laissée. Maintenant, nous devons nous concentrer sur notre déplacement vers un endroit plus sûr. 

" Dany, t'as un plan ? je lui demande en serrant mon bras droit de douleur.
- Pour être honnête, je veux juste rentrer chez nous, mec." il me répond, haletant toujours de façon incontrôlable.
- Ouais ben oublie ça ! Grâce à vous trois, j'ai plus de maison où retourner ! Je dis qu'on ferait mieux de retourner à l'hosto.
- Non mais est-ce que tu t'entends ? Que diable penses-tu qu'ils vont faire? Nous soigner et nous laisser partir ? m'interroge Louison.
- Mon oncle est médecin là-bas. Pourquoi ne me faites-vous pas confiance cette fois ? Je vous ai fait confiance à vous pour m'entraîner dans cette virée, il serait peut-être temps de me renvoyer la balle.
- Jacky, t'as même pas d'oncle…, me balance Guéna.
- Je suis pas Jacky, et j'ai un oncle, et mon nom est Robin. Maintenant, suivez-moi !
- Il est redevenu fou, murmure Dany dans sa barbe.
- Je t'ai entendu, Dany, surveille tes gencives !" je lui fais, prenant conscience de ma nouvelle taille étonnement grande face à ce minot.

Ils se lèvent tous à contrecœur du sol et boitillent derrière moi tandis que je leur ouvre la voie. J'ai décidé qu'on retournerait tous dans le même hôpital car j'ai tellement de questions pour oncle Jean. Jusque là…

" Connais-tu au moins le chemin de l'hosto ? me demande Guéna au bout de quelques pas.
- Très bonne question, mignone. Pourquoi ne pas nous promener un tout petit peu pendant que je recherche des indices ?
- Putain, voilà qu'il se prend pour Sherlock Holmes maintenant, je vous avais bien dit que ce bouffon a complètement perdu la boule." commente Dany. 

Changement de plan à l'unanimité sauf la mienne. Maintenant, c'est Dany qui ouvre la voie, et tout en lui filant le train, je croise les doigts en priant qu'on va retrouver fissa le chemin de l'hôpital, de mon oncle Jean et surtout de ma putain de tête...

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