19 mars 2022

597. Distilleries ambulantes (ver 4.0)


J'allais devenir un vrai nabab. Riche comme Crésus. Encore plus plein aux as que Bill Gates ou que son pote Rockefeller. Tout qu'est-ce que j'avais à faire, c'était de pas tomber dans les pommes dans les trois premiers rounds. 
L'idée, c'était d'obtenir de leur ADN et surtout leur génome qui faisait que c'était pas du CO2 qu'ils recrachaient dans l'atmosphère à chaque respiration. Puis ensuite de m'en servir pour concocter des "vaccins" ARNm afin de transformer les poumons des centaines de millions de sans-dents parqués dans les camps de notre planète non pas en piles Duracell comme dans Matrix, mais en distilleries ambulantes branchées sur des serpentins condenseurs capables de nous fournir un éthanol des plus purs. Énergie illimitée, encore plus mieux que dans le film des frères sœurs Wachowski. Pas besoin de leur fabriquer des ruches élaborées, des étables tout ce qu'y a de plus classiques mais de tailles industrielles suffiront. Vous voyez le truc ou faut que je vous peigne à l'huile un supplément d'explications ?

La ville s'enfonçait lentement sous nos pieds tandis que notre ascenceur s'élevait dans la direction inverse dans son tube transparent. Les étages flashaient en rythme au fur et à mesure qu'on les passait.
"T'as bien laissé tes clopes et ton briquet à l'hôtel ? me demanda Lefèbvre en relevant un sourcil.
- T'inquiète, je suis pas suicidaire.
- Et t'as bien pris tes cachetons ?" 
Je pris une profonde inspiration. "Ouais. Et je me suis bien entraîné à la technique respiratoire.
- C'est bien, mon gars. C'est hyper important de ne donner aucun signe alarmant aux Alkokiens."
Lefèbvre était à la fois mon coach et mon facilitateur pour cette négociation. C'était ma première rencontre avec une délégation commerciale Alkokienne - pour signer avec eux un contrat qu'allait m'enrichir comme c'est pas permis et faire passer le fameux Rothschild pour un branleur de pissotière.
Je tentai de pas penser au flouze, à l'artiche, aux pépettes, au fric ou à l'argent. C'était trop distrayant et j'avais besoin d'avoir les idées claires.
" Ils sont très formels", me précisa Lefèbvre. " T'as bien épluché le guide sur l'étiquette que je t'ai envoyé ?
- Ouais ouais," je lui répondis. " Mais c'est surtout l'alcool qui me tracasse le plus."
Lefèbvre opina du chef. " T'es pas obligé d'en boire. Mais ouais, leur haleine est hyper-alcoolisée. Le truc qu'ils vous disent pas, c'est l'odeur. Elle va te rentrer dans le chou comme un marteau-pilon quand on va pénétrer dans leur salle de réunion." Il me prit le bras. "Quoi que tu ressentes, ne le montre pas."
Je commençai à suer à onze étages de notre destination. " Bordel, pourquoi qu'on peut pas porter de masques comme chez nous ?
- Ils peuvent respirer notre atmosphère et ils savent qu'on peut respirer la leur. En plus, ils ont jamais entendu parler de notre plandémie. Ils prendraient ça comme une insulte. Donc chaque souffle qu'ils expirent est un nuage d'éthanol - Et alors ? Faut juste que tu t'y fasses.
- Mec, ça aurait été si cool si ces mecs s'étaient pointés quand je faisais mes études...
La porte s'ouvrit.
Putain, ce fût comme si que je venais de me  recevoir dans les gencives narines un uppercut  de la plus maousse des distilleries écossaises...

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