6 sept. 2008

330.Patriotisme: Piège à cons


En quoi consiste le pouvoir d'un état dont les citoyens en deviennent les esclaves? La liberté consiste à la fois en un état externe et interne; au sens le plus primaire, on peut montrer du doigt l'absence de chaînes ou la prédominance du choix en tant qu'indicateurs de liberté.

Les dimensions subtiles de la liberté incluent les libertés mentales comme spirituelles des citoyens - voici où l'on pourrait parler d'esclavage idéologique: Dans notre monde de promotion entrepreneuriale agressive, de campagnes électorales dirigées par des médias vendus et une malhonnêteté publique généralement acceptée, la télévision s'est muée en une prothèse de vérité.
En tant que telle, je prends la télé populaire très au sérieux. Certaines télés et hommes politiques peuvent bien clamer haut et fort que jamais elles ou ils n'accepteront de reconnaître le titre de "Combattants de la Liberté" à des terroristes ayant tué femmes ou enfants, elles clament pourtant à peu prés ça: "Nous croyons que notre pays, et plus particulièrement notre armée, accomplissent une noble tâche. Nos soldats et nos paras sont des héros."

L'armée française, et ses paras ou légionnaires - nombreux sont ceux qui voudraient nous le faire croire - se battent pour la cause de la liberté. On voudrait nous faire croire qu'ils sont les authentiques combattants de la liberté. 
On peut affirmer que dans toutes les guerres menées depuis 1945 par des armées occidentales, 80% des victimes 'ennemies' étaient civiles, parmi lesquelles environ 20% de femmes et d'enfants. La plupart victime de raids aériens ou d'exposition à des engins explosifs non explosés.

Un chef d'Etat-Major ou un chef d'Etat tout court désigne une cible, des femmes et des enfants meurent. Plus loin que la simple absolution du mal par l'État, les militaires sont élevés, et même promus, par nos dirigeants au rang de "Nobles". On leur refourgue même des Légions d'Honneur à titre posthume s'ils se font descendre dans le processus.
Ouais ben sans doute que leurs intentions étaient nobles. Ils se sont sacrifiés, ont tout donné à l'État en signant leur engagement. 
Mais de la même manière que parait-il Mitterand n'avait pas le monopole du cœur, l'État n'a pas le monopole de la moralité et encore moins celui du bien. Toute action par une personne ou un état résultant en la mort d'innocents doit, en bonne conscience, être sanctionnée.
C'est un principe naturel, universel. Ce n'est pas un article de loi sujet à exception; c'est un idéal. 
Pour ceux qui l'approuvent, il ne peut être ignoré par les décrets arbitraires des pouvoirs institutionnels. L'état transforme l'homme ordinaire, fréquemment celui issu des minorités ou des classes pauvres, en des Caïns en uniformes. Des tueurs à sa solde. Il transforme les outils de la science et de la haute technologie en armes de destruction massive. Il répand le sang d'innocents, de femmes et d'enfants à une échelle inconcevable. Les états considèrent héroïques les meurtres en masse, l'amour de la paix en tant que suspect, l'exercice des véritables droits démocratiques antipatriotiques - ils ont étendu une tyrannie sur l'esprit de millions de gens.

Le fait que ces actes soient commis par des gens portant un uniforme et marchant derrière un drapeau n'est pas suffisant pour une absolution morale; c'est au contraire une offense à la décence, à la démocratie et au bon sens. 
De la même manière, nos responsabilités ne se limitent pas à tirer dans un sens ou dans l'autre sur une espèce de levier électoral à la fin de chaque quinquennat. Les citoyens d'une société libre doivent exercer leur conscience aussi bien dans leurs vie privées que dans leurs vies publiques. Participer à leur société et à la civilisation dans son ensemble. Réformer ses instincts agressifs. Veiller sur elle comme sur un pitbull enragé et maltraité.

Notre génération a été trop rapide. Entraînés à espérer la satisfaction instantanée par les distorsions des publicistes et autres bêtes de scène du PAF, nous avons perdu de vue notre volonté de labeur.
Trop nombreux sont ceux d'entre nous qui s'engouffrent dans la violence et on se bouscule au portillon des bureaux de recrutement militaires. Par peur et par haine, on se rue pour euthanasier la république, on sprinte vers un futur sombre peuplé d'une foule de somnambules malfaisants.
C'est le destin de nos jeunes d'hériter d'un monstre aux mains de nos états. Je dirais ça aux jeunes de notre pays: vous êtes à l'essai! Quand vous aviez soif de jardins, de musique et de théâtres, vous avez cassé et vandalisé. 
Lorsque l'autorité en place a détruit l'amour et la liberté, vous avez présumé que la société était votre ennemie. Tandis que vous vous enragez, l'histoire vous regarde. Les enfants de vos enfants étudieront de près nos échecs et la distorsion de nos espoirs et de nos rêves en une terreur qui a consumé le monde de colère, d'apathie et d'avarice.

Au lieu de jouer le jeu des chaînes de plastique et de papier des faiseurs de profits qui ne font que nous bouffer sur le dos tels des sangsues, appliquons-nous plutôt à construire le monde de nos rêves. On ne peut faire moins pour défier une culture matérielle et brutale que de cultiver une véritable communauté.
Que les générations qui nous suivent soient amies de l'humanité avant que l'avenir ne s'assombrisse et ne se refroidisse un peu plus, sinon tous les moments de leurs vies ne seront qu'une suite d'encarts publicitaires et leurs impulsions nobles seront faussées et rendues bestiales par les vices des états vendus et de leurs télés.

Etat Nation = Euthanasie