15 juil. 2006

185. La raison de mes déraisons

D'abord, j'voudrais m'excuser sur la longueur de mes absences depuis quelques semaines: ceci est dû au fait que je suis en ce moment sur un navire baptisé d'un nom d'emplumé dont je vous tairai le nom pour l'instant, eut égard à certains camoristes qui sont en ce moment même à mes trousses pour me faire la peau. Ceci étant dit et mes excuses acceptées à l'unanimité - c'est Pierrot la Pleine Lune qui me l'a dit - passons tout de suite au sujet qui vous préoccupe tous.

Nombre de mes relations me demandent où se trouve mon intérêt à entretenir un Blog. La vérité, c’est que c’est une véritable vocation chez un mec comme moi. Mais pour vraiment apprécier toute la logique et prendre toute la mesure de ce que je viens de vous dévoiler, vous devez d’abord savoir à quel type de mec vous avez à faire.

Alors réjouissez vous, tas de curieux impatients car je vais vous affranchir de ce pas:

Je suis un mec compliqué, doté de toutes les qualités requises pour cracher son venin en ligne.
Mais approfondissons un peu - je suis pas miraud et je vois bien que ma petite explication n'a pas soulevé vos palpitants.

Pour commencer, je dois donc vous parler de mon incommensurable fainéantise. Et même si ce type particulier de fainéantise peut s’avérer nuisible - ou même débilitant – dans de nombreux corps de métier en dehors de la fonction publique, il n’empêche pas de s’exprimer. Je ne suis qu’un débutant là-dedans, mais d’après ma courte expérience, un bon écrivain peut passer 90% de son temps à ne rien écrire.

C’est super quand vous y pensez bien.

Est-ce qu’un politicien pourrait passer 90% de son temps sans nous prendre pour des cons ? Est-ce qu’un chauffeur de bus marseillais pourrait passer 90% de son temps ailleurs qu’au piquet de grève ?


Le fait est que dans la plupart des corps de métier, vous devez vraiment faire quelque chose au moins sept heures par jour pour faire chier le monde. Mais pas pour écrire. Une nuit fiévreuse à écrire des stupidités de temps en temps peut vous laisser tout le temps libre que vous méritez pour quelques semaines et même des mois. Et sans pression extérieure.
L’écriture offre aussi une myriade d’opportunités pour accoucher de vos atermoiements. Et sans avoir à respecter de délais. C’est pourquoi les aiguilleurs du ciel et les chauffeurs d’ambulance ne se recrutent pas chez les blogueurs.

Une autre qualité non nécessairement requise chez les blogueurs, c’est la qualité des détails. Encore un plus pour moi - la plupart du temps, je serais incapable de vous dire si j’ai enfilé mon string léopard à l’endroit ou à l’envers. Le pointage des i et le barrage des t ne sont pas mes points forts. Et pourquoi le seraient-ils ? Mon traitement de texte le fait tout seul. De plus, c’est pas vraiment la cata si un blogueur omet certains détails. Si un architecte oublie une poutre ici ou une arche là, son bâtiment peut s’écrouler ou un viaduc s’effondrer sur Millau. Une faute d’inattention du chirurgien et vous rentrez à la maison avec un forceps dans la cavité abdominale. Mais si un blogueur fait une faute de frappe ou mé-positionne une virgule, c’est pas la mer à boire. Puis comme je l'ai déjà dit plus haut, il y a les vérificateurs d’orthographe de votre traitement de texte, non ? Puis enfin quoi, on retape pas le code pénal dans son Blog, enfin pas dans ma nébuleuse…

Finalement, je crois pas que j’écrive pour exercer mon imagination. Non, l’imagination ne rentre en jeu que lorsque je me pose le genre de questions suivantes : Me ferai-je un jour de l’argent à écrire toutes ces conneries ? Combien de poursuites judiciaires vais-je me prendre sur la gueule pour intox, désinformation et/ou diffamation, informations et vérités ? Et d’où viennent les trémas ? Voici toutes les questions auxquelles j’aimerais pouvoir répondre un jour ; alors pour le moment, je me contente de bloguer. Et de rêver.