22 mai 2006

172. L'amour ne serait-il qu'une protéine ?


Si vous avez bien appris vos fables à l'école primaire, vous savez qu’il existe des rats des villes (dans les égouts) et des rats des champs . Les rats des champs sont monogames – ils forment un couple pour la vie et lorsque des ratons s’en viennent bénir cette sainte union, le mâle les nourrit, les protège et se préoccupe du confort de sa douce et tendre rate.
Les rats des villes sont de mœurs beaucoup plus légères – le mâle se désintéresse royalement de sa progéniture et dès qu’il a fini d'honorer sa conquête d’une petite secousse, il quitte la femelle fécondée à la recherche de la suivante sur son carnet de rendez-vous.
Des chercheurs universitaires ont réussi à trouver le moyen de transformer ces machos des villes aux mœurs légères en chevaleresques et loyaux mâles des champs. Et ils ont réussi ce satanique exploit en leur injectant un virus.
Ce virus a été développé génétiquement dans un labo et on a ajouté quelque chose à son ADN : un gène de rat des champs qui manquait à celui de la City : Une solution contenant des virus à l’ADN ainsi modifié fut injectée dans le cerveau des rats casanovistes. Le virus infecta les cellules cérébrales, en pénétra l’intérieur, introduisant avec lui le gène du rat loyal afin qu’il s’agrège à l’ADN du libertin.
Résultat : Le rat des villes est devenu un bon et honnête père de famille. Cet abruti est devenu monogame.
De quel gène spécifique était porteur ce virus ? Il portait un gène qui codifie une protéine nommée Récepteur de Vasopressine. Cette protéine agit sur le Pallidum Ventral, une région du cerveau qui régit la sensation de prix et de conquête et est en relation directe avec la mémoire.
Par exemple, le Pallidum Ventral s’active (chez l’homme) lorsqu’on permet à un joueur compulsif de parier, ou quand un junkie en manque sait qu’il va recevoir sa dose tant attendue. Mais il fonctionne aussi dans un vaste spectre animal – il s’agit du centre qui contrôle la sensation de conquête et éveille les souvenirs d’expériences agréables.
Les rats monogames possèdent des récepteurs de Vasopressine en grande quantité dans leurs cerveaux, c’est pour ça qu’ils sont capables de se souvenir de la conquête de vous mesdemoiselles et mesdames, et d’associer à ce souvenir de bien agréables moments. Leurs confrères des villes manquent au contraire de ces récepteurs, c’est pour ça que la fusion entre leur mémoire de la conquête et celle du plaisir ressenti à ce moment là ne se concrétise jamais.

Ne bâtissez donc pas de faux espoirs, les filles ! Les chercheurs disent qu’ils sont loin de la production industrielle du vaccin de la fidélité. Jusqu’à maintenant, le seul truc qui a fonctionné a été l’introduction directe du gène dans le cerveau de ces rongeurs - ils ont encore rien tenté sur moi ni sur Paris Hilton.