26 avr. 2006

158.Grands sucriers de France, Loge Nord.


Grands sucriers de France, Loge Nord

Minutes de l’assemblée infernale du 21 mai 1961. 
- Belzébuth : Oyez, esclaves démoniaques, écoutez bien ce que j’ai à vous dire. Les ventes d’âmes d’enfants échangées contre nos sucreries sont en baisse, en baisse grave, ce qui n’est pas bon pour nous, mais le nombre d’enfants mentant et volant pour se procurer nos confiseries est en hausse. Ce qui veut dire que dans l’ensemble, nous ne nous en sortons pas trop mal. Mais pas trop mal ne suffit pas dans notre business. Si vous n’augmentez pas votre chiffre dès le mois prochain, j’ai bien peur de devoir me séparer de certains d’entre vous pour les transformer en combustible pour mes chaudières. 
- [Marmonnements démoniaques et généraux de démentis anxieux] 
- Belzébuth : La ferme ! Bon, Bourbon vient de terminer sa dernière étude sur les enfants et les comportements déviants et il en ressort que Cambrais était sur la bonne voie avec son idée de Bêtises. Les Bêtises de Cambrais ont fait beaucoup de bien à nos affaires, elles contiennent beaucoup de sucre et les gosses adorent les décoller de leurs dents en se rinçant la bouche au Coca. Le seul problème, c’est qu’intrinsèquement, les Bêtises de Cambrais ne contiennent pas assez de sucre pour les rendre vraiment diaboliques. Voyez vous, d’après Bourbon, ce que nous devons faire, c’est injecter plus de sucre dans ces gamins pour les rendre euphoriques, ce qui les conduira à l’accoutumance et finalement à un état de manque. Ce qui changera leur comportement et induira la vente résultante de leurs âmes à un de nos représentants pour sortir de cette mauvaise passe, c'est-à-dire pour écouler notre sucre ! C’est brillant de simplicité. Alors vous devez me trouver le moyen d’injecter plus de sucre dans les progénitures humaines sans augmenter nos coûts et personne ne quitte cette pièce avant qu’une solution ne soit sur la table. 
- [Cliquetis de fourches, grincements de dents, tapotements de griffes] 
- Belzébuth : Allons, démons ! Personne n’a la moindre idée ? 
- … - … 
- Béghin-Say : Euh, Votre Méchanceté ? 
- Belzébuth : Oui Béghin ? 
- Béghin-Say : Ben je pensais… Si c’est du sucre qu’on doit leur donner, pourquoi ne le faisons nous pas ? Vous voyez, leur donner du sucre, du pur sucre? 
- Belzébuth: J’ai peur de pas te suivre, Béghin… 
- Béghin-Say : Eh bien, voyez vous, votre Méchanceté, je pensais qu’on pourrait juste prendre du sucre, y ajouter une pichenette d’arôme, vous savez, le genre de truc dont on recouvre les fraises tagada, et emballer le tout d’une manière qui plaise aux gosses. On pourrait même garder le prix de vente au raz des pâquerettes, 10 centimes à peu prés, pour qu’ils y regardent pas à deux fois pour l’acheter avec leur argent de poche. Et pour abaisser les coûts, on pourrait mettre le produit dans des emballages papier sous forme de pailles. Encore mieux, on pourrait utiliser des pailles plastiques en augmentant le prix un tout petit peu ! Regardez, nous avons tous ces surplus de hoola-hoops invendus depuis les années 50, non ? Eh bien on pourrait les découper et les vendre comme super pailles à sucre XXL. On pourrait même mettre une paille gagnante toutes les dix pailles pour booster les ventes. 
- Belzébuth : Putain de bordel de nom d’une sainte, Béghin, t’es un génie ! J’adore cette idée. Rien que pour ça, je crois que je vais annuler ta session quotidienne de tisonnier ardent dans le fion. 
- Béghin-Say : Ô merci, Votre Méchanceté ! Merci ! 
- Belzébuth : Mais attends un peu, comment comptes tu baptiser ces pailles de merde pour que les parents n’objectent pas quand leur gosses vont commencer à se les arracher ? 
- Béghin-Say : Eh bien, Votre méchanceté, pour l’ironie, nous pourrions les nommer Mistral Gagnants. De cette manière, ils repenseront à la Provence de Frédéric et ils y verront que du vent, pas comme si nous les appelions d’une manière plus appropriée. Vous savez, genre Glucocaïne ou Psychosucrettes.
- Belzébuth : Putain, Sa-Ta-Nique mon vieux Béghin ! Je te redescends de ton crucifix sur l’heure et je t’accorde une après midi entière dans la chambre aux coussins. Bordel de putasse de Soubirou, t’as fait un si bon taf aujourd’hui que je vais même t’envoyer Vampirella, La Borgia, Cléopatre, trois Geishas pubères et deux Houris en chaleur. 
[Béghin Say verse du sperme de joie tandis qu’on le redescend de sa croix] 
- Béghin-Say : Oh merci Votre Méchanceté ! Merci ! 
Fin du compte rendu.