21 avr. 2006

155.Ça me fait penser…


... que le travail ne me sert plus qu'à consommer – et accessoirement à consommer de la bouffe à heures régulières et par nécessité, j’en conviens - enfin d’après les derniers constats de notre rédaction. Il est loin le temps où on m'a appris que le travail était un enrichissement spirituel pour l'homme, que celui ci lui permettrait de se démarquer et de s'élever au dessus de ses confrères du monde animal et de l'état sauvage.
Mais voyons le résultat: qui dit pas de travail dit pas de consommation et si ça devait m'arriver un jour, je n'aurais plus qu’à aller m'approvisionner chez Lidl ™ ou même, aller croûter aux restos du Cœur quand l'hiver viendra. 

D’un bout de la chaîne à l’autre, de la chaîne télé aux chaînes HiFi ou de bicyclette, tout est mis en oeuvre pour que je consomme. Je ne peux pas résister, la grande main invisible me les a tellement fait miroiter ces chaînes de merde sur mes chaînes câblées ou sur ma TNT, dans mes magazines télé, sur le Web, à chaque coins de rue et sur tous les médias de publicité qu’il faut que je me les offre.
Alors soit je bosse pour le boss et je pourrai me les payer, soit je ne bosse pas et je devrai me résoudre à les voler si l’envie qu’on m'aura donnée de les posséder dépasse celle que j'aurai eu d’y résister. La 2ème option est plus risquée et on m' en a dissuadé dès la maternelle, d’ailleurs on m'a prévenu : C’est défendu et c'est puni par la loi. 

Donc, vu qu’à l’image du gros de la troupe qui constitue notre troupeau, je suis un honnête homme qui ne veut absolument pas – par scrupule ou par peur du gendarme - briser les interdits, je n'ai plus qu’à continuer à marner - ou à tenter pour les plus malheureux et/ou les plus novices d’entre mes semblables - à commencer ou à chercher à le faire.
Mais si j'ai intérêt à bosser, j'ai aussi incitation - et même obligation - à consommer parce que si je n'achète pas ce qu'on me propose, non seulement je vais faire baisser les ventes de la main invisible qui se sentira obligée de réduire ses effectifs et de me priver, moi ou certains de mes frères et sœurs en consommation, de cet emploi qui nous permet de consommer tous et d'alimenter leur chaudière. Non seulement ça, mes frères, mais en plus, je serai montré du doigt par mes collègues et mes cousins ainsi que par les gosses de mes voisins.

« Hey ho péquenot, tous tes voisins branchés en ont un ainsi que tous les copains de classe de ton marmot! »

Et ça, les mecs qui les fabriquent le savent bien vu que c’est eux les enculés qui ont tout fait pour en me vantant par moult artifices parfumés à l'eau de rose les bienfaits high tech de leurs chaînes de merde ! Ce qui revient à dire qu’ils m'ont pris en otage. Je vais bosser dans leurs usines, leurs administrations, leurs magasins et ils me donneront juste le nécessaire pour que je continue à faire tourner leurs boutiques et assurer leur chiffre d'affaire. Accessoirement, ils me donneront quand même assez pour que je leur en reverse une bonne partie en rachetant leurs putains de chaînes.

Maintenant, si pour épater la galerie ou par snobisme, ou tout simplement pour me rapprocher des hautes sphères je me prenais l' envie d’une chaîne en or massif sertie de diamants et d'un écrin dans le 16ème ou à Neuilly pour lui donner un toit, alors faudra que je me hisse dans la hiérarchie de leur église et pourquoi pas, construire mon propre temple. (C’est l’économie libérale et la liberté d’entreprendre dont rêve l'ami Sarko pour lutter contre la paupérisation dans l'hexagone).
Mais le but final restera la consommation et le sur-enrichissement de ceux qui le supportent et de ceux qui la créent. (Entendez le Medef et consœurs de part le monde) L’équilibre est précaire, c’est ce à quoi s’emploient nos représentants politiques, avec des doses variables de social suivant leur - ou leur manque de - sensibilité. Soutenir l'économie de marché: Augmenter la production, booster la consommation.

Et ils ont tout intérêt à le faire, mes biens chères sœurs, s'ils veulent être élus ou réélus, parce que le premier qui osera parler de décroissance se fera lyncher sur l'autel du consumérisme.)
Ça fait longtemps que nous ne sommes plus des humains dotés de capacité de pensée, nous sommes devenus des machines à consommer, nous sommes programmés pour ça depuis notre plus tendre enfance. Nous sommes prêts à tout pour consommer, à voter pour le plus calculateur comme pour le plus insipide pourvu que l'élu de notre choix ne remette jamais en question notre confort et notre capacité de consommation.
Ils ont étudié vos besoins, les ont cernés, les ont affinés et quand ils n’en ont pas trouvés, ils vous en ont créés de toute pièce. No problem. Ils ont des mecs formés pour ça. Ils les forment dans de grandes écoles, - Stanford, HEC, Science Po, l’ENA - ils sont d’une efficacité redoutable. Ils sont présents d’un bout de la chaîne à l’autre. C’est avec une partie de ce qu'ils nous reprennent au passage qu’ils financent leurs petites rencontres dans les salons V.I.P. de Davos où ils planifient leurs prochaines affaires de marché, leurs prochaines affaires d’état ainsi que l’’état de plus en plus précaire vers lequel se dirige à grandes enjambées notre planète en danger. 
C’est pourtant vrai que nous ne sommes pas les esclaves de nos patrons, n'en déplaise au PC ou à la LCR, que c’est nous qui prenons le métro pour aller au boulot, personne ne nous y conduit à coups de pompes dans le cul que je sache. 
C’est nous qui offrons nos bras et parfois notre sueur à nos patrons afin que ceux-ci puissent continuer à s’engraisser en nous vendant tout ce dont nous n’avons jamais eu intrinsèquement besoin parce qu’ils ont les moyens, eux, de se payer les sbires spécialisés et démunis de tous scrupules qu’il faut pour faire naître en nous toutes nos angoisses, tous nos désirs. Alors ouais c’est vrai, ça me fait repenser à ce lien que j’ai laissé sur le dernier mot de mon post d’hier : 
« Racket » - et plus spécifiquement sur la fin du texte figurant sur la page vers laquelle conduisait ce lien : « Les racketteurs sont souvent impressionnants et peuvent aussi agir en bande, pouvant semer la terreur. Même s’il est difficile de les dénoncer, il est préférable de le faire rapidement, car plus on attend, plus on a peur. Tout seul, ce n’est pas évident de s’en sortir, il est indispensable de demander l’aide d’un adulte » Euh, y en a dans le coin???
ET QUE FAIT LA POLICE, BORDEL? JE CROYAIS LE RACKET INTERDIT PAR LA LOI !!!
La grande main invisible vous remercie de votre attention et tient à vous assurer qu'elle sera toujours prête à vous balancer une baffe furtive dans les oreilles au moindre faux pas.