"J'étais marin. J'ai bourlingué sur la mer infinie des étoiles, sautant de galaxie en galaxie, d'amas d'étoiles en amas d'étoiles, de système stellaire en système stellaire, et même d'Univers en Univers, à la recherche du phénomène le plus rare et le moins répandu qui soit, la matière auto-organisée. Comme le graphène mais encore plus mieux. Une matière dotée d'une capacité de métabolisme, de croissance, de réaction aux stimuli et de reproduction. Bref, la vie. Et plus précisément, le type de vie appelé vie 'intelligente'. Le genre qui crée des civilisations, qui construit des villes et recueille des connaissances."
Marylou le regarda comme si qu'il avait trois têtes. Elle s'était simplement présentée et avait demandé d'où qu'il venait.
" Alors, avez-vous un nom, monsieur ? " demanda-t'elle.
- Un nom? Je ne sais pas si j'en ai un ou même si j'en avais un au tout début de mon existence, mais beaucoup de gens m'ont donné des noms. Un nom n'est qu'une étiquette, mais parfois il y a un sens caché, une essence qui s'attache à un nom et à la personne qui se le ou à qui on le donne ou qui l'adopte, ou vice-versa. Sur cette planète même, un homme nommé Edgar à qui j'ai parlé m'a un jour appelé Azathoth. Mais je ne suis ni un dirigeant ni un monstre, et je ne suis pas un dieu. Si vous voulez, vous pouvez m'appeller Aza."
Marylou pensa que si l'on donnait une phrase à quelqu'un, il était possible d'en récolter tout un paragraphe, mais l'homme n'était pas pompeux. " Aimeriez-vous une pomme d'amour, Aza ? La kermesse est en soutien de notre chapelle locale."
Marylou vendait des pommes d'amour à la kermesse. Elle avait vu le jeune homme entrer dans le village par la route de la ville voisine et avait décidé de discuter avec lui.
"Oui s'il vous plaît.
- Êtes-vous croyant, Aza ?"
Azathoth regarda dans le vide. " Pas de manière conventionnelle. Mon point de vue est holistique. Je vois le plus petit électron exploser la plus grosse étoile. Je vois le moindre désir déplacer les plus grandes montagnes. Je vois un rêve inspirer un enfant talentueux qui changera le monde. Je vois le mouvement d'une main, d'une nageoire, d'un tentacule ou d'un bec piqueur exprimant une émotion et affectant l'avenir.
- Pourquoi cherchez-vous une vie intelligente, Aza ? Pourquoi naviguez-vous sur la mer infinie des étoiles ? "
Elle n'était pas encore sûre de lui. Il semblait un peu étrange, mais inoffensif.
"Je sais pas", soupira Azathoth. " Je recherche les personnes intéressantes, les personnes de pouvoir et de sagesse. Ceux qui ressentent les courants sous-jacents des Univers. Bien que dans certains cas, « personnes » ne soit pas le terme approprié. J'ai communié avec des colonies de bactéries, dans une sorte d'univers limité. Peut-être ce que ce monde appellerait une boîte de Pétri. J'ai partagé des rafales d'éléments avec des nuages de gaz et d'étoiles et j'ai reçu leurs réponses sous la forme de leurs propres flux de plasma. J'ai effectué des échanges plus exotiques avec des êtres de matière noire à la limite de la science et de la magie, à la limite de l'être et de la communication, à la limite de la vie et de la non-vie."
D'une manière ou d'une autre, elle le croyait, ou mit son incrédulité de côté pour le moment. " Peut-être que vous assemblez des parties de la réponse, comme une sorte de puzzle. Peut-être que lorsque vous en apprendrez suffisamment, tout aura un sens."
Azathoth éclata de rire. "Peut-être. J'apprends tout le temps, c'est vrai. Mais est-ce un progrès ou simplement une illusion de progrès ? Et je n'ai que la durée de vie des Univers pour travailler. Peut-être qu'il n'y a pas assez de temps. Du Big Bang au Big Crunch. Ou quoi qu'il arrive à la fin. Parfois, je pense que, d'une manière ou d'une autre, je dois transcender le temps en évitant les écueils pour déterminer mon objectif, quel qu'il soit.
- Vous avez dit ‘J’étais marin’. Avez-vous donc arrêté de naviguer, Aza, avez-vous posé votre sac pour de bon ?
- Je suis toujours un marin des étoiles et des endroits où il n'y a pas d'étoiles. Je marche d'un endroit à l'autre, au hasard. Ou aussi aléatoirement que possible. Une balade d'ivrogne, sauf que je suis peu affecté par l'alcool et ce que les humains appellent la drogue ! Je suis entré dans les atomes et les particules subatomiques, et je suis allé dans les espaces sauvages où les univers remplissent quelque chose comme la fonction de ces particules incroyablement petites, et dans des royaumes encore plus éloignés, où ces espaces sauvages ne sont que de simples particules . J'utilise bien sûr des termes qui s'appliquent à cet ensemble d'univers, mais l'analogie est plutôt bonne. J'ai pensé que j'étais tombé sur quelque chose d'important quand j'ai trouvé un univers ou un espace où il y avait des dragons. Les dragons ont quelque chose de spécial. Mais je m'étais trompé."
Azathoth regarda au loin. " J'ai vu beaucoup d'endroits. J'ai consulté de nombreux sages. J'ai parlé aux gens ordinaires. J'ai aussi parlé avec des dieux. J'ai parlé à des sages-femmes, des médecins, des prêtres, des soldats, des mathématiciens, des alchimistes et des fabricants de potions. Des rois et des pauvres. J'ai soulevé la mousse, regardé sous les pierres et dans les sourires des bébés. J'ai regardé les verticilles sur les pouces ou l'équivalent des pouces sur les mains ou les appendices de nombreuses créatures. J'ai regardé le bien et le mal, et j'ai trouvé peu de différence entre eux à long terme. Je sais toujours pas ce que je recherche. Je sais même pas si je cherche aux bons endroits."
Il soupira.
Marylou décida de le taquiner. "Peut-être que, comme l'homme de la légende qui s'évertue à rouler un rocher jusqu'en haut d'une montagne uniquement pour le voir redescendre, vous êtes destiné à ne pas réussir. Avez-vous pensé à cela, ça vous a-t'il traversé l'esprit ?
- Oui, j'y ai souvent pensé. Je voyage depuis longtemps." Il se gratta l'oreille. " Peut-être pour toujours, quoi que cela signifie. Je ne suis même pas près de deviner ce que je recherche. J'étais avec une tribu de fourmis une fois. Je faisais partie de la tribu ou du nid, et moi, en tant que membre de cette fourmilière, j'avais demandé leurs avis au reste du nid. C'était assez conflictuel, perturbant pour la communauté en fait. Qu'est-ce que je cherchais ? Le consensus était qu'il était impossible de le savoir. La question n'avait pas vraiment de sens. Cela n'avait-il pas de sens dans le contexte de la tribu, je me le demande, ou cela n'avait-il tout simplement pas de sens du tout ? "
Il contempla la petite foire du village. Ses yeux étaient sombres, très marron, découvrit-elle, mais ensuite il sourit et son sourire lui réchauffa le cœur. Elle lui tendit une pomme d'amour et il la lui paya.
"C'est pour quoi, tout ça?" demanda-t-il en secouant la pomme au bout de son bâtonnet en direction de la kermesse.
- Pour la chapelle, je pensais que vous l'avoir dit. Et aussi pour des livres pour l'école. Ce genre de chose."
Ils déambulèrent dans la petite fête, la jeune fille vendait ses pommes au fur et à mesure. Elle se foutut de ses tentatives pour gagner un lot avec un palet et il rit avec elle. Elle était mince, avec des cheveux châtain clair et des yeux noisette. Elle n'était jamais loin d'un sourire, et son sourire attirait les sourires de tout le monde autour d'elle.
Ils rencontrèrent le Père José, curé de la paroisse.
" Oui, la kermesse sert principalement à acheter des livres pour l'école. C'est dommage que la maîtresse parte s'occuper de sa mère malade ", soupira le cœur de l'ecclésiastique du fond de sa soutane.
" Peut-être pourrais-je enseigner à l'école pendant un certain temps ? " proposa Azathoth. " Est-ce que ça aiderait, même rien qu'un tout petit peu?
- Pourriez-vous? Vraiment ? Ce serait merveilleux ! ", s'exclama le curé.
Ainsi, au lieu de passer à autre chose ou changer de secteur comme il avait l'habitude de le faire, Azathoth devint maître d'école. Le curé émit quelques réserves au début, car Azathoth n'assisterait pas aux services religieux, mais avec le temps, ses inquiétudes s'évaporèrent. Azathoth devint un excellent professeur et bon avec les enfants. Il écoutait tranquillement à l'arrière de la classe chaque fois que le curé venait faire leur catéchisme aux gamins. Il n'essaya jamais de les influencer de quelque manière que ce soit.
Marylou était croyante et elle demanda un jour à Azathoth en quoi il croyait.
"Je sais pas", répondit-il. " J'ai lu le Saint bouquin. J'y ai beaucoup réfléchi et c'est un bon guide pour savoir comment se comporter dans sa propre vie et dans ses relations avec les autres. Mais quelque chose en moi ne me permet pas d'y croire complètement. J'ai eu des discussions intéressantes avec le Père José et il comprend ma position. Il est d'avis que je finirai par y croire, mais je n'en suis pas si sûr que lui. La foi n'est qu'un remède de pacotille pour les âmes désespérées.
- Je sais que tu es un penseur profond, Aza, mon chéri. Je sais que tu es un homme bien. Ce serait bien si tu venais à la Foi, bien sûr. Mais cela n'a pas d'importance.
***
"Je vais avoir un bébé, Aza, mon chéri", lui dit un jour Marylou.
- C'est une très bonne nouvelle!" répondit Azathoth. " C'est quand qu'on se marie ? Je t'aime, Marylou. Veux-tu m'épouser?"
Marylou se marra et le serra dans ses bras. "C'est ce que nous aurions de mieux à faire, je suppose."
La convention était que les bébés venaient après le mariage, mais ce n'était pas considéré comme une règle absolue.
Alors Azathoth et Marylou se marièrent et la mère de Marylou s'occupa de bébé Marguerite pendant que Marylou et Aza gagnaient leur vie. Bientôt Margot fut rejointe par un petit frère et plus tard par une petite sœur.
Les années passèrent. Le village devint une petite ville, et un service de bus circulait désormais deux fois par jour vers la grande ville au nord. La petite école avait été agrandie deux fois et les trois enfants d'Aza et de Marylou la fréquentèrent, grandirent puis allèrent à l'université. Azathoth dut recruter et employer deux autres enseignants.
Margot se présenta un jour à l'improviste à la maison : " Maman, papa, je vais avoir un bébé."
Marylou fut ravie. "Alors, quand rencontrerons-nous le père ?"
Margot se renfrogna. " Il n'est plus là. À la minute où que nous avons découvert ma grossesse, il m'a quittée et s'est enfui chez sa mère. Puis-je rentrer à la maison ? "
Azathoth ressentit une explosion de colère contre le garçon, ce qui le surprit.
"Bien sûr que tu peux rentrer, Margot. Euh, ce garçon...
- S'il te plaît, papa. Laisser tomber. Je suis mieux sans lui.
- D'accord ma chérie. D'accord. Si tu en es sûre."
Margot réintégra donc la maison familiale et trouva un travail dans la ville voisine. Elle laissait bébé Kendalle avec ses grands-parents pendant la journée, et ils adoraient ça.
"Contente?" demanda Aza alors qu'ils étaient assis sur le canapé, avec Kendalle endormie dans les bras de sa grand-mère.
"Oui bien sûr. Et toi?" Elle était consciente qu'Azathoth était parfois agité.
" Oui, Marylou, ma chérie. Très heureux. N'est-elle pas tellement jolie ?"
Peu à peu, leur petite famille s'agrandit. Leurs autres enfants se marièrent et eurent à leur tour des papotes, Margot rencontra un homme qui aimait la petite Kendalle autant qu'elle et l'épousa. Elle eut deux autres bébés. Il y avait aussi des cousins, des nièces et des neveux, des oncles et des tantes, et des parents plus éloignés du côté de Marylou, mais aucun du côté d'Aza. Il expliquait ce mystère à qui chechait à le percer en racontant qu'il était orphelin et avait été élevé dans un orphelinat. Seule Marylou connaissait la vérité, c'est-à-dire qu'il ne se souvenait de rien avant son arrivée à la kermesse du village.
***
Marylou tomba malade. Au début, elle ne se sentit pas bien un matin, alors elle et Aza consultèrent leur toubib. Son visage était sombre quand il leur donna son diagnostic.
Aza la retint sur le canapé où elle sanglota longuement, très longuement. Finalement, elle tomba et il la porta jusqu'à leur lit sur lequel il l'allongea doucement. Alors qu'il se déplaçait pour redescendre, elle lui dît d'un air endormi : "Désolée, mon amour. J'irai mieux demain matin."
Le lendemain, les médicaments du médecin avaient fait leur effet et elle allait beaucoup mieux. Aza dût repousser ce qu'il savait être un espoir voué à l'échec. Plusieurs de leurs amis et relations passèrent la voir, mais bientôt Marylou se fatigua. Aza était terrifié à l'idée que la tension lui fasse du mal, alors Margot intervint et les renvoya dans leur chambre.
Aza aida Marylou à monter les escaliers et à grimper dans le lit.
" Je t'aime, Marylou," murmura-t-il.
- Je sais. Je t'aime aussi. Ne sois pas triste, mon chéri. Nous avons eu une belle vie. Nous avons eu des enfants et des petits-enfants merveilleux. N'est-ce pas ?
- Oui ma chérie. Oui. Je ne suis pas sûr de pouvoir continuer sans toi !
- Tu le peux. Tu y arriveras. Tu n'as pas le choix, mon amour."
Aza regarda sa femme et revit la jeune fille aux pommes d'amour. Il lui caressa les cheveux tandis qu'elle s'endormait et il s'allongea à côté d'elle. Il était aussi fatigué qu'elle et s'endormit aussi rapidement.
Marylou disparut lentement. Sa famille s'était rassemblée autour du lit où elle s'était assoupie, le masque à oxygène masquant son visage. Aza lui tenait la main, mais semblait confus et angoissé. Le reste de sa famille parlait tranquillement de tout et de rien.
Marylou se réveilla légèrement, marmonnant dans le masque. Aza le lui ôta. " Marylou, mon amour ! "
- J'ai toujours su... que tu étais spécial, Aza. J'espère que tu… as apprécié… notre vie… ensemble. J'ai eu le privilège… de te connaître. Je vais me reposer maintenant. Je te reverrai… un jour."
Ses yeux se refermèrent et elle sembla lutter pour respirer pendant quelques secondes, puis sa respiration cessa. Aza se leva et repoussa sa chaise, la tête entre les mains. Il sortit de la pièce et tituba dans le jardin. Margot apparut à ses côtés.
"Oh! Margot, je me sens si seul ! J'ai l'impression qu'elle m'a quitté, mais je sais qu'elle ne l'a pas fait !"
Aza but une potion de sommeil fournie par l'apothicaire, même s'il ne voulait pas dormir. Le matin, il se sentit creux. Il parlait constamment à Marylou, et les gens chuchotaient et hochaient la tête dans son dos. Mais au fil des jours, des mois, des années, tout ça devint un peu plus flou.
De temps en temps, il avait des flashs mentaux de royaumes étranges. Les gens du gaz, ceux de l'éther. Les gens de la mer. Les gens de la clandestinité. Des gens et des royaumes trop étranges pour être décrits. Dans tous ces flashs, Marylou était toujours là à ses côtés.
" Qu'est-ce que tout cela signifie, Marylou ? "
Elle ne faisait d'autre que de lui sourire.
***
Il revint à lui, allongé au bord de la route. Quelqu'un lui avait mis un manteau. Il essaya de s'asseoir. Quelqu'un parlait à la radio quelque part, et quelque chose sonnait régulièrement.
" S'il vous plaît, restez là pour le moment, monsieur. Détendez-vous ", déclara une voix autoritaire.
"Qu'est-ce qui se passe? il a dit.
- Je suis ambulancier, monsieur. Vous vous êtes effondré au bord de la route et quelqu'un a appelé le service d'ambulance. Restez immobile, s'il vous plaît."
Il était confus. Des choses se passaient autour de lui, ne l'affectant pas vraiment. Puis Marylou est apparue.
" Marylou ! "
Elle lui sourit. " Plus pour bien longtemps maintenant, mon amour. "
Puis elle était partie.
Sa fille Marguerire arriva à l'hôpital.
" Margot ! Qu'est-ce qu'y se passe ? Pourquoi que je suis ici?
- Chut, papa. Tu t'es effondré. Ils pensent que tu as fait une crise cardiaque.
***
"J'ai vu ta maman."
Margot prit un air inquiet. "Mais papa…
- Oui je sais. Elle est morte depuis des années. Mais elle est toujours proche de mes pensées. Je la vois parfois une seconde, du coin de l'œil. Quand quelqu'un marche comme elle."
Il ne mentionna ce qu'elle avait dit. Plus tard dans la nuit, il eut une autre crise cardiaque et les médecins ne purent le sauver.
"Je t'avais dit que ce ne serait pas long", sourit Marylou.
- Oui ma chérie. Ça fait si longtemps que tu me manquais !
- Qu'en est-il de ces moments avant que tu ne t'endormes et que tu me sentais à côté de toi ? Quand une étrangère parlait ou riait comme moi ?
Ils étaient calmes, étant à nouveau heureux ensemble.
" Tu m'as rendu immortelle, Aza. En m'aimant. Eh bien, je continuerai aussi longtemps que tu le voudras, de toute façon.
- Es-tu réelle? Est-ce juste un rêve de mourant ? Oh mon amour !
- Est-ce réel?" Elle fit un geste vers le paysage étoilé scintillant, des étoiles, des naines aux super-géantes. Des nuages de gaz brillants, de petites planètes rocheuses et de grandes géantes gazeuses, et de la vie partout.
Il acquiesca. "Je dois reprendre mes recherches."
- Oui je sais. Mais je serai...
- … juste une pensée plus loin. Je sais."
Azathoth soupira " J'étais si heureux. J'ai en quelque sorte oublié ou réprimé mon envie de chercher je ne sais quoi. J'ai vieilli comme les gens le font normalement. Je pense que j'étais l'un d'entre vous. Puis tu es morte. J'ai pleuré pour toi. Je suis tombé malade, je suis mort, et puis, sans répit, je suis de nouveau avec toi. J'ai tout apprécié !
- Que se passerait-il si tu trouvais ce que tu cherchais, Aza ? Si tu savais ce que tu cherchais et que tu le trouvais enfin ? Quoi alors ?
Il regarda Marylou avec perplexité et réfléchit un instant.
" C'est là quelque chose qu'on ne m'a jamais demandé ! Pendant toutes ces années et ce qui se passe depuis des années ailleurs, on ne m'a jamais posé cette énigme, mais maintenant ça me paraît une question évidente ! Ce terrible désir serait terminé. Je n'aurais plus besoin d'être un marin sur les marées du temps et de l'espace. Je ne serais plus un chercheur. Je pourrais… Que ferais-je ? Quel serait mon but ? Ce dernier serait accompli, accompli. Je n'aurais plus aucune raison dêtre. Je pourrais en finir. Je pourrais tout arrêter.
- En termes de cet espace ou de cet Univers, tu pourrais mourir. Cette fois pour toujours.
- Je le pourrais, n'est-ce pas ? Je pourrais cesser d'exister. Toujours. Je pourrais me dissiper dans les limbes. Je pourrais me dissoudre dans l'espace et le temps ! Bonheur ! Pur bonheur !
- Nous en finirions, Aza, mon chéri Nous voudrions simplement lâcher prise. Ensemble.
- Oui. Ensemble. Suis-je destiné à voyager pour toujours, Marylou ? " demanda-t-il alors qu'ils descendaient la ruelle et tournaient au coin de la rue.
" Dans un sens, oui, peut-être.
- Et dans l'autre sens ?
- Peut-être n'es-tu que l'essence de la recherche et non une personne réelle et pourtant...
- Et pourtant… ?
- Et pourtant, je t'aime. Cela fait de toi une personne.
- Je t'aime aussi."
Ils s'embrassèrent et l'écho de leurs paroles se perdit dans la ruelle vide.
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Merci pour votre inconditionnel soutien qui me va droit au cœur
... ainsi que dans ma tirelire
ou
et à très bientôt !
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