3 oct. 2008

334. Tiens! v'là le plombier...


Ce post ne vous est pas gracieusement offert avec le soutien financier du groupe "LEROY MERLIN"

Dans l’échelle des choses chiantes et abrutissantes – à l’exception des séances chez mon enfoiré de dentiste nazi je veux dire – viennent en premier lieu tout ce qui peut être mis en relation avec la maintenance de la casbah. 
Travaux, pannes, tuyauterie, peinture, ménage, rangement, électroménager, connexions internet qui se barrent en couilles toutes les six semaines, carrelages qui se fissurent, planchers qui se déforment, radiateurs qui gèlent en hiver, fours qui s’encrassent, cheminées qui s’ensuifent, éviers bouchés, volets qui se déboîtent, portes qui grincent: une corne d’abondance de vicissitudes à vous donner l’envie de retourner vivre dans les cavernes comme la famille Pierrafeu de chez Flintstone.

Quand quelque chose va mal à la maison – sauf si vous êtes de ceux qui se régalent à arpenter pendant trois plombes les allées et venues du Roy Merlin – le premier réflexe sera toujours d’occulter le problème. 
Comme les autruches, on déploie une stratégie auto-suggestive qui demeurera effective jusqu’au jour où votre merveilleux patron que vous aurez invité à dîner vous fera savoir qu’il vient de ruiner ses pompes en croco ainsi que les bas de son pantalon en faisant un tour dans vos toilettes. Et qu’en plus de d’ça, étant allergique à l’eau merdeuse imbibée de m...., il ajoutera qu’il apprécierait l’appel urgent d’une ambulance pour aller se faire traiter ses lésions en un lieu plus romantique hygiénique.

Voici arrivé le moment tant redouté par toute personne saine d’esprit : celui d’appeler votre assureur. Les assurances sont peut-être une des plus grandes inventions du 20ème siècle (même si certaines formes d’assurance existaient en Sicile depuis l'empire romain).
Un paiement mensuel contre la possibilité apocalyptique qu’un ouragan, une horde de sangliers incontrôlable, une tornade de grêle, ou une bande d’apaches déboulant des steppes de l’Oural ne s’en vienne détruire toutes vos possessions.

Une invention purement calviniste, un délice prémonitoire parfaitement adapté aux plans millénaristes. Le fait est qu’il faille appeler un numéro de plateforme et se retrouver confronté à une machine froide comme un lac alpin qui vous propose plusieurs options.
Toutes catastrophiques. Dans mon cas, j’appuyais sur le 2 et, après une musique digne de Jarre, je me vis balourder vers une autre machine. Mais plus aimable que la première. Ce coup ci, ce fut le 3 qui me correspondit. Après quelques secondes interminables, un homme à la voix terne me prêta toute son attention.

Lorsqu’on appelle un de ces trucs, on a toujours tendance à penser que cette attention est parfaitement personnalisée, comme si votre appel était attendu depuis des lustres dans un cubicule de deux mètres carrés. 
Votre problème est toujours plus important que celui des autres et de ce fait devra être réglé en priorité absolue sur le reste des mecs autour.

Après avoir relaté mon problème, le quidam ne parait pas se troubler le moins du monde, ce qui pourrait constituer un motif offensant pour le gentil assuré que je suis, la route directe vers les raisins de ma colère. 
Il promet que demain, dès la première heure, un spécialiste sera chez moi pour voir ce qui se passe. La matinée se transforme en après midi et, logiquement, en début de soirée. Mais finalement, il arrive. Juste pour l’apéro. À ce moment là, une vague de chaleur maternelle me parcourt l’échine : Enfin quelqu’un qui va me dire ce qui se passe avec mes chiottes, mais il y a encore un écueil. 
La terminologie des équipements du foyer est cryptée pour l’assuré. Le mec se coltine une caisse à outils assez rudimentaire chargée d’un bric à brac empilé en un désordre incompréhensible pour le profane mais logique pour ce professionnel. Après plus de deux heures à genoux devant l’avarie, il sort des chiottes et me dit « Faut que je descende à mon bahut, j’ai besoin d’un autre outil »

Un autre outil ? Putain, il en a d’autres ??? Bon, le mieux, c’est de pas rechigner, parce qu’après deux heures d’attente en vain, on commence à ressentir le syndrome de Stockholm : On en arrive à tomber follement amoureux de son plombier, car quoi enfin, entre ses mains réside la fin de votre problème. 
Après trois tentatives, il arrive à colmater la fuite, non sans avoir préalablement sollicité de ma part un peu de mie de pain afin de boucher un tuyau. De la mie de pain de mie ? Ingénierie de pointe ça fait pas de doute, mais j’ai pas osé lui demander son secret professionnel. 
Ceci dit, j’ai quand même prévu une bassine au cas où que la mie de pain tiendrait pas le prochain Tsunami après mon couscous de demain ou mon couscous d'après demain. Puis, l’envie d’une bonne douche réparatrice me traversa. Je la pris sans même arriver à m' mouiller les pieds.
Sacré plombier...