Bienvenue, curieux voyageur

Avant que vous ne commenciez à rentrer dans les arcanes de mes neurones et sauf si vous êtes blindés de verre sécurit, je pense qu'il serait souhaitable de faire un petit détour préalable par le traité établissant la constitution de ce Blog. Pour ce faire, veuillez cliquer là, oui là!

9 sept. 2008

332. Art subjectif





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Ce que je ressens, lorsque je visite un musée ou une galerie d'art, pourrait être assimilé à une sensation d'inspiration jumelée à un sentiment de jalousie. Je m'émerveille à la créativité et à l'ingéniosité de certaines des pièces exposées, tellement que cet émerveillement soulève parfois en moi le désir de créer moi aussi mon oeuvre perso. Mais ça me fait aussi prendre conscience que quoi que je fasse, mon oeuvre ne sera jamais qu'une pâle tentative comparée aux travaux des plus grands maîtres. J'essaie pourtant quand même, tentant de mixer mes optimisme et pessimisme en une même soupe.


J'ai visité pas mal d'expos dans ma vie, en passant de Miro à Dali, de Max Ernst à je sais plus qui. Sans compter un certain nombre de visites virtuelles de musées via internet. Vous savez, le genre d'expos où il n'est pas rare d'entendre chuchoter "C'est de l'Art, ça ? Mon petit marmot pourrait en faire autant!". Et pour être tout à fait honnête, où je pourrais ajouter que "Moi aussi".
Mais évidemment c'est faux.

Par exemple, je suis allé visiter virtuellement le musée de Seattle car je me suis souvenu en avoir physiquement visité une partie il y a de nombreuses années du temps où je baroudais plus la terre ferme et le grand ouest américain que les océans. Et lors de ce surf empli de nostalgie, je suis tombé sur ce montage ou plutôt sur cette installation signée Eli Hansen et Oscar Tuazon et baptisée Kodiak. 
Comme cette île de l'Alaska, ses indiens et autres ours du même nom. Tous deux - les artistes je veux dire - inconnus de ma carte mémoire mais apparemment de renom pour se retrouver ainsi exposés dans un musée d'une telle réputation.
 
Dans une salle à la blancheur éclatante, un tronc d'arbre recouvert d'une grande partie de son épiderme est suspendu à mi-hauteur en travers de la pièce, comme une poutre dans l'oeil de votre voisin. Pas trop haute si bien qu'il faille sûrement se baisser un tout petit peu pour passer dessous sans se déchirer le cuir chevelu. Il y a un semblant de cage d'escalier inachevée et quelques autres petits objets comme une lucarne et une lampe tempête. Un ensemble de fragments architecturaux évoquant une cabane au fonds des bois ou un truc dans ces neiges là. 
Le carton explicatif vous balance tout un tas de baratin sur la manière dont l'ensemble de ces quelques pièces dans la salle vous transporte dans les bois alaskaïens tout en restant simultanément au coeur de la ville chère à Boeing, aux B52s et à Kurt Cobain.

Alors je me suis dit que j'avais moi aussi ma propre idée pour une future hypothétique exhibition. Ce serait dans une salle sensiblement moins grande, peut-être de la taille de la pièce où ma louve fait son repassage, peinte en blanc également et très brillamment éclairée. 
Il n'y aurait absolument rien dans la pièce à l'exception d'un petit carton blanc sur le mur du fond avec le titre de mon oeuvre. Les effluves d'un pet à l'étouffée après ingestion d'un repas de couscous Garbit protobionique seraient de temps à autres vaporisées à l'intérieur de l'écrin de mon oeuvre grâce à un système turbo-soufflant furtif de dernière génération. Le titre de mon chef d'oeuvre serait "Silencieux ... mais mortel!

L'idée m'en est venue lorsque j'en ai accidentellement lâché une dans la salle d'attente de mon dentiste la semaine dernière. J'avais bouffé un cassoulet - oui, vous pouvez porter plainte! - C'est une bonne chose que j'étais le seul à patienter pour ma séance de torture ce fameux jour. Je me suis alors dit en moi-même que qu'est ce qui pourrait être plus proche de la réalité que l'odeur d'un pet amère? 
Imaginez les gens visitant mon expo, reniflant ce pet, maugréant sur l'enfoiré qui a eu le courage, que dis-je, la témérité, de lourder si vilement dans ce lieu dédié à l'art et la méditation, puis s'approchant de mon petit carton pour en découvrir le titre.
Effet immédiat. Profond et viscéral. L'art n'est plus dans la salle mais sur le carton.Voyage spatio-temporel garanti. Vous vous retrouveriez immédiatement transportés dans la salle d'attente de mon dentiste nazi pas plus tard que la semaine dernière!
Je pourrais même faire des variations, comme par exemple "Pêcheur d'Islande" : Des effluves de poisson rance, de sueur et de sperme insufflées par intermittence...